Le GIEC intensifie son appel à l’urgence

Le GIEC intensifie son appel à l’urgence

Si nos attentions sont actuellement focalisées par la montée en température de la géopolitique, conflit en Ukraine oblige, d’autres dangers de fond continuent de menacer le monde entier. Baptisé “Changements climatiques 2021: les éléments scientifiques” et approuvé par 195 États, le sixième rapport du GIEC nous le rappelle…

Une fois de plus, ce groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) mis en place par les Nations Unies en 1988, joue les Cassandre…en espérant se faire entendre.

Les deux premiers volumes ont été remis le 9 août dernier -trois mois avant la Cop 26 de Glasgow. Son sixième rapport, paru le 28 février, a beau parler de réchauffement climatique, il fait froid dans le dos.

GIEC-Volume 1: Les tendances climatiques déjà en oeuvre

Le premier volume fait un constat de l’état actuel et des tendances climatiques déjà en œuvre. Consacré aux conséquences du réchauffement de la planète (+ 1,1% depuis la période pré-industrielle 1850-1900), il l’affirme haut et fort pour la première fois : l’homme en est bel et bien responsable. “Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre depuis 1750 sont, sans équivoque, causées par les activités humaines” affirment les experts du GIEC. Les phénomènes naturels, éruptions volcaniques et autres changements dans l’orbite de la Terre, auraient, eux, une influence proche du zéro…De quoi faire taire les climato-sceptiques?

Ce premier opus évoque trois conséquences d’ores et déjà observables, qui vont en s’accélérant dans le monde:

  • la baisse des ressources en eau et nourriture et ce plus particulièrement en Afrique, Asie et dans les petites îles.
  • la réduction de moitié des aires de répartition des espèces animales et végétales.
  • l’impact sur la santé mondiale, en ce qui concerne la mortalité accrue, la dégradation de la qualité de l’air. Il s’agît également de la résurgence de maladies existantes comme le Choléra et apparition de nouvelles, augmentations du stress thermique.

C’est ainsi que près de la moitié de l’humanité, soit 3,3 à 3,6 milliards de personnes, vivent déjà “dans des contextes hautement vulnérables au changement climatique”.

Et ce n’est pas fini: un dépassement, même temporaire, de 1,5 degré de réchauffement du globe (l’objectif de neutralité carbone fixé fin 2015 par l’accord de Paris) aurait des nouvelles conséquences parfois “irréversibles”. Or, si rien n’est fait, le réchauffement pourrait atteindre à la fin du siècle 2,7°C. Et si on fait pire, attendre même 5°C et plus ! Avec des effets qui seraient alors dévastateurs dès 2025.

GIEC-Volume 2: Les objectifs climatiques à long terme

Le deuxième volume du sixième rapport du GIEC et donc aussitôt évoque les objectifs à long terme en matière de climat. Et il insiste sur la nécessité d’appuyer sur l’accélérateur en termes de moyens pour lutter contre le réchauffement. Or, les engagements pris lors de la Cop 26 à Glasgow, en novembre dernier, soit le doublement des budgets consacrés à ce sujet clé, n’ont pas été respectés. Tandis qu’en France, certaines ONG dénoncent le temps réduit consacré au sujet du réchauffement climatique (moins de 3%) pendant la campagne présidentielle.

Malgré tout, il est encore possible, et urgent, d’agir. Pour les politiques, mais aussi pour les entreprises et les particuliers, afin d’éviter la réalisation d’un scénario catastrophe.

Le GIEC appelle tout particulièrement à des efforts financiers ”colossaux et urgents” dans les trois domaines suivants:

  1. Transition énergétique et réduction du Co2.
  2. Meilleure gestion de l’eau et de l’irrigation et meilleure adaptation des cultures aux conditions climatiques.
  3. Préservation du milieu naturel, via la restauration des forêts et écosystèmes naturels, arrêt de l’urbanisation dans les zones côtières, végétalisation des villes…


Autant de points pour lesquels la filière Mode peut apporter sa contribution.

1) Réduction du Co2

La filière habillement représenterait entre 2 et 4% des émissions mondiales de Co2.

