«THE GOOD GOODS : UNIS POUR CHANGER DE MODE»

«THE GOOD GOODS : UNIS POUR CHANGER DE MODE»

Le LAB by IFTH à la Caserne Paris

Dans le contexte géopolitique actuel, avec la flambée du prix des matières premières ainsi que les nombreux points d’alerte et préconisations du GiEC pour limiter le réchauffement climatique, l’Industrie de la Mode et du Textile entame sa transformation.

 

Photo de Victoire et Thibault

Fondé par Victoire et Thibault Satto, The Good Goods est le premier média digital français et agence de communication sur la mode et le lifestyle éco-responsable et engagé.
Le projet est né avec pour volonté d’éclairer le grand public pour mener sa transition écologique mode et l’ambition de fédérer.

 

Partageant les mêmes valeurs et convictions concernant l’industrie textile, c’est tout naturellement que les chemins de The Good Goods et Fashiongreenhub étaient amenés à se croiser à l’occasion des Fashion Green Days de juillet se tenant pour la première fois à Lyon. Une ambition commune: donner les moyens aux marques de changer leur manière de produire et commercialiser la mode, les accompagner et leur donner de la visibilité.

L’occasion d’échanger avec Thibault Satto sur l’évolution de The Good Goods depuis sa création en 2017.

Photo de Thibault

Victoire et Thibault Satto, frère et sœur à la ville, sont originaires du sud de la France.  Victoire est dans sa première vie pro médecin radiologue. Rien à voir avec la mode pour laquelle elle nourrit pourtant une passion depuis toute petite. C’est ainsi qu’elle écrit en parallèle de son travail des contenus de mode et de société pour différents médias digitaux.
Après un parcours Business management et création d’entreprise et une carrière en entreprises à rôle social ou humanitaire, Thibault est animé par l’envie de répondre à des problématiques sociales et environnementales.


Lors de l’écriture d’un sujet sur la mode, Victoire a une forte prise de conscience de l’urgence climatique et de l’impact considérable de la mode sur l’environnement. Elle partage ce constat à Thibault qui de son côté a dans l’idée de créer une entreprise à impact. Aussi, ils remarquent que de plus en plus de créateurs proposent de la conception responsable.  Il n’en faut pas plus pour qu’ils décident d’allier leurs envies et compétences pour informer le grand public et mettre en avant les marques éthiques. C’est le début de l’aventure The Good Goods. 

Ils ne connaissent à l’époque pas très bien les modèles économiques des marques de mode. Avec beaucoup d’envie et d’audace, ils partent explorer les salons professionnels pour comprendre ce secteur et qui en sont les acteurs les plus innovants et inspirants. Première version du site web en poche, ils commencent à partager des contenus. Très vite ils créent le podcast « le sapping » (qui deviendra (on)ward fashion) pour « raconter des histoires de vêtements ». Ils souhaitent “mettre en lumière le fait qu’il est possible d’allier engagement social et réussite financière au travers de la désirabilité du vêtement”

Sur le chemin, en 2019, ils se rendent compte qu’ils ont une forte audience de professionnels. Qu’à cela ne tienne, ils ajustent leur ligne éditoriale afin d’être un média omnicanal hybride qui s’adresse autant au b2c qu’en b2b. Avec une approche centrée sur leurs lecteurs, ils s’efforcent de répondre à leurs divers besoins, sans jamais être moralisateur

The Good Goods, basé à la Caserne (1er accélérateur européen de mode durable),
c’est  aujourd’hui une équipe de 7 personnes et une dizaine de freelances autour pour la création de contenu.
“C’est un endroit qui nous ressemble et qui est à l’épicentre de la mode responsable. Cela facilite le réseau, les synergies collectives de part la proximité entre les diverses entreprises et marques présentes dans le lieu. C’est aussi une source d’infos grâce notamment aux meetups qui y sont organisés.”

