Pierre Erwes pour BioMarine, la piste des algues

Pierre Erwes pour BioMarine, la piste des algues

Giant Kelp underwater with the sun on the surface casting light rays down

“Il y a une vraie innovation dans la mer”

Pierre Erwes de BioMarine mise tout sur l’économie bleue. Ce Franco-Canadien vante, et à raison, les richesses des océans. Et plus particulièrement les nombreuses opportunités que nous offrent les algues. Dans les domaines de la cosmétique, de la santé et du médical, de la nourriture, du bioplastique, de la réduction de la pollution, du textile et même des protections périodiques. Pierre Erwes affirme avec passion:

“Les algues ont permis la structuration du monde tel qu’il est à l’heure actuelle, l’algue est à l’origine de la vie et est indispensable à notre quotidien. Il y a un secteur à développer qui est phénoménal.”

Après un parcours déjà riche et plus de 12 ans à Vancouver, BC, Canada, Pierre Erwes revient en France. Il fonde, en 2008, BioMarine pour sensibiliser la société aux défis des biotechnologies et plus particulièrement celles d’origine marine. La reconnaissance de cette ressource est difficile. Mais des recherches sur cette matière algale émergent de plus en plus depuis cinq ans. BioMarine est le plus gros réseau de biotechnologies marines au monde avec 6000 membres actifs allant de très gros groupes industriels à de petits entrepreneurs. L’objectif est de mettre en réseau ces membres et de favoriser les échanges et les partenariats. Rien de plus vertueux que de partager ses compétences et construire ensemble.

Sea Weed First, pour une production durable

Récemment, Sea Weed First, un organisme à but non lucratif, est lancé avec le support de BioMarine pour accélérer le développement de la culture durable d’algues organiques. En effet, la plupart des algues proviennent actuellement d’Asie et ont un taux de contaminants faramineux (métaux lourds, pesticides et hormones). Pour être utilisables, elles subissent de nombreux traitements chimiques et précipitations alcooliques.

Cup faite à partir de matière d'algues

Une cup en matière algale

Pour pallier cela, Seaweed First regroupe actuellement les principaux cultivateurs organiques avec 3000 hectares de concessions de l’Alaska jusqu’à l’Australie, en passant par l’Afrique. L’objectif est d’arriver à 3 millions d’hectares et d’anticiper la demande croissante de l’industrie multisecteurs (nourriture, cosmétique, pharma, textile, bioplastique, etc.). Ces algues sont cultivées dans des fermes et gérées par les communautés locales. L’idée est d’investir sur ces fermes tenues en majorité par des femmes. Les algues sont produites localement et séchées sur place. Certains de leurs partenaires investissent maintenant dans des bioraffineries afin de transformer les algues en produits à haute valeur ajoutée et éviter de transporter des algues humides (1 tonne d’algues humides représente approximativement 70 à 150 kg d’algues sèches!). Des cultures d’algues organiques voient également le jour près de chez nous, en Bretagne par exemple.

Une table ronde riche et prometteuse

Lors de l‘intervention aux Fashion Green Days, Pierre Erwes sera accompagné par Francis Dunbar, fondateur de SoluBlue. Ils nous présenteront un polymère innovant d’origine algale pouvant servir pour du packaging alimentaire ou des polybags. L’avantage de ce polymère? Il a les mêmes qualités que le plastique d’origine fossile mais sa composition est uniquement d’origine naturelle. Il est biodégradable (vraiment!). Le polymère peut être mis dans l’eau et se dissoudre, être donné au bétail ou encore servir de compost. La compagnie Zeefier sera également présente pour nous parler des teintures et encres faites à partir d’algues.

Sachet plastique en matière d'algue

Une chemise emballée par un polybag en matière algale

Ainsi que Oreste Carnouvis qui travaille avec BioMarine dans le secteur de la mode pour développer la fibre d’algues. L’objectif est de produire assez pour que d’ici 10 ans la fibre d’algues soit disponible pour tous pour produire du tissu, des teintures, des polybags et imaginer d’autres applications qui vont permettre à l’industrie de la mode d’être plus vertueuse et moins polluante.

“Il n’y a pas de fatalité, il n’y a que des volontés. Et ces volontés il faut les faire travailler ensemble pour développer les bons produits.”

Le 2 juin 2022, vous pourrez également retrouver Annick, la présidente de Fashion Green Hub, lors de l‘événement Seaweed around the clock”. Marathon de 24h organisé par Seaweed First qui présentera toutes les applications des algues à travers le monde.