«De nombreux leviers peuvent être actionnés pour diminuer cet impact environnemental: qualité de l’approvisionnement matières, diminution des quantités produites pour éviter la surproduction, allongement de la durée de vie des produits (recours à la seconde main, à la location ou au recyclage), éco-conception…» Tiré de l’ouvrage “A la croisée des Mondes”.

Clarisse Perotti Reille

Directrice Générale, Defi

Selon Arnaud Gauffier, responsable des programmes du WWF France, « l’objectif est de limiter le réchauffement climatique et continuer nos achats de vêtements neufs à 1kg par an et par personne. 1,5°C nécessiterait des efforts colossaux et urgents de modification des politiques publiques et de nos modes de vie. Pour aligner les émissions en Co2 de la France avec un objectif 1,5°C, il faudrait par exemple :

  • abandonner les moteurs thermiques des voitures individuelles au plus vite ;
  • renoncer aux liaisons aériennes internes ;
  • limiter drastiquement les vols internationaux ;
  • diviser par près de 3 notre consommation de viande individuelle ;
  • engager des plans massifs de rénovation thermique. »

2) Optimisation de l’eau

Selon la Ellen MacArthur Foundation, 4% de l’eau potable disponible dans le monde est utilisée pour produire des vêtements. Et selon la Banque mondiale, 17 à 20% de la pollution de l’eau mondiale serait due à l’industrie textile. Là encore des solutions ont déjà commencé à émerger et doivent encore être trouvées: culture d’un coton moins gourmand en eau, délavage écologique (par exemple à l’ozone) du jean, évolution déjà drastique des normes de l’industrie textile européenne, fabrication de vêtements délivrant moins de microplastiques primaires lors de leur lavage, sources de pollution des océans…

3) Préservation du milieu naturel, végétalisation

La filière textile n’est pas toujours directement concernée. Mais via le mécénat en faveur de la cause verte, ou concrètement, dans nos villes et périphéries la végétalisation des surfaces de vente et centres commerciaux, j’en passe et des meilleurs, elle peut aussi agir.


En avril prochain, soit dans très peu de temps, sera publié
le troisième volume du sixième rapport GIEC. Après le temps de la sensibilisation choc, il s’agira de faire le point sur les solutions à envisager pour réduire, à court terme, les émissions de gaz à effet de serre. Si la balle est d’abord dans le camp de nos politiques, la filière Mode peut aussi contribuer, par ses efforts incessants, à des avancées concrètes de cette cause vitale!

Bâtiment végétalisé
Sophie Bouhier de l'Ecluse

Sophie Bouhier de l'Ecluse

Journaliste indépendante

Spécialiste de la filière textile (ex rédactrice en chef adjointe du Journal du Textile), suit avec passion une filière qui ne cesse de se réinventer de façon…durable pour le bien de tous.

Chanvre, le choc des cultures

Chanvre, le choc des cultures

Pascale Caussat est journaliste indépendante spécialisée économie, tendances, art de vivre. Elle collabore avec de nombreux journaux et magazines comme Le Journal du Dimanche ou Stratégies. Elle écrit aussi sur le chanvre en compagnie de sa consoeur Marie Nicot et de la photographe Snezana Gerbault pour notamment Alternatives Économiques, 4 saisons et Culture Agri. Cette belle équipe a en effet réalisé de nombreux reportages sur le sujet dans toute la France. Pour cela, elles sont allées à la rencontre des producteurs et transformateurs de la filière textile mais aussi du bâtiment et de l’alimentation.

Experte et passionnée par cette plante aux multiples vertus, Pascale Caussat a animé une table ronde sur le chanvre. Retrouvez le replay ici!

Nous vous proposons grâce à l’article d’en apprendre un peu plus sur le retour en grâce du chanvre et ses défis. Le chanvre est une plante économe en eau et ne nécessitant pas d’utilisation de pesticides. Cet article est extrait de l’article Alternatives Économiques Chanvre du 05/03/2021 en lien avec Pascale Caussat et Marie Nicot.