Photo de l'équipe The GOOD GOODS

L’équipe The Good Goods

Un Média Omnicanal

Très créatifs, ils s’expriment au travers de plusieurs supports média avec la volonté d’inciter les gens à consommer moins voir pas du tout, en informant le consommateur des impacts sociétaux et environnementaux des produits :

Site Internet The GOOD GOODS

* Le site web The Good Goods entièrement refondu et éco-optimisé qui propose:
– Des contenus apprenants qui s’appuient sur une veille constante des tendances marchés et de consommation et des innovations en matière d’éco-responsabilité.
– Un annuaire accompagné d’une carte interactive, régulièrement mis à jour, qui répertorient les marques éthiques et engagées avec leurs points de vente ainsi que les boutiques de seconde main pour inspirer et guider les consommateurs.

Podcast The GOOD GOODS

* Le podcast On (ward) fashion conçu comme une boîte à outils business de solutions pour accélérer la transition sociale et environnementale de la mode.

* Une newsletter qui propose chaque semaine une revue de presse de leurs articles, videos et podcasts ainsi que des informations exclusives.

* L’édition de guides comme la Bible du Vintage ou la Bible de la réparation. Ces ouvrages sont conçus pour guider les consommateurs vers une mode plus circulaire et ainsi mieux la consommer.

Le saviez-vous?

The Good Goods propose une offre de services B2B pour accompagner les marques de toutes tailles sincèrement engagées: campagnes de communication, création de contenus en marque blanche, podcasts, workshops, conseil sur mesure, modération de conférences B2B et B2C etc…
En outre, ils travaillent avec un pool de personnalités sincèrement engagées en tant qu’agence d’influence éthique.

Mondial Tissus – Les arts créatifs, levier vers une économie de service Marine Nagel – Lacroix

Podcast enregistré lors des Fashion Green Days à Lyon les 7 et 8 juillet 2022 dont Mondial Tissus était le partenaire.

Les recommandations lecture de Thibault:


– La 25ème heure, de Bao Dinh, Guillaume Declair et Jérôme Dumont

– Le pouvoir de l’instant présent, de Eckhart Tolle

– La Bible du Vintage, de The Good Goods

– La face cachée des étiquettes, de Eloïse Moigno et Thomas Ebélé (lien vers article de Caroline M sur la sortie du livre et site sloweare)

– Être un chêne, de Laurent Tillon

La bible de la réparation

Actualité The Good Goods

Après “La Bible du Vintage”, The Good Goods publie son 2ème magazine papier “La Bible de la réparation”. Plus de 130 pages pour comprendre les bénéfices multiples de la réparation de nos vêtements et accessoires de mode. C’est aussi un outil pour passer à l’action avec de nombreux tutoriels.

Photo Sophie Guittonneau

Sophie Guittonneau

Consultante mode et styliste engagée pour plus de bon sens, de collectif, d’inclusivité et d’éthique dans l’industrie de la mode et du textile.

 

«La durabilité des vêtements: une question clé pour la transition environnementale»

«La durabilité des vêtements: une question clé pour la transition environnementale»

Le LAB by IFTH à la Caserne Paris

Le LAB by IFTH à la Caserne Paris

L’IFTH a participé et soutenu les Fashion Green Days des 7 et 8 juillet qui se déroulaient pour la première fois à Lyon. L’occasion d’échanger avec Jérôme Douce, directeur scientifique de l’Institut français du textile et de l’habillement (IFTH), sur leur rôle et leurs champs d’actions.

 

FGD: Quel est le rôle de l’Institut français du textile et de l’habillement, et comment s’organise son action?

Jérôme Douce : L’IFTH est le centre technique national de référence pour l’ensemble des acteurs du secteur du textile et de l’habillement. Notre vocation principale est de leur mettre à disposition   des équipements techniques, technologiques et des expertises spécifiques. Il s’agit de les aider à résoudre certaines problématiques et ainsi assurer leur développement.
Nous sommes également un organisme certificateur. L’IFTH est le seul organisme en France à délivrer les labels de l’association OEKO-TEX®:
-STANDARD 100 by OEKO-TEX® assure la traçabilité et l’innocuité d’un produit textile.
-Label STeP by OEKO-TEX® garantit la mise en œuvre durable de processus de production respectueux de l’Homme et du vivant.

Notre siège est situé à Paris. Nous avons plusieurs implantations en France, ancrées dans des régions historiquement liées à des bassins de l’industrie textile française (Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts de France, Champagne Ardennes, Grand Est et Pays de Loire).

