Lecture d’été: «L’entreprise hyper locale: Réinventer les modèles économiques à partir des territoires» par Boris Chavanel, Arnaud Florentin, Elisabeth Laville et Annabelle Richard

Lecture d’été: «L’entreprise hyper locale: Réinventer les modèles économiques à partir des territoires» par Boris Chavanel, Arnaud Florentin, Elisabeth Laville et Annabelle Richard

Depuis la naissance de FASHION GREEN HUB en 2015, nous croyons à des communautés locales d’humains soudés dans des projets pour changer la Mode.

Même si Paris est un centre mondial de création tournée vers le Luxe, les compétences nécessaires pour faire la Mode demain sont en région : Eco Design, Recyclage, Réparation, Économie de matières et d’énergies, transformation des usines, nouvel artisanat, filières de fibres (laine, lin, chanvre), biomatériaux (algues, bois, déchets agro-alimentaires, bactéries)

Ce livre est intéressant à plusieurs titres :

-Il présente de nombreux exemples mondiaux de réussites locales (et qui veulent rester)

J’y ai découvert l’entreprise Zingerman’s qui exerce ses activités dans une seule ville d’Ann Harbor/Michigan.

-Il décrit les composantes de réussite et les différentes stratégies possibles

-Il schématise le/les business modèles et les composantes à associer :

« Le local n’est pas seulement une question de proximité géographique, mais aussi de relations économiques et sociales, d’ancrage dans un territoire, de valorisation des ressources » et j’ajouterais de choix et incitations des politique publiques.

La dimension du « local « évoquée dépasse le cocorico bleublancrouge « euxcontrenous » elle est créative et non défensive.

Le local est ouvert, il pollinise avec d’autres régions et territoires pour échanger des pratiques.

Il permet de « retomber sur terre » via des activités utiles et qui sont naturellement frugales fonctionnant à partir des ressources locales.

Les entreprises hyper locales sont souvent plus résilientes, parfaitement adaptées aux marchés proches et ne dépendant pas de chaines logistiques a risque.

On y voit de nombreuses opportunités pour les TPE alliées naturelles de la transformation écologique car plus apte à travailler en clusters.

Le local peut également être très innovant, ce n’est en aucun cas un retour en arrière mais un creuset d’inventions « lowtech ».

Ses contributeurs enfin sont sérieusement engagés comme Elisabeth Laville, créatrice il y a 30 ans du premier cabinet RSE en France : Utopies qui ont produit de nombreux rapports comme :

« L’Economie locale, un nouveau levier pour l’action climatique » Juin 2023 par Arthur Vertu, Annabelle Richard, Boris Chavanel, Boris Chabanel et Annabelle Richard accompagnent les acteurs territoriaux.

Arnaud Florentin accompagne les territoires et entreprises dans leurs stratégie de développement local.

Slow is beautiful, et Slow is business!

Bonne lecture !

Vous pouvez acheter ce livre directement chez l’éditeur Pearson ou le commander via votre librairie préférée

Vous pouvez également lire l’avis de Bertrand Jouvenot ICI

 

 

Annick Jehanne

Annick Jehanne

Présidente Fashion Green Hub France et Vice Présidente ANTL

Lecture d’été: «L’entreprise hyper locale: Réinventer les modèles économiques à partir des territoires» par Boris Chavanel, Arnaud Florentin, Elisabeth Laville et Annabelle Richard

Lecture d’été: «L’entreprise hyper locale: Réinventer les modèles économiques à partir des territoires» par Boris Chavanel, Arnaud Florentin, Elisabeth Laville et Annabelle Richard

Depuis la naissance de FASHION GREEN HUB en 2015, nous croyons à des communautés locales d’humains soudés dans des projets pour changer la Mode.

Même si Paris est un centre mondial de création tournée vers le Luxe, les compétences nécessaires pour faire la Mode demain sont en région : Eco Design, Recyclage, Réparation, Économie de matières et d’énergies, transformation des usines, nouvel artisanat, filières de fibres (laine, lin, chanvre), biomatériaux (algues, bois, déchets agro-alimentaires, bactéries)

Ce livre est intéressant à plusieurs titres :

-Il présente de nombreux exemples mondiaux de réussites locales (et qui veulent compétitifs). J’y ai découvert l’entreprise Zingerman’s qui exerce ses activités dans une seule ville d’Ann Harbor/Michigan.

-Il décrit les composantes de réussite et les différentes stratégies possibles

-Il schématise le/les business modèles et les composantes à associer :

« Le local n’est pas seulement une question de proximité géographique, mais aussi de relations économiques et sociales, d’ancrage dans un territoire, de valorisation des ressources » et j’ajouterais de choix et incitations des politique publiques.

La dimension du « local « évoquée dépasse le cocorico bleublancrouge « euxcontrenous » elle est créative et non défensive.

Le local est ouvert, il pollinise avec d’autres régions et territoires pour échanger des pratiques.

Il permet de « retomber sur terre » via des activités utiles et qui sont naturellement frugales fonctionnant à partir des ressources locales.