Chanvre, le choc des cultures

Capable de croître sans pesticide, Cannabis sativa L. répond aux défis écologiques. Le bâtiment et le textile recherchent ses fibres, quand ses propriétés relaxantes et psychotropes attisent la convoitise. Chanvre industriel ou récréatif, deux mondes s’affrontent.

champ de chanvre

©Snezana Gerbault. À bas bruit, le chanvre, cultivé jadis pour ses fibres puis tombé en désuétude, reprend du service.

En quelques minutes, des flammes jaillissent des fenêtres et un immense feu embrase la façade de deux étages. Mais rien à craindre: il s’agit d’un test d’une heure mené en octobre au centre d’essai du feu à Epernon (Eure-et-Loir) sur une façade en béton de chanvre de plus de 6 mètres de haut et presque autant de large. Les résultats officialisés le 19 janvier sont encourageants: 125 capteurs prouvent que le béton de chanvre, mélange de fibres issues de cette plante de chaux et de ciment, est conforme aux règles de sécurité exigées par l’État.

La température a grimpé jusqu’à 1100 degrés, mais l’alliage a joué son rôle de protection thermique. Désormais, les architectes pourront l’utiliser pour construire des immeubles, collèges ou lycées, hauts de sept étages maximum et susceptibles d’accueillir jusqu’à 700 personnes. Une consécration pour ce biomatériau qui avait déjà gagné une première victoire dans le cadre des futurs Jeux de 2024. La Solideo, société de livraison des ouvrages olympiques, compte l’utiliser à la place de la laine de verre, afin d’isoler les bâtiments des athlètes en Seine-Saint-Denis.

 

Retour en grâce

À bas bruit, cette plante cultivée jadis pour ses fibres puis tombée en désuétude reprend du service. Jusqu’au début du XXe siècle, elle rythmait le quotidien des paysans partout dans le monde, qui cultivaient le chanvre pour s’habiller, s’éclairer, fabriquer de la toile et de la corde. Son histoire accompagne les conquêtes humaines: sans elle, pas de traversée du Mayflower en 1620, dont les cordages et les voiles étaient constitués de chanvre. Pas de Bible de Gutenberg (1455), pas de Déclaration d’indépendance des États-Unis (1776), imprimées sur du solide papier de chanvre.

L’industrialisation du coton a eu raison de cette matière textile rustique. Mais il a fallu aussi l’action concertée des industriels américains du nylon, du pétrole et de la pâte à papier à base de bois pour éradiquer cette culture contraire à leurs intérêts. Leur lobbying a permis le vote du Marijuana Tax Act en 1937 qui a criminalisé le chanvre, assimilé à une drogue, interdisant tous ses autres usages. En France, la surface cultivée est passée de 170000 à 700 hectares entre 1900 et 1960.

Et pourtant, «cette plante ne se laisse pas faire. Elle est trop liée au développement de l’humanité pour disparaître», affirme Vincent Lartizien, fondateur de la marque alimentaire Les Chanvres de l’Atlantique.

La renaissance a commencé en 1973 avec la création de la Chanvrière de l’Aube, première coopérative française destinée à l’origine à l’industrie papetière, le chanvre étant d’une résistance sans pareille pour le papier à cigarettes et les billets de banque. À partir des années 1990, les agronomes ont redécouvert l’intérêt d’intégrer dans la rotation des cultures Cannabis sativa L., le nom botanique du chanvre, capable de pousser jusqu’à trois mètres de haut en quelques mois sans engrais ni pesticide et peu d’irrigation.

 

Le chanvre pousse tout seul

Dès 1993, la coopérative Interval située à Arc-lès-Gray en Haute-Saône s’est lancée dans cette culture en rotation avec le blé, valorisant sa paille dans la plasturgie. Pionnière, cette initiative s’est révélée judicieuse: «Ce végétal pousse si vite qu’il étouffe les mauvaises herbes. Il rompt le cycle des maladies et des adventices. Il n’y a pratiquement rien à faire: cela pousse tout seul», s’émerveille Gilles Chanet, responsable du site. Selon Interchanvre, fédération des producteurs et transformateurs, cette plante est capable de capter 15 tonnes de CO2 par an et par hectare.