Plusieurs de ces sites possèdent à la fois un laboratoire et une plateforme de prototypage. Cette dernière permet d’intervenir et d’innover sur toutes les étapes de fabrication, du fil au produit fini. À Paris, nous disposons depuis quelques mois d’un Fablab, baptisé LE LAB by IFTH, situé au cœur de l’écosystème mode et luxe durables La Caserne. LE LAB by IFTH est une plateforme technique de services à destination des professionnels de la mode souhaitant s’appuyer sur une fabrication éco-responsable et innovante. Pour cela, ils ont accès à trois espaces pour concevoir, prototyper, et évaluer leurs produits en toute autonomie sur un même lieu.

Logo Le lab by IFTH

L’IFTH est autant un prestataire qu’un partenaire des entreprises.  Celles-ci nous sollicitent généralement pour les aider à avancer sur un projet individuel précis.  Nous travaillons également sur des projets collaboratifs, avec plusieurs partenaires, et sur des sujets plus transversaux, susceptibles d’intéresser toute la filière. Enfin, nous proposons des cycles de formation continue à destination des salariés ou des demandeurs d’emplois. Selon les projets, nous collaborons avec les financeurs locaux et Pôle Emploi. C’est un moyen de faciliter la préservation des savoir-faire et les recrutements au sein des entreprises. En effet, la main-d’œuvre reste difficile à trouver et parfois à fidéliser, en particulier dans les secteurs de l’industrie et de la confection.

Quels sont les grands sujets sur lesquels travaille l’IFTH?

Nous accompagnons le secteur dans toutes ses grandes mutations. Les préoccupations des entreprises se déclinent en trois axes clairement identifiés chez nous, qui sont bien entendu interconnectés:
La transition écologique et environnementale, y compris la recyclabilité qui est un défi majeur du secteur.
L’industrie du futur et les questions de modernisation de l’outil industriel ainsi que la réduction de la pénibilité au travail pour les salariés.
Nous avons d’ailleurs des doctorants en sciences humaines et sociales qui explorent cette question des conditions de travail. Nous n’avons pas que des sciences dites « dures » à l’IFTH.
La question des matériaux et des procédés. Celle-ci est centrale pour intégrer de plus en plus de matières premières naturelles, recyclées ou encore biosourcées à faible impact. Elle est cruciale aussi pour pouvoir modifier les procédés de fabrication en fonction de ces évolutions.

 

Comment accompagnez-vous les entreprises, plus spécifiquement, sur les questions d’éco-conception?

Sur le sujet de l’éco-conception et de la recyclabilité des produits, la demande est croissante. Notre soutien aux entreprises est multiple.  Nous travaillons sur la matière première et les ressources mobilisées, la production responsable et la durabilité à l’usage, ainsi que la traçabilité et la recyclabilité. Nous les accompagnons dans leurs démarches pour réduire leur impact carbone et également leur besoin en ressources et en eau afin de limiter la pollution des écosystèmes. Nous sommes en outre très attentifs à ne pas cautionner le très actuel phénomène de « greenwashing ».

IFTH stand

La durabilité est un axe particulièrement fort de vos recherches ces temps-ci?

FGD IFTH

En effet, comme nous l’exposerons lors des Fashion Green Days de juillet à Lyon, l’une de nos équipes est en train de travailler sur ces questions de durée de vie des vêtements. C’est une question clé pour la transition environnementale. Même si la matière première et les process de fabrication sont vertueux, si vous proposez un produit jetable, ce n’est pas jouable dans le temps.

Dans ce cadre, nous tentons de définir une méthodologie pour évaluer la durabilité à l’usage des produits. En premier lieu, en identifiant les causes de la fin de vie d’un vêtement. Pour ce faire, nous travaillons avec une cinquantaine de grandes marques, qui nous ont confié des échantillons. Elles nous ont également communiqué des données recueillies auprès de leurs clients sur la fin de vie de leurs produits. Précisons qu’il s’agit bien de la durée de vie physique des matériaux, et non pas de la durabilité “émotionnelle” des pièces bien que ce soit un aspect qui doive aussi être pris en compte par les fabricants, on le voit bien avec les dégâts causés par l’ultra fast-fashion.

Quel est le protocole auquel sont soumis ces échantillons, et dans quel but?