Les entreprises hyper locales sont souvent plus résilientes, parfaitement adaptées aux marchés proches et ne dépendant pas de chaines logistiques a risque.

On y voit de nombreuses opportunités pour les TPE alliées naturelles de la transformation écologique car plus apte à travailler en clusters.

Le local peut également être très innovant, ce n’est en aucun cas un retour en arrière mais un creuset d’inventions « lowtech ».

Ses contributeurs enfin sont sérieusement engagés comme Elisabeth Laville, créatrice il y a 30 ans du premier cabinet RSE en France : Utopies, entreprise qui a produit de nombreux rapports comme :

« L’Economie locale, un nouveau levier pour l’action climatique » Juin 2023 par Arthur Vertu, Annabelle Richard, Boris Chavanel, Boris Chabanel et Annabelle Richard accompagnent les acteurs territoriaux.

Arnaud Florentin accompagne les territoires et entreprises dans leurs stratégie de développement local.

Slow is beautiful, et Slow is business!

Bonne lecture !

Vous pouvez acheter ce livre directement chez l’éditeur Pearson ou le commander via votre librairie préférée

Vous pouvez également lire l’avis de Bertrand Jouvenot ICI

 

 

Annick Jehanne

Annick Jehanne

Présidente Fashion Green Hub France et Vice Présidente ANTL

« Les aventures d’un tee-shirt pendant les Jeux Olympiques PARIS 2024 » 

« Les aventures d’un tee-shirt pendant les Jeux Olympiques PARIS 2024 » 

Portrait d’un startupper qui court qui court : Valentin Denieul pour KOMOREBI

Jeux Olympiques de Paris obligent, notre coup de cœur s’est porté sur un jeune startupper pressé : Valentin Denieul , créateur de la marque KOMOREBI , la marque des «  Tee-shirts avec un drapeau » comme lui-même l’appelle, avec une simplicité désarmante ! 

Tee-shirts… Drapeaux… Jeux Olympiques : vous devinez ? Oui, nous pourrons découvrir l’équipe olympique du Népal habillée par ses soins le 26 juillet, lors de la cérémonie d’ouverture ! Pourtant il n’y assistera pas, bien trop occupé pour ça, entre installation de pop up stores, couture de … drapeaux sur tee-shirts et lancement de nouvelles lignes … Les JO sont presque du passé pour lui déjà : Valentin court beaucoup et vite. Parce qu’aujourd’hui pour se lancer dans le textile et surtout la création de tee-shirts, il faut savoir oser, savoir faire et faire savoir ! Et vite !

A 28 ans, Valentin est diplômé d’une école de commerce et a rencontré le textile … comme vendeur, chez Hermès, pendant ses études, puis comme analyste financier pour LVMH, dans de luxueux buildings climatisés à Honk Kong. Pourtant, début 2023, il lâche tout pour se lancer dans l’aventure de la création et reprendre KOMOREBI, en y « mettant les deux mains » ! Et je découvrirai à quel point, quand je visiterai son point de vente éphémère !

Alors notre entretien s’est déroulé à son image : énergique et virevoltant.

C’est à l’Institut Français de la Mode, à Paris, que notre rendez-vous est convenu.  Valentin y  est en résidence pendant un an au sein de l’Incubateur, dédié aux entrepreneurs en herbe. Finalement non : un pop up store est à installer d’urgence, dans le 17ème arrondissement de Paris, rue des Batignolles, alors l’interview devra se faire en visio car le temps presse.

 Je réussis à attraper Valentin sur le trottoir devant la boutique en cours d’installation, bourdonnante.
 Des valises recouvertes de stickers de voyage annoncent l’intention en décor : ces tee-shirts sont destinés à tous les citoyens voyageurs du monde, c’est clair, et à ceux qui aiment les articles personnalisés, puisqu’ils seront cousus sur place avec le drapeau choisi, sur leur cœur, c’est important.

Pourquoi quitter le confort et le luxe pour se lancer dans la commercialisation de l’article le plus concurrentiel du monde ?    

« Cette aventure c’est presque un rêve d’enfant qui voit le jour : avec mes parents, j’ai eu la chance de beaucoup voyager “sac à dos” et j’ai continué de le faire, très curieux des pays, de leurs habitants, leurs traditions…leurs drapeaux ! Car oui, enfant déjà j’étais fasciné par les drapeaux ! Mais en fait l’idée est née lors d’un échange académique en Inde, à Bombay. Eté 2015 : nous visitons avec un camarade d’études, un champ de coton à Tiruppur (Sud-Est de l’Inde) et rencontrons Mr Raja, dirigeant une petite coopérative textile. Les artisans habitent tous le bidonville de Dharavi, au cœur de Mumbai, y vivent et y travaillent en harmonie : c’est le déclic ! Nous les globe-trotters, on est tombés amoureux des lieux, des gens, de leur façon de vivre et de produire un beau coton cultivé sans engrais ni pesticides : l’idée s’impose et nous restons 3 mois dans l’usine, pour apprendre leur métier et commencer à produire nos premiers tee-shirts. Pourquoi des tee-shirts ? On ne le cache pas : ils sont très simples à produire ! Pourquoi KOMOREBI ? Komorebi veut dire en japonais : « la lumière qui passe à travers les feuilles des arbres. » Moi je veux mettre en lumière les drapeaux du monde et ce qu’ils signifient pour chacun. »

« Valentin : les drapeaux arrivent, le livreur est là, on a besoin d’aide ? OK !Ok ! On peut se rappeller ? ».