Préparez-vous à passer d’un fuseau horaire à un autre en écoutant des personnes impliquées et engagées pour cette ressource verte!

Pierre Erwes a participé à une table ronde La piste des algues le 8 avril 2022 lors des Fashion Green Days. Vous n’êtes pas pu y assister? Le replay c’est par ici!

Natacha Varez Herblot

Natacha Varez Herblot

Jeune designer, je crée un objet textile sensoriel et modulable qui accompagne des exercices de psychomotricité pour les personnes en situation de handicap.

« J’aime que mon métier invite l’Humain à se rencontrer et se comprendre »

Quels liens entre la Mode et la Biodiversité?

Quels liens entre la Mode et la Biodiversité?

La Biodiversité est en grand danger et les causes en sont l’activité humaine.

Depuis la révolution industrielle et l’utilisation des énergies fossiles, l’homme a utilisé les ressources sans réfléchir aux conséquences.

Cette perte de biodiversité est un risque systémique énorme pour toute l’économie mondiale.

« Notre économie mondiale dépend à 40% de la biodiversité dont 60% est directement menacé. Nous avons beaucoup de retard dans la prise de conscience d’un phénomène gravissime dont les effets vont être ressentis plus vite que ceux du réchauffement climatique.« 

Antoine Cardi

Directeur Recherche et Innovation , CDC Biodiversité

Varation de l'index de population à 1970 selon les espèces

Variation de l’index de population par rapport à 1970 (espèces marines, terrestres et d’eau douce).

Le textile à sa part dans cette atteinte à la biodiversité.

Il est intimement lié à l’utilisation de plantes, de peaux et donc à nos modes l’agriculture et à l’élevage.

Notre consommation effrénée de vêtements a donc un impact direct sur l’état des sols, des rivières, de l’air et sur la santé des humains.

Les pratiques intensives abîment les sols et entraînent une maltraitance animale.

Nos excès deviennent insoutenables et dangereux pour notre survie. Déjà 5 millions de personnes meurent de la pollution chaque année. Nous devrons revoir nos ressources et leur quantité utilisée.

Les fibres les plus utilisées sont le coton grand consommateur de pesticides dangereux pour les humains et d’irrigation et le polyester fibre fossile extrêmement polluante à produire et peu recyclable, qui empoisonne également l’eau et les animaux marins, sans doute également nous qui mangeons du poisson. 

Le textile utilise énormément d’eau à tous les stades y compris celui de nos lavages en machine.

Or l’eau est un bien rare. L’eau douce représente moins de 2,5% de la totalité de l’eau sur terre, dont moins d’1 % est sous forme liquide et peut donc être utilisé par l’homme.

La pollution chimique empoisonne les rivières et rend l’eau dangereuse, et tue les espèces qui y vivent. Cette pollution chimique c’est aussi bien les engrais pour intensifier les rendements agricoles que les teintures et apprêts toxiques déversés dans la nature. Ces polluants déciment les populations d’insectes essentiels dans la chaîne alimentaire et la pollinisation. 70% des insectes volants ont disparu en 30 ans.

La liste rouge des espèces menacées en France

Liste rouge des espèces menacées en France selon UICN.

De plus en plus de pays sont en stress hydrique: les forêts meurent, des espèces ne trouvent plus un milieu de vie vital et disparaissent.

Stress hybride, projections en 2040

Stress hybride, projections en 2040 selon World Resources Institute.

La production utilise des intrants fossiles: charbon en Chine et en Inde principaux producteurs, pétrole et gaz très polluants à extraire également. Le CO2 émis par les énergies fossiles entraîne l’accélération du réchauffement climatique.

Toute la chaîne d’agriculture et d’élevage doit donc être très rapidement revue. Les marques ne peuvent plus ignorer ce qui se passe tout en amont de leurs vêtements.

Les sols s’épuisent, et la question de leur usage se pose : faut-il des forêts qui absorbent du C02 des cultures intensives pour nourrir bétail et humains, ou des champs de coton?

La déforestation continue: on suit la demande de porc chinois qui fait déforester l’Amazonie pour produire des céréales pour l’élevage. La demande de bois est également croissante, or un arbre est adulte vers 120 ans… Les forêts se réduisent.

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Carte du monde – variation de la surface forestière (en km2) selon Atlasocio.com.