Nous avons tout un panel de tests référencés, à commencer par de nombreux cycles de lavage. Nous mesurons par exemple le boulochage, la propension au déchirement ou à la déformation des tissus. Ceci pour établir la durée de vie globale d’un vêtement. Nous avons commencé il y a quelques mois, et espérons pouvoir rendre un premier rapport d’ici la fin de l’année. À terme, ces travaux pourraient être une base pour la mise en place d’une norme, ou d’un étiquetage. Ils pourraient s’appliquer aux produits textiles, en France et en Europe, pour indiquer leur durabilité. Mais cette réflexion viendra dans un second temps.

Quelles autres préoccupations voyez-vous émerger chez les entreprises qui vous sollicitent?

La transition environnementale reste le grand sujet de préoccupation du moment, que ce soit via la substitution de matières potentiellement dangereuses, le recyclage ou la relocalisation vers des circuits plus courts et un impact carbone moindre.
Depuis toujours, l’une de nos expertises les plus sollicitées est d’aider les entreprises à revoir leurs formules pour éliminer des composants nocifs. La législation évolue sans cesse, il faut que les fabricants s’y adaptent. C’est par exemple le cas actuellement pour certains colorants et traitements déperlants qui vont être interdits à terme. Il faut trouver leurs remplaçants et cela n’a rien de simple.

Dans le domaine de l’économie circulaire, une thématique qui revient de plus en plus fréquemment dans les questions qui nous sont posées est le recyclage poussé en cela par les différentes lois et règlements ces dernières années (type Loi AGEC et gestion des invendus). Ceci est souvent beaucoup plus complexe que ce que les entreprises imaginent d’ailleurs.


Enfin, la relocalisation est d’actualité et fortement mise en avant depuis la crise sanitaire. Les entreprises ont besoin d’accompagnement pour appréhender tout ce que cela implique. Souvent, relocaliser veut dire fabriquer différemment, avec d’autres matières premières et d’autres process. Les projets allant dans ce sens sont très nombreux ces derniers temps.

Logo Le lab by IFTH
https://www.ifth.org/
Contact pour toute demande d’informations:
Jeanne Magnien

Jeanne Magnien

Journaliste, je suis passionnée par les sujets textiles et notamment, la façon qu’a l’industrie de se réinventer. A la croisée de quantités d’enjeux contemporains, environnementaux comme sociaux, elle relève tous les défis!

 

Ictyos, la tannerie qui vous veut du bien!

Ictyos, la tannerie qui vous veut du bien!

Article Ictyos

Icytos, l’histoire d’une tannerie artisanale

À l’origine il y a trois ingénieurs sortis d’école avec l’envie de créer quelque chose de différent.Benjamin, Emmanuel et Gauthier auraient pu suivre le schéma classique et naviguer entre consulting et grandes entreprises… mais leur volonté de changer le monde allait changer la donne! Leur désir : créer une entreprise innovante qui recyclerait des déchets tout en ayant en lien avec un savoir faire artisanal engagé dans des actes écologistes. Le cahier des charges est acté, l’idée suivra peu après… à travers une peau de poisson, sous-produit de l’agro-alimentaire.
L’aventure d’Ictyos commence donc (comme toutes les grandes aventures!) dans le garage des parents de l’un d’entre eux en 2013, avec l’envie teintée de naïveté de créer un produit qualitatif et intelligent.  Le projet prendra définitivement son envol grâce à une levée de fonds de 100 000€ en 30 jours!

Julien Faure

Benjamin Malatrait, Gauthier Lefébure et Emmanuel Fourault – cofondateurs Ictyos – trois ingénieurs chimistes engagés pour l’environnement

Ictyos est une tannerie unique en son genre en France. L’entreprise a un angle de vue différent et une démarche basée sur la transparence de toute sa chaîne de valeur. Elle retrace en particulier l’origine de ses produits et donc du gisement de matière première: les peaux de poissons

« Jeter les peaux et mettre le cuir de côté avant d’arrêter de consommer de la viande ou du poisson est un acte suicidaire environnementalement. » Benjamin

Alors Ictyos invente les cuirs précieux de demain et nous apporte du beau en faisant le bien!