 Je reprends 20 minutes plus tard…

« C’est ainsi qu’est né le storystelling de cette marque à l’esprit baroudeur, qui veut des produits éco-responsables, de qualité, qui fait porter haut les couleurs de son pays, quel qu’il soit, ou de son cœur, et sur son cœur. Elle est universaliste, apolitique, respectueuse et bienveillante. Nous avons bien sûr choisi notre fabricant à Tiruppur, capable de nous assurer qualité et constance de leur coton bio, décidé de réaliser des étiquettes brodées par des artisans locaux, et opté pour des courbes simples, intemporelles, bien taillées. En minimisant les intermédiaires, nous avons visé la qualité ET l’accessibilité, sans jamais oublier notre responsabilité sociale, en développant un partenariat avec l’école de Dharavi (financement de kits scolaires, aide à la rénovation de l’école, animations pédagogiques …) avec nos petits moyens. Nous avons utilisé ULULE pour collecter quelques fonds et rencontré un joli succès : 124% de préventes sur un objectif de 100 ! Et puis, pris par la suite de nos études et nos premiers pas professionnels, la marque a ronronné … 

Tout ça explique qu’après 4 années de tableaux Excel à Honk Kong, il est apparu qu’il me manquait l’essentiel : le terrain, l’aventure. Bref : me lancer ! Donc en Janvier 2023, je reprends la gérance de l’affaire en mains, seul, conscient que le marché du tee-shirt est certes le plus compétitif du monde mais aussi terriblement porteur et qu’il a bien changé : s’il reste un vêtement jetable pour beaucoup, il est aussi devenu plus sophistiqué, plus personnalisé et qualitatif, vrai medium de communication aussi … Exactement ma piste originale : je fonce, et me lance avec mes 40000 euros d’économies, ma famille et mon réseau d’anciens élèves d’Ecole !

« Oh ! Désolé : le représentant de l’équipe olympique népalaise m’appelle ! Je raccroche et on se rappelle ?” 

 10 minutes plus tard, on reprend …

Parlons-en : j’allais questionner le rapport entre KOMOREBI et les Jeux Olympiques de Paris ? Par quel miracle KOMOREBI habillera-t-elle l’équipe du Népal  aux JO 2024? 

« Pas un miracle mais de la chance et de l’audace ! Il faut croire à son étoile quand on lance son activité ! En voyage au Népal, me vient l’idée de contacter le Comité Olympique pour me présenter. Le seul à pouvoir me répondre en anglais en est le Secrétaire Général lui-même, intrigué, et déçu de ses fournisseurs chinois. Dès lors, les rendez-vous s’enchaînent et un partenariat pour 4 ans est signé en quelques mois avec une contrepartie évidente : la fabrication de la collection au Népal ! Bien sûr, l’équipe est petite : 6 athlètes, mais quelle émotion pour le jeune entrepreneur que je suis. Ce seront 16 produits développés, des joggings aux serviettes …avec les anneaux olympiques au niveau du cœur, accompagnés de triangles rouge carmin typiques du drapeau népalais. Mais surtout 4 ans de partenariat qui nous permettront d’accompagner le Népal aux Jeux d’Asie du Sud-Est en 2025, puis en 2026 aux Jeux Asiatiques de Nagoya, aux Youth Olympic Games à Dakar en 2026, aux Jo d’hiver en Italie … et puis aux JO de 2028 à Los Angeles. Des débouchés inestimables et des développements produits induits aussi, tournés vers l’outdoor et le sport avec une quinzaine d’articles pour la montagne, Himalaya oblige !

 

« Valentin ! On a besoin de toi en boutique : 2 clients veulent 4 tee-shirts rapidement ! ». 

Nous continuons l’entretien pendant que Valentin court coudre les drapeaux choisis, oreillette en place ! 

Bravo Valentin ! Mais côté production : quels choix stratégiques a-t-il fallu opérer pour coordonner opportunité commerciale et philosophie de marque ?

Effectivement il faut être agile en de pareilles circonstances et s’adapter vite à l’évolution sans trahir ses fondamentaux. Nous avions choisi de nous fournir en coton bio en Inde mais j’ai réalisé que l’idéal est de CESSER de surproduire et nous garantir une stabilité de l’approvisionnement. Nous sommes ainsi passés au coton recyclé à partir de fins de séries inutilisées au Népal, et au Made in France pour la confection : tricotage réalisé à Troyes, par l’Atelier Bugis, et transformation en tee-shirts à Roubaix, en 6 coloris et 6 tailles. Une partie de cette production se fera aussi dorénavant au Népal, contrat et prix obligent. Les 250 drapeaux restent brodés en Inde car les artisans y excellent ! Des thèmes nouveaux, imprimés, sont apparus en collections capsules : Fleurs du Monde, Animaux en Danger, ValeMontero … vendues dans des pop-up stores, en plus des lignes classiques vendues via notre site, dont 5% des bénéfices sont reversés à une association de défense des animaux : Goupil Connexion.