Tout le système agricole est à changer et notre alimentation également: moins de viande c’est moins de pression pour cultiver de la nourriture pour le bétail et plus de possibilités d’autres cultures qui régénèrent les sols.

Les objectifs:

  1. RÉDUIRE notre surconsommation et surproduction de beaucoup. Les marques devront vendre beaucoup moins de produits neufs, des produits plus solides et durables remplacés moins fréquemment. Donc, c’est à dire davantage de produits recyclés et recyclables, et ou davantage de services. Le business modèle de chaque marque ou enseigne est à repenser en termes d’impact sur les biens communs que sont l’air, l’eau, les forêts, les sols, les océans.
  2. RÉUTILISER ce qui existe déjà.
  3. RECYCLER des ressources existantes pour en faire des fibres ou des matériaux: déchets d’agriculture.
  4. RECYCLABILITÉ de ce que nous produisons. Seuls 1% des vêtements sont actuellement recyclés, n’acceptons plus qu’ils finissent en décharges polluantes dans d’autres pays.
  5. INNOVER: améliorer et massifier la transformation des vêtements en fibres naturelles en fils. Innover c’est aussi transformer des plantes qui poussent sans irrigation. Tout cela, sans chimie et sans épuiser les sols en fibres, teindre autrement…

Un chantier immense nous attend, soyons en les architectes et bâtisseurs actifs en nous mobilisant en collectifs pour partager et faire plus vite. Le climat n’attend pas!

 

Les sources:

Novethic.fr – disparition de la biodiversité : un risque systémique pour l’économie encore peu évalué.

Reporterre.net – En France la disparition de la biodiversité s’accélère.

Novethic.fr – Infographie derrière les soldes le coût environnemental et social des vêtements.

Annick Jehanne

Annick Jehanne

Présidente Fashion Green Hub

Le coton: quelle est sa problématique?

Le coton: quelle est sa problématique?

Fleur de coton

C’est la fibre naturelle la plus utilisée dans le monde, et la deuxième fibre la plus utilisée dans le secteur du textile. Le Comité Consultatif International sur le Coton (ICAC) estime à 24,1 millions de tonnes la production mondiale du coton en 2020/2021 contre 40 millions de tonnes pour le polyester selon le Global Industry Analysts.

Aujourd’hui le marché du coton est confronté à des enjeux majeurs tant sur le plan environnemental que social.

Egreneur sac coton

Explications avec Grégoire Jacob, Member Manager au sein de la Fondation Earthworm. Earthworm est une organisation internationale à but non lucratif qui accompagne les entreprises dans la responsabilisation de chaînes d’approvisionnement. 

 

Un enjeu environnemental: l’eau, les pesticides et les OGM

L’impact du coton sur l’environnement est de différents ordres. Tout d’abord, la plante du coton nécessite une importante consommation en eau à certains stades spécifiques de sa croissance. Selon l’association Water Footprint Network, l’empreinte eau moyenne de la fabrication de coton est de 10000 litres par kilogramme. Selon l’origine, cela peut aller de 2500 litres à plus de 18000 litres!

Ensuite, il y a énormément d’enjeux autour des pesticides. La monoculture a tendance à se généraliser, ce qui a favorisé la propagation des ravageurs. On est en train de perdre les repères de la nature pour lutter contre ces nuisibles. Et ce d’autant plus que les OGM n’ont pas permis de limiter leurs dégâts comme initialement. Aujourd’hui environ 92% du coton est génétiquement modifié. Résultat, alors que les surfaces de coton ne représentent que 2% de la surface mondiale agricole, elles concentrent jusqu’à 25% de la consommation de pesticides.

Quid du coton bio?

Lorsqu’il n’est pas OGM, le coton peut être cultivé soit avec des semences traditionnelles soit des semences bio. S’il est souhaitable d’encourager le développement du coton bio, celui-ci représente à ce jour une part infime de la production (moins de 1%).

C’est encore difficile de garantir sa traçabilité. Tout au long de la chaîne logistique, depuis la récolte dans les champs de coton jusqu’au point de vente, il faut veiller à ce que le coton bio ne soit pas mélangé avec du coton issu de la culture conventionnelle. Cela contraint chaque maillon de la chaîne d’approvisionnement à traiter de façon différenciée les deux types de plantes.