Aujourd’hui en France, 50 000 Tonnes de peaux de poissons partent à la poubelle chaque année, soit en incinération soit en enfouissement. Dans tous les cas, ce ne sont pas des ressources gérées. Or la loi sur la gestion des biodéchets change justement la donne sur le sujet. Elle amène de la contrainte aux filières, forcées progressivement de trouver des voies de valorisation.

Un travail collectif

Les partenariats entre Ictyos et les acteurs de la filière se font donc facilement.

Le premier obtient la matière première nécessaire à sa production. Les deuxièmes sont heureux de trouver une solution vertueuse à la gestion de leurs biodéchets. Cela les inscrits ainsi dans une démarche circulaire prouvant leur bonne volonté à agir différemment tout en valorisant la bonne qualité de leur travail. Ces partenariats ne se font pas avec des élevages de grande densité. Les poissons y sont maltraités et par conséquent les peaux sont de mauvaise qualité. De même, pas de poissons trop jeunes, car les peaux sont trop petites. Dans les deux cas, non exploitables pour la production de cuir. 

Ce sont donc les restaurants de sushis de l’agglomération lyonnaise et leurs 50kg par semaine de peaux qui vont le mieux s’inscrire dans cette démarche circulaire et locale pour Ictyos. Pro-actifs, ils sont vigilants sur la qualité. 

Il faut savoir que la gestion des biodéchets a un coût élevé pour une entreprise. Cela engage une vraie responsabilité, c’est donc un partenariat gagnant / gagnant avec la tannerie. Cette dernière gère la logistique (avec l’aide des restaurants), leur simplifiant la vie au passage, et en échange, collecte gratuitement sa matière première. 

Nous noterons cependant deux freins à l’heure actuelle: la diversité des tailles de peaux ainsi que leurs gisements diffus.

Grâce à ce système, Ictyos et ses huit salariés ont donc créé une nouvelle filière avec une approche du métier de tanneur très engagée, locale et transparente. Ce nouveau matériau (le cuir de poissons) est issu d’une production à faible impact ayant pour ambition d’avoir une durabilité forte et d’éviter de gaspiller tout en proposant un produit qualitatif avec un grain unique, un cuir subtil et délicat. 

En partenariat avec l’industrie agro-alimentaire, quatre types de cuirs sont donc créés: le saumon, la carpe, la truite et l’esturgeon (via les producteurs de caviar). Ils représentent aujourd’hui 100kg de peaux traitées par semaine. Depuis la création de l’entreprise en 2013 ce sont 20 tonnes qui ont été revalorisées dont 10 tonnes pour l’année 2021 seulement ! La production qui est aujourd’hui parfaitement opérationnelle peut traiter jusqu’à 1000 cuirs par jour.

Squama dégradé émeraude

La recherche et le développement constituent les fondements d’Icytos

Leur travail de recherche et développement qui est à l’origine même de l’entreprise a permis de poser les fondements d’Ictyos. 

Benjamin, président et co-fondateur, a été chimiste aux Pays-Bas où il développait des peintures sans chrome pour l’industrie aéronautique. Sensibilisé à la dangerosité de cet élément chimique, c’est donc dès le départ que la volonté de travailler un tannage végétal ou metal free s’est imposée. 

Substituer les éléments chimiques au maximum pour être le plus renouvelable possible c’est donc trouver de nouveaux tannins végétaux dans le marc de café ou la drêche de bière par exemple. Revalorisant ainsi d’autres sous-produits alimentaires.  

L’empreinte environnementale du produit lors de sa fabrication est tout aussi importante que sa durabilité. L’objectif est de garder cette optique de ne surtout pas faire du jetable ! 

 

La volonté d’Ictyos est de travailler des cuirs multisensoriels aussi bien par leur odeur que leur toucher. 

Leurs peausseries font 0,8mm d’épaisseur en faisant une matière très fine, pourtant la structure du collagène présent dans la peau de poisson rend le cuir plus résistant qu’un cuir classique à épaisseur équivalente. Ce même collagène a également la grande vertu d’avoir une meilleure réaction au tannage végétal le rendant aussi rapide qu’un tannage chrome sur du veau … ! 