KOMOREBI reste attentive au monde qui l’entoure et le défend avec conviction ! Ainsi pour réduire notre impact au maximum, nous n’utilisons aucun emballage plastique ! Ceci n’est pas un positionnement,  aujourd’hui, c’est une nécessité. Je veux une mode responsable, dans l’air du temps et qui parle au plus grand nombre. Même si aujourd’hui, nos tee-shirts sont vendus 49 euros, mais en juste rémunération de leur qualité. Pendant les Jeux, vous pourrez les trouver en boutique éphémère sur l’Île Saint Louis, à Paris .

Valentin ! Les clients reviennent chercher leurs tee-shirts : donne leur, c’est toi qui les as personnalisés et ils veulent voir le créateur ! On reprend dans 5 minutes ?

Quelle vie trépidante Valentin ! Comment avez-vous acquis toutes ces compétences si vite ?

La commercialisation, les prix de revient, la gestion je connaissais mais c’est Fashion Green Hub qui m’a mis sur la rampe de lancement : c’est grâce à leur formation sur place, dans leur atelier parisien, que j’ai appris la confection et édité mes premiers tee-shirts ! Et les ai vendus grâce à une boutique partagée à EuraLille où ils ont plu énormément ! Mais surtout j’ai bénéficié de leurs conseils précieux et de leur carnet d’adresses immense, entouré d’une équipe 300% bienveillante et stimulante. Ensuite l’Institut Français de la Mode, où j’ai obtenu sur concours un an de résidence au sein de leur Incubateur pour jeunes créateurs. On m’y héberge et me coache sur le marketing et le développement de la marque : un atout énorme ! J’ai construit ma légitimité avec ces parrains et un modèle en tête : PATAGONIA.

Une dernière question : quels sont vos rêves pour ce soir ? Pour demain ?

Pour ce soir, c’est participer à la Fête de la Musique avec un DJ et une animation sur place ! Demain ? C’est l’ouverture d’une boutique en propre, dès que possible, peut-être au Népal, puis essaimer en Asie et …ailleurs bien sûr ! Étendre les collections puis, je l’espère, pouvoir lever des fonds pour aller plus loin ?

 “Je suis confiant : le concept KOMOREBI est universel et feelgood ! 

 Et surtout je suis heureux et fier. Très. Même si c’est physiquement et mentalement très  impliquant , l’aventure de la création d’une marque est source d’émotions himalayennes !”

J’apprendrai plus tard que Valentin et son équipe ont fermé boutique à 3hoo du matin.

Isabelle Rubichi

Isabelle Rubichi

Rédactrice indépendante

Chanvre, le choc des cultures

Chanvre, le choc des cultures

Pascale Caussat est journaliste indépendante spécialisée économie, tendances, art de vivre. Elle collabore avec de nombreux journaux et magazines comme Le Journal du Dimanche ou Stratégies. Elle écrit aussi sur le chanvre en compagnie de sa consoeur Marie Nicot et de la photographe Snezana Gerbault pour notamment Alternatives Économiques, 4 saisons et Culture Agri. Cette belle équipe a en effet réalisé de nombreux reportages sur le sujet dans toute la France. Pour cela, elles sont allées à la rencontre des producteurs et transformateurs de la filière textile mais aussi du bâtiment et de l’alimentation.

Experte et passionnée par cette plante aux multiples vertus, Pascale Caussat a animé une table ronde sur le chanvre. Retrouvez le replay ici!

Nous vous proposons grâce à l’article d’en apprendre un peu plus sur le retour en grâce du chanvre et ses défis. Le chanvre est une plante économe en eau et ne nécessitant pas d’utilisation de pesticides. Cet article est extrait de l’article Alternatives Économiques Chanvre du 05/03/2021 en lien avec Pascale Caussat et Marie Nicot.

Chanvre, le choc des cultures

Capable de croître sans pesticide, Cannabis sativa L. répond aux défis écologiques. Le bâtiment et le textile recherchent ses fibres, quand ses propriétés relaxantes et psychotropes attisent la convoitise. Chanvre industriel ou récréatif, deux mondes s’affrontent.

champ de chanvre

©Snezana Gerbault. À bas bruit, le chanvre, cultivé jadis pour ses fibres puis tombé en désuétude, reprend du service.

En quelques minutes, des flammes jaillissent des fenêtres et un immense feu embrase la façade de deux étages. Mais rien à craindre: il s’agit d’un test d’une heure mené en octobre au centre d’essai du feu à Epernon (Eure-et-Loir) sur une façade en béton de chanvre de plus de 6 mètres de haut et presque autant de large. Les résultats officialisés le 19 janvier sont encourageants: 125 capteurs prouvent que le béton de chanvre, mélange de fibres issues de cette plante de chaux et de ciment, est conforme aux règles de sécurité exigées par l’État.