©Snezana Gerbault. Le chanvre peut être transformé en biomatériaux pour la construction automobile, le bâtiment, l’alimentaire, le textile…

Dès le mois de juin, le paysage vallonné est moucheté de parcelles vert intense qui attirent l’œil. Inutile de prendre son sécateur pour dérober les feuilles étoilées. La coopérative s’approvisionne en semences certifiées par l’organisme Hemp-It et dont le taux de THC (molécule tétrahydrocannabinol aux propriétés psychoactives) reste inférieur à la limite légale de 0,2%.

Actuellement, la loi française interdit de récolter la fleur pour en extraire du THC comme du CBD (cannabidiol, molécule sans propriété stupéfiante) (1). Seul le décret du 9 octobre 2020 autorise l’expérimentation du cannabis auprès de 3 000 patients atteints de maladies chroniques. Celle-ci commencera le 31 mars pour une durée de deux ans.

«Au début, les gendarmes et certains petits malins se trompaient, s’amuse Gilles Chanet. Mais nous ne cultivons pas de chanvre récréatif. Les contrôles sont stricts et nombreux.»

 

En trente ans, la France est devenue le premier producteur européen avec 17 900 hectares cultivés en 2019 par 1 400 agriculteurs dans tout l’arc ouest, nord et est du territoire. La filière est organisée autour d’une petite dizaine de groupes appelés chanvrières (La Chanvrière de l’Aube, Cavac, Planète Chanvre, Eurochanvre…) qui transforment plus de 80 000 tonnes de végétal en biomatériaux pour la construction automobile (tableaux de bord, intérieurs de portes), le bâtiment, l’alimentaire, le textile… Elle compte aussi une multitude de francs-tireurs en circuit court, participant à la réhabilitation de cette plante ancestrale au niveau local.

 

Développer la filière

Si les qualités écologiques du chanvre ne sont plus à démontrer, le plus ardu reste la conquête de nouveaux marchés, indispensable pour sécuriser les revenus des agriculteurs. En 2015, après des années d’investissements en matériel, Interval a créé APM (Automative Performance Materials), une co-entreprise avec le sous-traitant automobile Faurecia chargée de valoriser les bioplastiques.

«Le grand public l’ignore, mais des tableaux de bord composés de 20% de chanvre équipent les modèles Zoe et Megane de Renault», souligne avec fierté Philippe Guichard, président d’Interval. «Actuellement plus d’un million de véhicules circulent avec des équipements en alliage de chanvre», assure Franck Barbier, président de Planète Chanvre. Plus légers, ils concourent à rendre les véhicules moins énergivores. Ces pièces sont aussi plus faciles à recycler.

Certes, la crise liée à la pandémie freine la construction automobile. Mais le chanvre profite de la volonté de «verdir» l’économie sur le long terme. Une tendance bien réelle dans le bâtiment, deuxième grand débouché des chanvrières après le secteur automobile. Depuis juillet 2019, le dispositif Eco-énergie tertiaire impose aux constructeurs la neutralité carbone d’ici 2050 pour les bâtiments de plus de 1000m².

Pour contrer le puissant lobby du béton conventionnel, le chanvre mise sur les qualités durables et non polluantes des briques et des isolants. Le plan de relance déployé par l’Etat pour soutenir l’économie française devrait également encourager l’innovation. «Nous avons obtenu un financement de 1,4 million d’euros pour travailler sur la maîtrise des odeurs des matériaux végétaux et sur la fin de vie du béton de chanvre en partenariat avec l’Ademe [l’Agence de la transition écologique NDLR]», confirme Pierre Bono, directeur du centre Fibres Recherche Développement (FRB), labellisé par l’Etat.

 

Remplacer le coton?

La filière la plus difficile à relancer est le textile. Elle demande en effet une mécanisation spécifique pour obtenir des fibres longues propices à un tissage fin. C’est pourtant celle qui aurait le plus d’impact face au coût environnemental et social du coton: jusqu’à 11000 litres d’eau sont nécessaires à la fabrication d’un seul jean, selon l’Ademe.