 

Si la R&D représentait à l’origine 100% de l’activité d’Ictyos elle est aujourd’hui présente sur 30 à 50% des postes de l’entreprise. Elle se concentre sur trois sujets de développement: 

  • de nouveaux cuirs ainsi que l’optimisation des existants
  • les couleurs et des techniques de coloration
  • le tannage avec de nouvelles techniques et de nouveaux tannins.

 

À travers son travail de R&D et sa prise en compte de l’ensemble de sa chaîne de valeur, Ictyos se positionne dans une logique de start-up. Lui permettant ainsi d’accéder à l’incubateur LVMH, La Maison des Start Ups à Station F. Ce programme d’accompagnement de 6 mois initialement leur sera d’ailleurs renouvelé pour une deuxième période. 

Il leur permettra de réinventer leur métier de tanneur, de le rajeunir, de le présenter et d’expliquer les process. Grâce à la digitalisation, ils réalisent 30% de leur chiffre d’affaires en ligne. 

L’incubateur devient alors une sorte de « labellisation » auprès des maisons du groupe LVMH à qui sera présenté le projet Ictyos, vivier de potentiels clients. Car l’enjeu est bien là. Si les consommateurs et les plus jeunes particulièrement sont déjà sensibles et sensibilisés à la cause de la durabilité et de la circularité (certains clients vegan comprennent et soutiennent même le fond de leur démarche), il reste aujourd’hui à convaincre les marques encore frileuses sur le sujet. 

L’industrie de la mode se questionne sur son impact. À la recherche de matériaux plus durables et responsables qui donnent du sens à leurs créations. Il s’agit donc d’accompagner le marché du luxe dans l’arrêt complet du cuir exotique (chez Ictyos le prix des peausseries est à mi-chemin entre cuir classique et cuir exotique), d’accompagner les marques dans leurs démarches RSE et d’innovation de matières… La marge de progression est énorme!

Aujourd’hui divers freins existent pour ces marques avant de passer le cap… l’un d’entre eux serait l’idée préconçue que le cuir de poisson sentirait mauvais ! Sur ce point-là, on vous rassure tout de suite, tout va bien, le cuir de saumon sent bon… le cuir! 

 

Longue vie à Ictyos! 

Elsa Chassagnette

Elsa Chassagnette

Consultante

Elsa accompagne des créateurs et des entreprises dans leurs réflexions vis-à-vis de la circularité, de la durabilité et de la réparabilité de leurs produits et/ou sur des problématiques opérationnelles grâce à la direction de projets événementiels. Elsa mène également un projet entrepreneurial B2B de revalorisation de textiles à destination de clients B2B, à visée sociale, solidaire, circulaire et locale.

Julien Faure: «Repartis dans un cercle vertueux!»

Julien Faure: «Repartis dans un cercle vertueux!»

Mondial Tissus veste en tissu recyclé, fabriqu
Julien Faure

Entreprise du patrimoine vivant, les rubans Julien Faure ont une longue histoire à dérouler et le bon sens d’autrefois devient un atout certain dans le monde d’aujourd’hui: on ne jette rien chez le créateur et l’on cherche à faire mieux.

Installée près de Saint-Etienne depuis 1864, la maison a connu des hauts et des bas. Que ce soit des crises sévères et des remises en question, comme toute la filière textile française…

«2014 a été un tournant pour nous, explique Julien Faure, le dirigeant. Nous avons choisi de nous concentrer sur la fabrication des rubans, notre savoir-faire d’origine, un savoir-faire d’excellence, en abandonnant le tissu jacquard qui nous faisait perdre de l’argent. Et nous nous sommes recentrés sur la clientèle de luxe. Avec l’essor du luxe, la volonté de fabriquer en France est revenue. C’était ringard pendant 20 ans; le monde a changé. Les clients viennent voir notre travail. Les maisons pour lesquelles nous produisons, viennent faire des reportages chez nous. Certaines nous font bénéficier de leur prestige, c’est important. Le made in France reverdit.

J’ai l’impression que le textile en France est une industrie d’avenir. Alors qu’il y a quelques années, c’était une industrie has been.

Les nouvelles marques françaises comme le slip français ou 1083 ont déclaré ouvertement fabriquer en France. Ils ont eu du mal à trouver des fournisseurs. Ils se sont battus et par effet d’entraînement, c’est tout un écosystème qui se développe

 

Et l’environnement dans cette histoire?