La température a grimpé jusqu’à 1100 degrés, mais l’alliage a joué son rôle de protection thermique. Désormais, les architectes pourront l’utiliser pour construire des immeubles, collèges ou lycées, hauts de sept étages maximum et susceptibles d’accueillir jusqu’à 700 personnes. Une consécration pour ce biomatériau qui avait déjà gagné une première victoire dans le cadre des futurs Jeux de 2024. La Solideo, société de livraison des ouvrages olympiques, compte l’utiliser à la place de la laine de verre, afin d’isoler les bâtiments des athlètes en Seine-Saint-Denis.

 

Retour en grâce

À bas bruit, cette plante cultivée jadis pour ses fibres puis tombée en désuétude reprend du service. Jusqu’au début du XXe siècle, elle rythmait le quotidien des paysans partout dans le monde, qui cultivaient le chanvre pour s’habiller, s’éclairer, fabriquer de la toile et de la corde. Son histoire accompagne les conquêtes humaines: sans elle, pas de traversée du Mayflower en 1620, dont les cordages et les voiles étaient constitués de chanvre. Pas de Bible de Gutenberg (1455), pas de Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776), imprimées sur du solide papier de chanvre.

L’industrialisation du coton a eu raison de cette matière textile rustique. Mais il a fallu aussi l’action concertée des industriels américains du nylon, du pétrole et de la pâte à papier à base de bois pour éradiquer cette culture contraire à leurs intérêts. Leur lobbying a permis le vote du Marijuana Tax Act en 1937 qui a criminalisé le chanvre, assimilé à une drogue, interdisant tous ses autres usages. En France, la surface cultivée est passée de 170000 à 700 hectares entre 1900 et 1960.

Et pourtant, «cette plante ne se laisse pas faire. Elle est trop liée au développement de l’humanité pour disparaître», affirme Vincent Lartizien, fondateur de la marque alimentaire Les Chanvres de l’Atlantique.

La renaissance a commencé en 1973 avec la création de la Chanvrière de l’Aube, première coopérative française destinée à l’origine à l’industrie papetière, le chanvre étant d’une résistance sans pareille pour le papier à cigarettes et les billets de banque. À partir des années 1990, les agronomes ont redécouvert l’intérêt d’intégrer dans la rotation des cultures Cannabis sativa L., le nom botanique du chanvre, capable de pousser jusqu’à trois mètres de haut en quelques mois sans engrais ni pesticide et peu d’irrigation.

 

Le chanvre pousse tout seul

Dès 1993, la coopérative Interval située à Arc-lès-Gray en Haute-Saône s’est lancée dans cette culture en rotation avec le blé, valorisant sa paille dans la plasturgie. Pionnière, cette initiative s’est révélée judicieuse: «Ce végétal pousse si vite qu’il étouffe les mauvaises herbes. Il rompt le cycle des maladies et des adventices. Il n’y a pratiquement rien à faire: cela pousse tout seul», s’émerveille Gilles Chanet, responsable du site. Selon Interchanvre, fédération des producteurs et transformateurs, cette plante est capable de capter 15 tonnes de CO2 par an et par hectare.

©Snezana Gerbault. Le chanvre peut être transformé en biomatériaux pour la construction automobile, le bâtiment, l’alimentaire, le textile…

Dès le mois de juin, le paysage vallonné est moucheté de parcelles vert intense qui attirent l’œil. Inutile de prendre son sécateur pour dérober les feuilles étoilées. La coopérative s’approvisionne en semences certifiées par l’organisme Hemp-It et dont le taux de THC (molécule tétrahydrocannabinol aux propriétés psychoactives) reste inférieur à la limite légale de 0,2%.

Actuellement, la loi française interdit de récolter la fleur pour en extraire du THC comme du CBD (cannabidiol, molécule sans propriété stupéfiante) (1). Seul le décret du 9 octobre 2020 autorise l’expérimentation du cannabis auprès de 3 000 patients atteints de maladies chroniques. Celle-ci commencera le 31 mars pour une durée de deux ans.

«Au début, les gendarmes et certains petits malins se trompaient, s’amuse Gilles Chanet. Mais nous ne cultivons pas de chanvre récréatif. Les contrôles sont stricts et nombreux.»

 

En trente ans, la France est devenue le premier producteur européen avec 17 900 hectares cultivés en 2019 par 1 400 agriculteurs dans tout l’arc ouest, nord et est du territoire. La filière est organisée autour d’une petite dizaine de groupes appelés chanvrières (La Chanvrière de l’Aube, Cavac, Planète Chanvre, Eurochanvre…) qui transforment plus de 80 000 tonnes de végétal en biomatériaux pour la construction automobile (tableaux de bord, intérieurs de portes), le bâtiment, l’alimentaire, le textile… Elle compte aussi une multitude de francs-tireurs en circuit court, participant à la réhabilitation de cette plante ancestrale au niveau local.