De manière schématique, voici le parcours.  Au début de la chaîne, il y a le champ de coton. Le fermier amène sa récolte à l’égreneur dont le rôle consiste à enlever les graines pour ne garder que les fibres blanches. Une fois cette séparation effectuée, l’égreneur va créer des balles de coton – sorte de bloc de coton d’environ 200 kg chacune- qu’il va envoyer à un filateur. Ce dernier transforme la matière brute en fil. Ensuite, le fil est envoyé dans une teinturerie, puis une usine de tricot ou de tissage. Enfin une usine d’assemblage, qui se charge de la découpe, la couture, d’ennoblissement ou bien encore des étiquettes. La marchandise est enfin livrée dans des entrepôts avant d’être proposée au consommateur.

La chaîne d’approvisionnement est donc très longue, ce qui entraîne potentiellement une opacité et une perte d’information.

 

Un enjeu social des conditions de travail jusqu’au travail forcé

L’autre enjeu majeur du coton est d’ordre social. Des deux façons de récolter le coton, en manuel ou en mécanique. Bien évidemment la première qui soulève de fortes problématiques sociales. En mécanique ce sont des machines qui passent à travers les champs et récupèrent les différentes fibres. Bien qu’intéressante d’un point de vue social, cette approche a néanmoins un impact sur les sols (tassement de la terre à cause des machines et utilisation d’exfoliants avant la récolte).

Mais en manuel ce sont des gens pliés en deux qui récupèrent les balles de coton et les mettent dans de grands sacs. Pour en avoir fait rapidement l’expérience sur le terrain, il s’agit d’un travail très physique et éprouvant réalisé sous de fortes chaleurs. L’enjeu social implique parfois du travail de jeunes adultes et du travail forcé. Ces problématiques varient selon le pays d’origine du coton.

L’Inde et la Chine fournissent 50% de la production mondiale de coton. Le reste provient principalement des États-Unis, Brésil, puis Pakistan, Turquie, Australie, Ouzbékistan, Afrique subsaharienne, Grèce, Pérou, Égypte… Chaque destination dispose de ses propres spécificités tant sur l’aspect social qu’environnemental.

En Chine, la majorité du coton provient du Xinjiang, une région qui a été fortement décriée. C’est une province où vit une minorité ouïghour martyrisée par le régime chinois. Il y a des camps de redressement, de rééducation, de stérilisations des femmes, on sépare les parents des enfants pour qu’ils ne parlent pas la langue locale. Si vous utilisez du coton issu de cette région, qui représente 80% de la production chinoise, vous êtes liés à ces pratiques.

Les conditions de travail ne sont guère meilleures dans certaines régions d’Inde, où les pratiques sont parfois assimilables à du travail forcé. Par exemple, certains États d’Inde font appel à une main d’œuvre temporaire à qui l’on confisque leur papier d’identité le temps de leur mission. Cela porte clairement atteinte à leur liberté de circuler. Les conditions de travail sont en outre très difficiles. Le tout s’apparente à de l’esclavage moderne.

D’autres pays producteurs de coton comme les États-Unis, la Grèce et l’Australie mettent en place une politique sociale plus respectueuse des droits humains.

En Grèce -8e ou 10e producteur mondial de coton selon les années – le coton est non-OGM. Cela représente 80% de la production européenne. Mais le travail de filature est le plus souvent réalisé dans des destinations lointaines où le coût de la main d’œuvre est très bas.

Le coton est également intéressant d’un point de vue environnemental et social dans certaines zones de Turquie, d’Inde et d’Égypte.

 

Vers plus de transparence de la chaîne d’approvisionnement

Beaucoup d’entreprises ignorent d’où vient le coton qu’elles utilisent. Elles ne font pas la démarche de le savoir.

Les marques ont toutefois la possibilité de s’appuyer sur les certifications pour s’assurer des conditions de production de la matière. Certains labels comme GOTS apportent de réelles garanties. D’autres posent davantage question. C’est le cas de Better Coton Initiative (BCI) qui laisse entendre des améliorations. Mais certaines études sur le terrain démontrent qu’il n’y a pas d’impact. Or ce coton est vendu aux consommateurs comme étant responsable.

C’est difficile pour le consommateur de savoir ce que chaque label garantit précisément.

Est-ce uniquement le volet social, environnemental ou les deux?