«Nous avons conservé les pratiques anciennes. Nos anciens étaient naturellement responsables, ils ne jetaient pas, n’emballaient pas n’importe comment. Nos enveloppes kraft pour expédier nos rubans sont cousues avec un fil depuis toujours. On a gardé la machine et la pratique ; c’est un atout maintenant! Notre ruban gros grain est enroulé tout simplement sur une bague cartonnée et expédiée comme cela. Pas de suremballage, ce sont des petits détails que l’on ne va pas changer.

Nous n’avons pas attendu les certifications pour bien traiter nos personnels par exemple ou travailler en circuit court. Nous n’achetons pas notre matière première en France parce qu’elle n’y est plus produite, mais là où elle se trouve. Par contre, le moulinage et la teinture se font près d’ici. Nous avons la certification GOTS pour la soie et le coton. Nous sommes également labellisés France Terre Textile et Entreprise du Patrimoine Vivant. On utilise la viscose issue de forêts FSC avec un fournisseur européen. Pour limiter les transports, nous livrons directement chez les sous-traitants des marques, souvent en Italie.»

Julien Faure présente son activité comme de l’artisanat industriel. Elle se définit par peu de perte et une grande durée de vie des produits. Les déchets de fils sont mis en sacs retraités par contrat avec un gestionnaire de déchets industriels.

 

Des voies de progrès

«J’aimerais trouver un circuit de transformation locale des rubans non vendables en fil. Nous recherchons des partenaires pour le retraitement des déchets de soie. Il y a des projets mais ils ne sont pas encore au point. Nos rubans sont souvent 100% soie ou 100% d’une autre matière.»

 

Pour le chef d’entreprise, le second point à traiter est celui de la formation.

«En production, nous n’avons plus les savoir-faire et nous n’avons plus de formateurs en ourdissage, en tissage. Il nous faut former nous-même les personnes.

J’ai la demande mais je n’ai plus assez d’offre. On a investi dans un outil performant. On a automatisé certaines tâches tout en conservant la façon de fabriquer, mais nous sommes contraints par la production. Nous sommes une petite équipe, une quarantaine de salariés avec un volume de travail en forte augmentation.»

Ce qui est nouveau et encourageant, c’est de constater que des jeunes veulent travailler dans le textile aujourd’hui, explique Julien Faure.

 

«Nous avons des ingénieurs textile qui viennent en stage chez nous. Je m’attends à une forte tension dans l’offre de formation.

L’industrie textile a failli mourir, il va falloir arroser beaucoup l’arbre aux jeunes pousses!»

Et ça tombe bien! Les Fashion Green Days sont l’occassion de fertiliser le terreau de la mode circulaire et l’entreprise Julien Faure nous soutient.

 

 

 

 

Sylvie Bourgougnon

Sylvie Bourgougnon

Créatrice de la marque Griffe de Louves, l’art du slouve en kimono.

Mondial Tissus: Sensibiliser à une consommation plus raisonnable grâce à la couture

Mondial Tissus: Sensibiliser à une consommation plus raisonnable grâce à la couture

Mondial Tissus veste en tissu recyclé, fabriqu

Marine Nagel Lacroix, directrice marketing et communication de Mondial Tissus depuis 7 ans, nous présente comment elle a insufflé un peu plus d’éco-responsabilité à l’entreprise. Tout en modestie, et sans basculer dans le greenwashing, cette diplômée d’école de commerce et passionnée de DIY a su relever le challenge avec brio ! Nous allons ainsi découvrir dans cet article comment elle réussit à porter les équipes pour remporter en 2020 le trophée de la mode circulaire.

Une entreprise lyonnaise quarantenaire!

Dans un premier lieu, il me semblait important de rappeler l’histoire de l’entreprise Mondial Tissus ! Replongeons nous en 1981 lorsque 2 frères Christophe et Didier Jacquard décident d’ouvrir 2 magasins de tissus de fin de stock à Dijon et Villeurbanne pour les vendre en libre service aux couturières passionnées. C’est un véritable succès!