 

Développer la filière

Si les qualités écologiques du chanvre ne sont plus à démontrer, le plus ardu reste la conquête de nouveaux marchés, indispensable pour sécuriser les revenus des agriculteurs. En 2015, après des années d’investissements en matériel, Interval a créé APM (Automative Performance Materials), une co-entreprise avec le sous-traitant automobile Faurecia chargée de valoriser les bioplastiques.

«Le grand public l’ignore, mais des tableaux de bord composés de 20% de chanvre équipent les modèles Zoe et Megane de Renault», souligne avec fierté Philippe Guichard, président d’Interval. «Actuellement plus d’un million de véhicules circulent avec des équipements en alliage de chanvre», assure Franck Barbier, président de Planète Chanvre. Plus légers, ils concourent à rendre les véhicules moins énergivores. Ces pièces sont aussi plus faciles à recycler.

Certes, la crise liée à la pandémie freine la construction automobile. Mais le chanvre profite de la volonté de «verdir» l’économie sur le long terme. Une tendance bien réelle dans le bâtiment, deuxième grand débouché des chanvrières après le secteur automobile. Depuis juillet 2019, le dispositif Eco-énergie tertiaire impose aux constructeurs la neutralité carbone d’ici 2050 pour les bâtiments de plus de 1000m².

Pour contrer le puissant lobby du béton conventionnel, le chanvre mise sur les qualités durables et non polluantes des briques et des isolants. Le plan de relance déployé par l’Etat pour soutenir l’économie française devrait également encourager l’innovation. «Nous avons obtenu un financement de 1,4 million d’euros pour travailler sur la maîtrise des odeurs des matériaux végétaux et sur la fin de vie du béton de chanvre en partenariat avec l’Ademe [l’Agence de la transition écologique NDLR]», confirme Pierre Bono, directeur du centre Fibres Recherche Développement (FRB), labellisé par l’Etat.

 

Remplacer le coton?

La filière la plus difficile à relancer est le textile. Elle demande en effet une mécanisation spécifique pour obtenir des fibres longues propices à un tissage fin. C’est pourtant celle qui aurait le plus d’impact face au coût environnemental et social du coton: jusqu’à 11000 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’un seul jean, selon l’Ademe.

Actuellement, seule la Chine est à même de fournir des quantités industrielles de chanvre textile avec le soutien actif du gouvernement (voir encadré en fin d’article). En France, la Chanvrière de l’Aube propose une solution à base de fibres courtes ou d’étoupes qui se prête aux mélanges avec du coton. On la retrouve dans des chaussettes Decathlon et des housses de coussin Ikea.

Tissu chanvre Thierry

©Snezana Gerbault. Le chanvre est beaucoup moins polluant que le coton. Une filière est en train de se reconstituer en France.

En Normandie, l’association Lin et chanvre bio travaille d’arrache-pied pour mettre au point un outil dédié aux fibres longues. Fin 2020, le premier prototype de jean en chanvre cultivé en France a vu le jour, issu de sa coopération avec le tisseur Emanuel Lang en Alsace et le confectionneur Le Gaulois près de Lyon. Seule la filature a été réalisée en Pologne dans l’usine délocalisée du Français Safilin.

«Le chanvre textile a un grand potentiel, se félicite Jean-Charles Tchakirian, fondateur du Gaulois. Face à la mondialisation qui a fait du jean un produit très polluant, tout un parcours de revalorisation du savoir-faire se met en place en France.»

Dans le Sud-Ouest, Pierre Amadieu, fondateur de la société Hemp-Act, mène ses propres expériences pilotes de fibres semi-longues avec l’ambition de proposer un jean en chanvre d’Occitanie dès cette année.

«Le chanvre textile est une matière très valorisable, à partir de 1500 euros la tonne après défibrage contre 700 euros pour le chanvre technique, affirme-t-il. On est à l’aube d’une nouvelle économie à base de matériaux fixateurs de carbone, générateurs d’emplois non délocalisables.»

 

Une législation stupéfiante

Le chanvre, un nouvel eldorado? Il attire en tout cas une génération d’entrepreneurs bien différents des pionniers des années 1990. Plus jeunes, plus citadins, ils s’intéressent au CBD, molécule aux propriétés relaxantes que l’on retrouve dans la composition de produits cosmétiques, alimentaires ou liquides pour cigarettes électroniques. Ces nouveaux chantres du chanvre se heurtent à l’écueil de l’interdiction d’exploiter la fleur en France, dont est extrait le CBD.

Alors que la France est le premier producteur européen, ces sociétés doivent s’approvisionner à l’étranger pour commercialiser cette molécule qui n’est pourtant pas classée comme stupéfiant. Une distorsion de concurrence difficile à comprendre. Les jeunes entrepreneurs se sont fédérés au sein du Syndicat des professionnels du chanvre qui mène un lobbying intense pour clarifier la réglementation

Une décision récente de la Cour de justice de l’Union européenne va dans leur sens en statuant sur l’autorisation de la commercialisation du CBD en France. Pour certains, ce jugement ouvre la voie à l’autorisation d’un CBD made in France.