Afin de garantir des achats écoresponsables, nous estimons qu’il est plus pertinent de faire preuve d’une transparence complète sur toute la chaîne d’approvisionnement. Pour changer les mauvaises pratiques et favoriser le coton régénératif, les marques doivent pouvoir s’assurer de l’origine de la matière utilisée. À l’heure actuelle les entreprises d’assemblage achètent leur coton de manière opportuniste dans le monde entier. Un tee-shirt peut être fabriqué à partir d’un coton en provenance d’un État d’Inde et pour la collection suivante, d’une toute autre destination. Aussi les marques ne peuvent pas garantir l’origine de la fibre de leurs produits.

C’est la raison pour laquelle nous recommandons de connaître les chaînes d’approvisionnement jusqu’aux champs puis de les stabiliser. Il appartient aux marques de prendre position sur le coton qu’elles utilisent. Acceptent-elles d’utiliser le coton chinois issu du travail forcé ou non? C’est une question complexe, car, comme on l’a vu, la chaîne d’approvisionnement est très longue. Tout a été délocalisé et c’est difficile de maîtriser ce qu’il se passe dans des destinations lointaines.

Les marques ont néanmoins la possibilité de travailler de manière partenariale avec des filatures, des teintureries, des égreneurs, des agriculteurs et pas seulement l’entreprise d’assemblage.

Il faut que les marques mettent les mains dans le moteur pour s’assurer que la matière de leurs produits corresponde à leurs attentes. C’est la seule manière d’apporter des garanties au consommateur qui souhaite faire des achats écoresponsables.

Grégoire Jacob a participé à la table ronde Le coton va-t-il disparaître? lors des Fashion Green Days « Mode & Vivant » du 7 avril 2022. Inscription au replay ici.

Valérie Quélier

Valérie Quélier

Consultante en communication (graphisme et rédaction), fondatrice de la marque KelVal – Pour en savoir plus : www.kelval.com.

Fashion Green Business saison 2: les apprenantes se livrent… #1

Fashion Green Business saison 2: les apprenantes se livrent… #1

Episode 1 – Empowerment?

Drôles de dames de la formation Fashion Green Business, Marie, Amélie et Sylvie sourient. Les femmes sont leur moteur. Elles dessinent le futur avec leur pouvoir d’agir, créatrices ou consommatrices, toutes actrices de la mode de demain, celle qui préserve la terre et embellit les humains. 

Tous les chemins mènent à la mode durable…

Amélie Delfairiere Madame M

Amélie Delfairiere à Lille, était chef de projet RH.

«J’ai commencé à coudre pour mes enfants et pour moi. Puis, j’ai voulu avoir un impact positif sur la consommation de la mode. Je propose une alternative chic et éthique. J’ai créé Madame Ma & Ry pour laisser tomber la fast fashion et les matières synthétiques, pour remettre de la douceur dans son dressing en valorisant les matières naturelles avec des blouses à la fois douces pour les femmes et douces pour la planète.» 

En savoir plus: www.madamemary.fr.

Marie Farmery, à Arras, était styliste depuis plus de 10 ans dans une enseigne de prêt-à-porter.

«À la suite de mon licenciement économique, j’ai décidé de me lancer dans un projet entrepreneurial que je mâturais depuis un certain temps. J’avais envie d’une mode plus éthique. Mon projet, c’est la création d’une marque de blouses développées dans un style bohème. Des blouses fabriquées en France en  privilégiant les matières naturelles ou issues de stocks dormants. Je souhaite apporter de la féminité, du romantisme et surtout de la poésie, en ces temps moroses, dans le quotidien des femmes. Du blanc, des dentelles, des fronces, des manches bouffantes, des blouses que l’on peut associer à tout type de vêtements pour un style actuel

Marie Farmery Porteuse de projet Fashion Green Business
Sylvie Bourgougnon, porteuse de projet Fashion Green Business

Sylvie Bourgougnon, à Saint-Etienne, a un parcours de communicante dans les collectivités territoriales.

«Mon grand-père m’a initié au patrimoine industriel, ma mère à l’art créatif de la récup et au goût des tissus. En arrivant dans la Loire, j’ai découvert un territoire riche de savoir-faire textiles. Lors de visites d’usines, j’ai vu de belles chutes de tissus échouer dans des bacs et j’ai eu l’envie de leur donner une seconde vie. Alors j’ai pris des cours de couture et stylisme pour passer à l’action. Je crée la marque et le concept Griffe de Louves. Mon but: révéler la puissance créative et joyeuse des femmes aux cheveux grisonnants. Je leur propose de réveiller des tissus vintages pour s’habiller en kimonos écolos. Je les invite aussi à vivre ensemble une expérience inédite et ludique. Liberté, créativité, sororité!»