L’entreprise se développe en ouvrant d’autres magasins. Entre confection sur mesure, mercerie, et loisir créatif, il y en a pour tous les goûts ! Malheureusement, après plusieurs rachat successifs par des fonds d’investissement, la marque finit par perdre son essence.

C’est alors qu’en 2010 Denis Levis reprend l’affaire et décide de tout changer : restructuration interne, rationalisation des stocks, réorganisation de la logistique, et surtout nouvelle définition de plateforme de marque.

Désormais, la marque se focalisera sur le DIY, son vrai cœur de métier ! Elle devient alors le référent des solutions tissus inspirantes. En somme, cela veut dire qu’à partir d’un projet tissu le client doit avoir toutes les solutions disponibles chez Mondial Tissus pour le concrétiser ! La marque propose donc de l’inspiration, du matériel (tissu et mercerie) et du service (atelier et confection sur mesure). Et avec plus de 88 sur 110 magasins en France à proposer des ateliers, on peut dire que Mondial Tissus avait déjà une véritable force de frappe pour communiquer en direct avec ses clients.

Et cette communication ne va pas rester seulement sur le DIY, c’est ainsi qu’on va voir dans cette deuxième partie comment elle va réussir à sensibiliser sa clientèle a plus d’éco-responsabilité

Une entreprise qui trouve sa place dans le monde de l’éco-responsabilité

Nous sommes avant la pandémie covid-19, après plusieurs années chez Mondial Tissus Marine Nagel Lacroix sent le vent de la réparation arriver. Avec beaucoup de conviction, elle propose à son équipe de poster des tutos autour de la réparation créative. Mais là, c’est la page blanche du côté de ses collaborateurs “Qu’est-ce qu’on peut bien raconter ?”.

Marine ne se décourage pas et porte le projet!

Et la persévérance fonctionne puisque au début du premier confinement l’entreprise se retrouve sans activité et décide de lancer un challenge récupération. C’est plus de 1200 publications qui vont être postées. Le message porté: “Des trésors se cachent déjà dans vos placards !”

La marque continue son cheminement avec l’arrêt des Black Friday, puis la création de tutos et d’ateliers physiques gratuits, la “Re’création”, lors des semaines du développement durable autour de la thématique de la réparation créative.

Tranquille Emile photo couveture
exemple de réparation créative

Voulant creuser le sujet, Marine décide en 2020 d’inscrire son entreprise au trophée de la mode circulaire dans la catégorie espoir grande entreprise.

Elle y présente 4 axes forts de l’entreprise dans son engagement:

  • L’offre bio: faire de la couture c’est permettre le choix de tissus plus responsables tout en choisissant un style qu’on aime !

  • Les ateliers: faire soi-même c’est prôner la slow consommation, et une production locale.

  • L’upcycling et la réparation : réparer ses vêtements ça peut être fun et permettre d’exprimer sa créativité tout en préservant la planète !

  • La seconde main: proposer de l’occasion à travers un système de récupération puis de revente des tissus des clientes qui ne les utilisent plus.

Pour porter cette candidature, Marine doit fédérer l’entreprise et lance des ateliers de coworking grâce au soutien de la direction. La force du collectif l’emporte, puisque la marque gagne le prix. A la clé un accompagnement par le cabinet Imaginable qui aide les enseignes dans leur transition écologique.

Mondial Tissus a aujourd’hui conscience de ne pas être parfait et que le chemin est encore long vers plus d’éco-responsabilité. Le but à travers toute cette démarche n’est pas de culpabiliser ses clientes. L’objectif est  d’ouvrir les possibles en offrant une alternative responsable au Prêt à porter. De plus, pour prouver que la couture engagée peut être aussi très fun et créative !

Alors si vous avez envie d’en découvrir plus sur l’engagement de Mondial Tissus et de ses futurs projets, je vous invite à venir aux Fashion Green Days les 7 et 8 juillet, en physique à l’Embarcadère de Lyon. Toute notre équipe vous y accueillera avec plaisir, sur inscription autour de la thématique de “La mode circulaire et éco-conçue”.

Louise Caissard

Louise Caissard

Styliste éthique, j’aide les marques de mode éthique et engagée à se lancer pour que demain la mode éthique ne soit plus une niche mais une norme!

Site internet : https://louisec.fr/