À cela s’ajoute la législation de la France en matière de THC, la molécule qui caractérise le chanvre récréatif. Une mission parlementaire, dont les conclusions sont attendues pour avril, a lancé une consultation citoyenne pour prendre le pouls de l’opinion à propos du cadre actuel. Les avis s’affrontent autour d’une plante que certains considèrent injustement diabolisée, d’autres dangereuse pour la santé.

Pour ses défenseurs, la dépénalisation à l’égal de l’alcool et du tabac permettrait une plus large valorisation du chanvre dans tous ses usages et rapporterait des taxes à l’État. Ses opposants au contraire pointent les effets addictifs du THC et les risques d’escalade vers des drogues plus dures, surtout si on casse un trafic clandestin mais lucratif.

Chine, super puissance du chanvre

Si la France est le premier producteur européen de chanvre avec 17900 hectares en production en 2019, la Chine est de loin le leader mondial avec 66700 hectares, selon Interchanvre, la fédération des producteurs et transformateurs de cette plante. L’empire du Milieu se mobilise en faveur d’une alternative au coton, culture qui exige beaucoup d’eau et de pesticide. En plus du textile, la Chine concurrence l’Hexagone sur deux marchés phares: la construction et l’alimentaire. Tout le contraire des pays d’Amérique du Nord, les États-Unis et le Canada, qui misent sur le cannabis thérapeutique et récréatif, et le CBD ou cannabidiol, molécule sans propriété stupéfiante présente dans des produits alimentaires, cosmétiques… Le Colorado par exemple a dépénalisé l’usage du cannabis ce qui a favorisé l’émergence d’une économie très lucrative.

(1) Le gouvernement dans son arrêté du 30 décembre 2021 (publié au Journal Officiel le 31 décembre) autorise pour la première fois l’extraction du CBD en France et un taux de THC jusqu’à 0,3%. L’arrêté interdit en revanche la vente aux consommateurs de feuilles et de fleurs de chanvre brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, afin d’être infusées ou fumées. Le 24 janvier, le Conseil d’État a suspendu à titre provisoire cette interdiction au motif qu’il y aurait un doute sérieux sur sa légalité en raison de son caractère potentiellement disproportionné (le taux de THC < à 0,3% est validé par l’arrêté lui-même et il existe des méthodes pour vérifier la teneur en THC des fleurs et feuilles de CBD). Cette suspension est un motif d’espoir pour tout le secteur, dans l’attente de la décision au fond du Conseil d’État attendue en fin d’année.

Pascale Caussat

Pascale Caussat

Journaliste indépendante spécialisée économie, tendances, art de vivre

Elle collabore avec de nombreux journaux et magazines comme Le Journal du Dimanche, Stratégies, Alternatives Économiques, 4 saisons, Culture Agri…

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Marie

Marie Nicot

Spécialisée en agro-alimentaire, avec, au centre de mes préoccupations, l’évolution de l’agriculture vers un modèle plus durable. Le chanvre illustre parfaitement cette transition. C’est pour cette raison que la journaliste Pascale Caussat, la photographe Snezana Gerbault et elle-même mènent une enquête au long cours sur cette plante et ses usages. Marie Nicot collabore à L’Express, Le Figaro, Culture Agri, LSA… Lauréate du Grand prix du journalisme agricole de l’AFJA (Association des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation) en 2017.

Pascale Caussat

Snezana Gerbault

Auteure photographe et ingénieure agronome

Snezana Gerbault travaille pour la presse spécialisée dans les domaines du jardin, de la nature et de la gastronomie. Auteure d’une dizaine de livres, elle développe parallèlement un travail plus personnel et expose régulièrement ses photographies.

Le GIEC intensifie son appel à l’urgence

Le GIEC intensifie son appel à l’urgence

Si nos attentions sont actuellement focalisées par la montée en température de la géopolitique, conflit en Ukraine oblige, d’autres dangers de fond continuent de menacer le monde entier. Baptisé “Changements climatiques 2021: les éléments scientifiques” et approuvé par 195 États, le sixième rapport du GIEC nous le rappelle…

Une fois de plus, ce groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) mis en place par les Nations Unies en 1988, joue les Cassandre…en espérant se faire entendre.

Les deux premiers volumes ont été remis le 9 août dernier -trois mois avant la Cop 26 de Glasgow. Son sixième rapport, paru le 28 février, a beau parler de réchauffement climatique, il fait froid dans le dos.

GIEC-Volume 1: Les tendances climatiques déjà en oeuvre

Le premier volume fait un constat de l’état actuel et des tendances climatiques déjà en œuvre. Consacré aux conséquences du réchauffement de la planète (+ 1,1% depuis la période pré-industrielle 1850-1900), il l’affirme haut et fort pour la première fois : l’homme en est bel et bien responsable. “Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis 1750 sont, sans équivoque, causées par les activités humaines” affirment les experts du GIEC. Les phénomènes naturels, éruptions volcaniques et autres changements dans l’orbite de la Terre, auraient, eux, une influence proche du zéro…De quoi faire taire les climato-sceptiques?