Leur univers 

Pour Amélie, ce sont 3 mots clés qui se font écho: douceur, féminité, raffinement.

Ce sont les héroïnes du temps passé qui inspirent Marie. «J’aime feuilleter l’histoire de la mode, j’aime le style Isabel Marant et Chloé.»

Pour Sylvie, «c’est l’imaginaire de la femme louve ! J’aime aussi les délires de Marine Serre et quand la danse s’invite dans l’été de Franck Sorbier».

Leur atout cœur

Amélie: «Je m’adresse à la femme affranchie, fière de pouvoir avoir un impact sur le monde au travers de la mode. Elle s’inspire des tendances mais veut s’extraire des diktats, et je lui propose de se sentir unique et chouchoutée dans des blouses en double gaze de coton bio que je réalise entièrement dans mon atelier, en pensant à elle.»

Marie: «Apporter de la poésie dans le quotidien, un monde un peu rêvé, avec de la délicatesse, la nostalgie des belles choses, retrouver le sentiment de quelque chose de précieux que l’on va conserver et transmettre comme les trousseaux des grands-mères.»

Sylvie: «Proposer plus qu’un vêtement: une expérience de créativité collective pour tisser des liens forts. Créer une empreinte positive et porter le message en s’amusant, avec défilés, danse, podcast, ateliers, performances…»

 

Mesdames rêvent…

Mon rêve c’est d’amener les consommateurs à consommer moins et mieux, faire prendre conscience aux femmes de leur pouvoir de changer les choses. Je souhaite à chaque personne de ressentir, une fois au moins, la fierté de réaliser soi-même un vêtement. Et ainsi de prendre conscience de sa valeur.»

Amélie.

«Mon rêve, c’est de pouvoir vivre de mon projet dans quelque temps ; je sais qu’il y a beaucoup de travail et de détermination. Je rêve aussi d’un monde plus équitable entre hommes et femmes dans la vie personnelle et professionnelle. La charge mentale des femmes qui ont des enfants et qui entreprennent est importante. J’ai envie de «slow», je ne veux pas enchaîner les collections, avoir 500 modèles à produire à la va vite mais, au contraire, prendre le temps de choisir les matières, une jolie confection et peu de modèles. Je veux être fière de ce que je propose.»

Marie.

Marie Farmery Porteuse de projet Fashion Green Business Blouse

Blouse de la porteuse de projet Marie Farmery dans le cadre de la formation de mode durable Fashion Green Business.

Kimono vintage Griffe de Louves Sylvie Bourgougnon

Kimono vintage de la marque Griffe de Louves portée par Sylvie Bourgougnon.

«Je rêve d’une vie où l’on prend le temps de savourer, de faire ensemble, de fabriquer avec conscience, de vendre ou d’acheter sans pression. Mon souhait est d’avoir un monde où l’on ne parlera plus de mode durable, d’égalité homme-femme, d’économie circulaire, de slow fashion car toutes ces évidences seront l’ADN de ce monde: les femmes, les hommes et la planète vivront en harmonie! Je rêve aussi de moments fous où des kimonos magiques nous inviterons, nous les femmes aux cheveux grisonnants, à fêter les couleurs, à danser la sororité, à chanter la liberté à l’orée d’une forêt au clair de lune !!!»

Sylvie.

Un message à transmettre ou une émotion?

«Ensemble, créons-nous un vestiaire rempli de douceur pour laisser un monde meilleur!» Amélie.

 «Apporter poésie et rêve, la confiance en soi passe par le vêtement.» Marie.

«À tout âge, les femmes ont le pouvoir d’agir pour elles, l’avenir de leurs enfants, petits enfants, la mode durable est leur terrain de jeu.» Sylvie.

Alors, ce cursus Fashion Green Business?

Amélie: «C’est une ouverture sur le champ des possibles. Nous avons le choix et le pouvoir de changer les choses. Il existe de vraies alternatives pour fabriquer, upcycler, recycler… Ce cursus m’a obligé à penser plus global et à prendre le temps de poser une vraie stratégie de marque.»

Marie : «Ayant repris un poste, je suis les cours en replay et les intervenants sont accessibles pour répondre à mes questions. Dans notre équipe de filles, c’est la bienveillance et un intérêt pour les projets de chacun.»