Actuellement, seule la Chine est à même de fournir des quantités industrielles de chanvre textile avec le soutien actif du gouvernement (voir encadré en fin d’article). En France, la Chanvrière de l’Aube propose une solution à base de fibres courtes ou d’étoupes qui se prête aux mélanges avec du coton. On la retrouve dans des chaussettes Decathlon et des housses de coussin Ikea.

Tissu chanvre Thierry

©Snezana Gerbault. Le chanvre est beaucoup moins polluant que le coton. Une filière est en train de se reconstituer en France.

En Normandie, l’association Lin et chanvre bio travaille d’arrache-pied pour mettre au point un outil dédié aux fibres longues. Fin 2020, le premier prototype de jean en chanvre cultivé en France a vu le jour, issu de sa coopération avec le tisseur Emanuel Lang en Alsace et le confectionneur Le Gaulois près de Lyon. Seule la filature a été réalisée en Pologne dans l’usine délocalisée du Français Safilin.

«Le chanvre textile a un grand potentiel, se félicite Jean-Charles Tchakirian, fondateur du Gaulois. Face à la mondialisation qui a fait du jean un produit très polluant, tout un parcours de revalorisation du savoir-faire se met en place en France.»

Dans le Sud-Ouest, Pierre Amadieu, fondateur de la société Hemp-Act, mène ses propres expériences pilotes de fibres semi-longues avec l’ambition de proposer un jean en chanvre d’Occitanie dès cette année.

«Le chanvre textile est une matière très valorisable, à partir de 1500 euros la tonne après défibrage contre 700 euros pour le chanvre technique, affirme-t-il. On est à l’aube d’une nouvelle économie à base de matériaux fixateurs de carbone, générateurs d’emplois non délocalisables.»

 

Une législation stupéfiante

Le chanvre, un nouvel eldorado? Il attire en tout cas une génération d’entrepreneurs bien différents des pionniers des années 1990. Plus jeunes, plus citadins, ils s’intéressent au CBD, molécule aux propriétés relaxantes que l’on retrouve dans la composition de produits cosmétiques, alimentaires ou liquides pour cigarettes électroniques. Ces nouveaux chantres du chanvre se heurtent à l’écueil de l’interdiction d’exploiter la fleur en France, dont est extrait le CBD.

Alors que la France est le premier producteur européen, ces sociétés doivent s’approvisionner à l’étranger pour commercialiser cette molécule qui n’est pourtant pas classée comme stupéfiant. Une distorsion de concurrence difficile à comprendre. Les jeunes entrepreneurs se sont fédérés au sein du Syndicat des professionnels du chanvre qui mène un lobbying intense pour clarifier la réglementation

Une décision récente de la Cour de justice de l’Union européenne va dans leur sens en statuant sur l’autorisation de la commercialisation du CBD en France. Pour certains, ce jugement ouvre la voie à l’autorisation d’un CBD made in France.

À cela s’ajoute la législation de la France en matière de THC, la molécule qui caractérise le chanvre récréatif. Une mission parlementaire, dont les conclusions sont attendues pour avril, a lancé une consultation citoyenne pour prendre le pouls de l’opinion à propos du cadre actuel. Les avis s’affrontent autour d’une plante que certains considèrent injustement diabolisée, d’autres dangereuse pour la santé.

Pour ses défenseurs, la dépénalisation à l’égal de l’alcool et du tabac permettrait une plus large valorisation du chanvre dans tous ses usages et rapporterait des taxes à l’État. Ses opposants au contraire pointent les effets addictifs du THC et les risques d’escalade vers des drogues plus dures, surtout si on casse un trafic clandestin mais lucratif.

Chine, super puissance du chanvre

Si la France est le premier producteur européen de chanvre avec 17900 hectares en production en 2019, la Chine est de loin le leader mondial avec 66700 hectares, selon Interchanvre, la fédération des producteurs et transformateurs de cette plante. L’empire du Milieu se mobilise en faveur d’une alternative au coton, culture qui exige beaucoup d’eau et de pesticide. En plus du textile, la Chine concurrence l’Hexagone sur deux marchés phares: la construction et l’alimentaire. Tout le contraire des pays d’Amérique du Nord, les États-Unis et le Canada, qui misent sur le cannabis thérapeutique et récréatif, et le CBD ou cannabidiol, molécule sans propriété stupéfiante présente dans des produits alimentaires, cosmétiques… Le Colorado par exemple a dépénalisé l’usage du cannabis ce qui a favorisé l’émergence d’une économie très lucrative.