Ce premier opus évoque trois conséquences d’ores et déjà observables, qui vont en s’accélérant dans le monde:

  • la baisse des ressources en eau et nourriture et ce plus particulièrement en Afrique, Asie et dans les petites îles.
  • la réduction de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales.
  • l’impact sur la santé mondiale, en ce qui concerne la mortalité accrue, la dégradation de la qualité de l’air. Il s’agît également de la résurgence de maladies existantes comme le Choléra et apparition de nouvelles, augmentations du stress thermique.

C’est ainsi que près de la moitié de l’humanité, soit 3,3 à 3,6 milliards de personnes, vivent déjà “dans des contextes hautement vulnérables au changement climatique”.

Et ce n’est pas fini: un dépassement, même temporaire, de 1,5 degré de réchauffement du globe (l’objectif de neutralité carbone fixé fin 2015 par l’accord de Paris) aurait des nouvelles conséquences parfois “irréversibles”. Or, si rien n’est fait, le réchauffement pourrait atteindre à la fin du siècle 2,7°C. Et si on fait pire, attendre même 5°C et plus ! Avec des effets qui seraient alors dévastateurs dès 2025.

GIEC-Volume 2: Les objectifs climatiques à long terme

Le deuxième volume du sixième rapport du GIEC et donc aussitôt évoque les objectifs à long terme en matière de climat. Et il insiste sur la nécessité d’appuyer sur l’accélérateur en termes de moyens pour lutter contre le réchauffement. Or, les engagements pris lors de la Cop 26 à Glasgow, en novembre dernier, soit le doublement des budgets consacrés à ce sujet clé, n’ont pas été respectés. Tandis qu’en France, certaines ONG dénoncent le temps réduit consacré au sujet du réchauffement climatique (moins de 3%) pendant la campagne présidentielle.

Malgré tout, il est encore possible, et urgent, d’agir. Pour les politiques, mais aussi pour les entreprises et les particuliers, afin d’éviter la réalisation d’un scénario catastrophe.

Le GIEC appelle tout particulièrement à des efforts financiers ”colossaux et urgents” dans les trois domaines suivants:

  1. Transition énergétique et réduction du Co2.
  2. Meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation et meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques.
  3. Préservation du milieu naturel, via la restauration des forêts et écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes…


Autant de points pour lesquels la filière Mode peut apporter sa contribution.

1) Réduction du Co2

La filière habillement représenterait entre 2 et 4% des émissions mondiales de Co2.

«De nombreux leviers peuvent être actionnés pour diminuer cet impact environnemental: qualité de l’approvisionnement matières, diminution des quantités produites pour éviter la surproduction, allongement de la durée de vie des produits (recours à la seconde main, à la location ou au recyclage), éco-conception…» Tiré de l’ouvrage “A la croisée des Mondes”.

Clarisse Perotti Reille

Directrice Générale, Defi

Selon Arnaud Gauffier, responsable des programmes du WWF France, « l’objectif est de limiter le réchauffement climatique et continuer nos achats de vêtements neufs à 1kg par an et par personne. 1,5°C nécessiterait des efforts colossaux et urgents de modification des politiques publiques et de nos modes de vie. Pour aligner les émissions en Co2 de la France avec un objectif 1,5°C, il faudrait par exemple :

  • abandonner les moteurs thermiques des voitures individuelles au plus vite ;
  • renoncer aux liaisons aériennes internes ;
  • limiter drastiquement les vols internationaux ;
  • diviser par près de 3 notre consommation de viande individuelle ;
  • engager des plans massifs de rénovation thermique. »

2) Optimisation de l’eau

Selon la Ellen MacArthur Foundation, 4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire des vêtements. Et selon la Banque mondiale, 17 à 20% de la pollution de l’eau mondiale serait due à l’industrie textile. Là encore des solutions ont déjà commencé à émerger et doivent encore être trouvées: culture d’un coton moins gourmand en eau, délavage écologique (par exemple à l’ozone) du jean, évolution déjà drastique des normes de l’industrie textile européenne, fabrication de vêtements délivrant moins de microplastiques primaires lors de leur lavage, sources de pollution des océans…

3) Préservation du milieu naturel, végétalisation

La filière textile n’est pas toujours directement concernée. Mais via le mécénat en faveur de la cause verte, ou concrètement, dans nos villes et périphéries la végétalisation des surfaces de vente et centres commerciaux, j’en passe et des meilleurs, elle peut aussi agir.


En avril prochain, soit dans très peu de temps, sera publié
le troisième volume du sixième rapport GIEC. Après le temps de la sensibilisation choc, il s’agira de faire le point sur les solutions à envisager pour réduire, à court terme, les émissions de gaz à effet de serre. Si la balle est d’abord dans le camp de nos politiques, la filière Mode peut aussi contribuer, par ses efforts incessants, à des avancées concrètes de cette cause vitale!

Bâtiment végétalisé
Sophie Bouhier de l'Ecluse

Sophie Bouhier de l'Ecluse

Journaliste indépendante

Spécialiste de la filière textile (ex rédactrice en chef adjointe du Journal du Textile), suit avec passion une filière qui ne cesse de se réinventer de façon…durable pour le bien de tous.