Sylvie: «Un cursus dense et puissant, des professionnels pointus et exigeants qui nous ouvrent les yeux avec bienveillance, de belles rencontres féminines. J’ai énormément appris, mon projet a beaucoup évolué et je me sens prête à le concrétiser.»

Amélie Delfairiere Madame Ma & Ry Porteuse de projet Fashion Green Business Blouse

Produit de la porteuse de projet Amélie Delfairiere dans le cadre du cursus Fashion Green Business.

Retrouvez l’épisode 2 des apprenantes se livrent ici.

Sylvie Bourgougnon

Sylvie Bourgougnon

Créatrice de Griffe de Louves, une marque et un concept pour les femmes aux cheveux grisonnants. Le but : créer ensemble des kimonos écolos, vivre une expérience inédite et joyeuse pour se révéler et changer le monde. Liberté, créativité, sororité!

La recherche de la naturalité au travers des colorants naturels multifonctionnels

La recherche de la naturalité au travers des colorants naturels multifonctionnels

colorants naturels textiles

Diplômée Ingénieure Textile à l‘ENSAIT de Roubaix, Usha Massika Behary est aussi titulaire d’un Doctorat de Chimie Organique et Macromoléculaire. Maître de conférences à l’ENSAIT (École nationale supérieure des arts et industries textiles) et membre du laboratoire GEMTEX (Génie des Matériaux Textiles), elle dirige depuis 2013 la recherche « Éco et Biotechnologies pour fonctionnaliser le textile et application au contact du vivant ». Elle parlera des colorants naturels.

Ses recherches portent sur des colorants naturels multifonctionnels. Ceux sont des colorants qui peuvent avoir plusieurs actions: coloration, action anti-bactérienne, action antifongique, traitement médical, protection UV, photoluminescence.

Ses travaux se concentrent sur la biofonctionnalisation du textile avec des molécules du vivant. La fonctionnalisation d’un textile, c’est l’action de rendre fonctionnel ce textile.

Textile végétal

La biofonctionnalisation, l’apport de fonctionnalités par des moyens naturels, peut intervenir à plusieurs stades du cycle de vie du textile:

  • Avant la teinture du textile: En préparant le textile, via l’élimination de molécules qui gênent la teinture par exemple.
  • Lors de l’utilisation du textile: en plus de la coloration, en apportant une protection UV ou une protection anti-feu, en rendant le textile antibactérien ou antifongique, etc.
  • Lors de la gestion de la fin de vie du textile: les biotechnologies peuvent permettre d’enlever certaines molécules afin de faciliter sa décomposition.

L’utilisation de ces molécules naturelles présente de nombreux avantages:

  • Leur caractère naturel les rend biodégradables.
  • Certaines d’entre elles peuvent être utilisées à température ambiante.
  • D’autres peuvent agir sans eau.
  • Malgré les idées reçues, certains colorants naturels sont durables et très efficaces en utilisant un process adapté.
Pot de turmeric

Tous les produits naturels ne sont cependant pas sans danger. L’utilisation du fer ou de l’alun comme mordants (pour augmenter la résistance de la teinture) doit être limitée. En effet, ils peuvent être nocifs en fonction des quantités.

Les premières recherches menées par Usha avaient un objectif thérapeutique. Elle a notamment étudié la curcumine pour ses propriétés antibactériennes et de photoluminescence. La curcumine est aussi étudiée pour ses propriétés antifongiques et dans le cadre de traitement contre le cancer.

Depuis, ses périmètres d’action ont évolué. Jusqu’à peu limitée à des pratiques artisanales, la teinture naturelle intéresse désormais d’autres industries.

Par exemple, l’industrie cosmétique qui investit dans ses sujets et aussi l’industrie de la mode, qui vit une prise de conscience et de profondes mutations depuis la crise du COVID notamment et réfléchit à des solutions durables et naturelles.

Lors des Fashion Green Days « Mode et vivant », Usha a évoqué ces sujets et présentera ce monde qu’elle qualifie de « fantastique ».
Inscriptions pour assister au replay de l’événement c’est ici.

Clothilde Gaumy

Clothilde Gaumy

Je mets en place des initiatives pour aider un maximum de personnes à passer à un mode de vie respectueux du vivant. Dans cet objectif, je suis en train de créer une marque de chaussures naturelles et respectueuses du vivant.