(1) Le gouvernement dans son arrêté du 30 décembre 2021 (publié au Journal Officiel le 31 décembre) autorise pour la première fois l’extraction du CBD en France et un taux de THC jusqu’à 0,3%. L’arrêté interdit en revanche la vente aux consommateurs de feuilles et de fleurs de chanvre brutes sous toutes leurs formes, seules ou en mélange avec d’autres ingrédients, afin d’être infusées ou fumées. Le 24 janvier, le Conseil d’État a suspendu à titre provisoire cette interdiction au motif qu’il y aurait un doute sérieux sur sa légalité en raison de son caractère potentiellement disproportionné (le taux de THC < à 0,3% est validé par l’arrêté lui-même et il existe des méthodes pour vérifier la teneur en THC des fleurs et feuilles de CBD). Cette suspension est un motif d’espoir pour tout le secteur, dans l’attente de la décision au fond du Conseil d’État attendue en fin d’année.

Pascale Caussat

Pascale Caussat

Journaliste indépendante spécialisée économie, tendances, art de vivre

Elle collabore avec de nombreux journaux et magazines comme Le Journal du Dimanche, Stratégies, Alternatives Économiques, 4 saisons, Culture Agri…

Blog : Une bonne idée par jour

Marie

Marie Nicot

Spécialisée en agro-alimentaire, avec, au centre de mes préoccupations, l’évolution de l’agriculture vers un modèle plus durable. Le chanvre illustre parfaitement cette transition. C’est pour cette raison que la journaliste Pascale Caussat, la photographe Snezana Gerbault et elle-même mènent une enquête au long cours sur cette plante et ses usages. Marie Nicot collabore à L’Express, Le Figaro, Culture Agri, LSA… Lauréate du Grand prix du journalisme agricole de l’AFJA (Association des journalistes de l’agriculture et de l’alimentation) en 2017.

Pascale Caussat

Snezana Gerbault

Auteure photographe et ingénieure agronome

Snezana Gerbault travaille pour la presse spécialisée dans les domaines du jardin, de la nature et de la gastronomie. Auteure d’une dizaine de livres, elle développe parallèlement un travail plus personnel et expose régulièrement ses photographies.

La mode mise sur l’upcycling!

La mode mise sur l’upcycling!

Upcycling Plateau Fertile Tessigraphes

L’upcycling s’impose de plus en plus dans l’industrie de la mode. Dans cet article, nous parlerons de l’impact de la mode sur l’environnement. Qu’est-ce que l’upcycling? Quels sont ses avantages?

« Rien ne se perd, tout se transforme. »

 

L’upcycling: définition

Le terme upcycling ou surcyclage en français désigne l’action de récupérer des tissus ou des vêtements déjà existants, dont on ne se sert plus. L’idée est de les valoriser, en fabriquant des vêtements de qualité ou d’utilité supérieure à leur état d’origine.

La mise en pratique requiert un réel savoir-faire. Il faut:

  1. dénicher le bon tissu,
  2. vérifier son état,
  3. le nettoyer.

Ensuite, vient tout le processus de création et de conception de la nouvelle pièce à partir de l’ancienne.

Ce procédé est l’une des réponses potentielles à la crise existentielle du luxe qui, à force de multiplier ses enseignes et de proposer les mêmes produits aux quatre coins du monde, a fini par perdre l’originalité qui caractérise la mode.

 

Le secteur textile présente un bilan alarmant

L’industrie de la mode est l’une des plus polluantes au monde. La fast fashion induit une fabrication de plus en plus massive. Ces trois dernières années, la production de vêtements a augmenté de 20%.

Selon le media Business of fashion, une femme achète en moyenne 30 kg de textile par an et, moins d’un quart sont recyclés. En effet, on comptabilise 160 000 tonnes de vêtements recyclés pour environ 700 000 tonnes d’achats. L’équivalent de 442 millions d’euros de vêtements sont donc jetés chaque année. On a encore des progrès à faire en termes de recyclage.

Toute cette façon de consommer et de gaspiller génère une pollution de l’eau, de l’air avec les gaz à effet de serre et, met en péril la santé des gens qui produisent dans des conditions de plus en plus précaires.

 

Une somme d’actions engagées pour changer la donne

« En effet, selon L’institut d’étude Yougov, 23 % de la population affirme avoir déjà acheté un produit upcyclé et plus d’un français sur deux a l’intention d’acheter un produit issu de l’upcycling dans les prochains mois. »

Cela reste difficilement quantifiable, mais de nombreuses marques de vêtements upcyclés ont vu le jour ces dernières années. De plus, c’est un sujet désormais abordé et étudié attentivement dans les écoles de mode. Les étudiants se sentent très concernés par l’impact environnemental de la mode. Ils ont envie de s’engager à produire des vêtements plus responsables et écologiques dans leurs futurs métiers.

 

Les créateurs précurseurs en surcyclage

Avant même que l’on se soucie de la santé de notre planète et que l’on puisse imaginer que l’industrie de la mode puisse être responsable de catastrophes environnementales, en 1990, Martin Margiela a présenté une collection réalisée à partir de sacs plastiques Franprix. Par la suite, il a même lancé une «ligne 0» entièrement recyclée.

archive exposition margiela au palais galiera 2018

Archive exposition Margiela au palais Galiera 2018

Un peu plus récemment, en 2013, la marque Andrea Crew a proposé des collections entièrement recyclées, alors que la cause environnementale n’est pas encore au cœur de nos priorités.

C’est avec l’arrivée de Marine serre, qui remporte le prix LVMH en 2017, que tout se démocratise et s’accélère. Les grandes marques de luxe comme Balenciaga développent alors des pièces à partir d’invendus des dernières collections.

En parallèle, de nombreux concours de mode favorisent désormais des créateurs engagés écologiquement. Il y a même des prix visant à récompenser et à encourager les démarches éco-responsables dans la mode qui se sont créées, comme Les Trophées de la mode circulaire.

 

Les avantages de l’approche upcycling

    • Écologique: recycler une matière déjà existante est beaucoup plus économique en eau et en énergie que de créer une nouvelle matière. On réduit également la production de déchets et on devient acteur d’une société plus écologique.
    • Économique: l’achat de matières de seconde main est moins cher qu’une matière neuve.
    • Originale: cette méthode stimule la créativité et les pièces sont plus originales.
    • Rare: elle permet d’avoir des pièces uniques ou en séries limitées. Vous êtes assuré de ne pas croiser quelqu’un avec la même tenue que vous!
Louise Marcaud

Louise Marcaud

Jeune créatrice de mode dont les valeurs sont basées sur l’up-cycling et la slow fashion qui lui inspire une esthétique minimaliste. Retrouvez tout son univers sur www.louisemarcaud.com.

Re-industrialiser ?

Re-industrialiser ?

Atelier Plateau Fertile

Nous lisons et voyons en ce moment beaucoup d’échanges et d’histoires fantasmées sur la relocalisation de la confection textile.

Voici notre point de vue :

La comparaison de prix est mortifère

Non un article fabriqué en France ne coûtera pas le même prix qu’un article fabriqué en Chine ou en Moldavie en coût de confection. Parce que le salaire mensuel chargé est trois à cinq fois plus élevé. Ni en coût d’exploitation (loyers, charges…).

Il est donc mortifère de tenter d’obtenir ce « même prix » sur le territoire. Cela ne peut conduire qu’à des ateliers misérabilistes aux conditions de sécurité dangereuses.

Oui il faut l’assumer, la production française sera plus chère. Non le coût minute n’est pas de 25€ par heure : le coût minute (prix de la minute vendue à un client) doit comprendre l’intégralité des coûts de l’usine loyer, encadrement, charges, formation, investissements, développement de produits (gradations voire patronages). Il est de 50 à 60 centimes la minute donc 30 à 36€ de l’heure avec des équipes professionnelles dans un atelier aux normes (pas de tas de cartons ou tissus et un système électrique sécurisé).

La production française sera plus chère. De 30% à 300% pour des articles usuels t-shirts chemises ou robes selon le temps nécessaire. Elle sera peut-être de qualité équivalente mais elle sera là. Idéalement répartie sur tout le territoire au plus près des marchés, sans risques de transport ou de guerre géopolitique, sans risque d’exploitation.

Elle sera à proximité capable de travailler en « circuit court »  ce qui donne un avantage « zéro risque » très fort dans les années à venir.  La proximité permet également de créer plus vite et à moindre coût de meilleurs produits.

Quand les têtes et les mains sont ensemble, les produits sont mieux pensés et conçus jusqu’au bout.

Co-création Plateau Fertile

Le volume est mortifère

Il est tout aussi mortifère de tenter de faire des productions à grand volume. Notamment « remplir » des ateliers avec beaucoup de salariés et donc décrocher des subventions à l’emploi. C’est une vue court-termiste qui transforme des personnes sans qualification en robots et met en comparaison forcément défavorable par rapport à l’Europe de l’Est.

La recherche de volume est une stratégie du passé qui conduit à la surproduction, à la démarque de produits à peine portés et encombrants entrepôts et circuits de déchets municipaux. On le voit bien avec le développement des ateliers de la honte à Leicester.

L’avenir est aux productions mieux adaptées à la demande en continu, donc aux ateliers experts agiles capables de fabriquer plusieurs produits et de répondre vite aux demandes (prix, industrialisation, circuit de production). L’avenir est à la formation experte et sur les lieux de production de couturiers polyvalents, à l’utilisation des outils de production numériques.

Il faut changer la répartition de marges et l’expliquer au consommateur

Il faut cesser de multiplier les prix de production par 5 à 10 pour démarquer ensuite 30 à 50% du stock à 50%. Si un T-shirt coûte 10€, vendons le 30€ toute l’année et expliquons toute la chaîne de valeur.

Dépensons moins en coûts inutiles comme de trop grands magasins surstockés ou des organisations compliquées.

Il faut des ateliers répartis experts et créatifs

Créons davantage : les petites séries permettent de prendre plus de petits risques.

La mode de demain est frugale souple et inventive, elle est répartie et en réseau sur tout le territoire. Elle :

    • Intégrera des technologies déjà matures et efficaces de conception coupe et impression numérique ;
    • Offrira un lieu de travail évolutif au travail varié, des possibilités créatives et de création de son propre business ;
    • S’adapter sans peine à toutes conditions de marchés.

Un système à tisser

Les entreprises et les collectivités doivent ensemble bâtir avec les industriels existants. En collaboration avec les fablabs, les tiers lieux, les associations, il faut bâtir un système humain et éco-responsable comme éco-rentable. Il ne faut pas faire revenir les « Sweatshops » sur le territoire. Nous ne devons pas produire du Made in France vendeur dans des conditions au rabais.

Tiers lieu animation 1

Affichez vos convictions et portez un t-shirt éco-conçu en circuit court et dans un rayon de 65km dans les Hauts de France!
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Annick Jehanne

Annick Jehanne

Présidente Fashion Green Hub

UpTrade revalorise les stocks de tissus avec sa plateforme digitale

Charlotte Billot et Eléonore Rothley ont décidé de devenir «sauveuses de tissus» et de créer UpTrade en avril 2019. Il s’agit d’une plateforme digitale qui centralise la demande et l’offre de tissus de toutes sortes. Par exemple, des matières naturelles ou synthétiques, pour le textile, les accessoires cheveux, la maroquinerie, maillots de bain, sous-vêtements… Ce projet de revalorisation des stocks de tissus des fabricants et marques prône ainsi le local, le respect de l’environnement et l’upcycling.

Charlotte _ Eléonore - co-fondatrices d'UpTrade

Charlotte Billot et Eléonore Rothley

Tissus UpTrade

Comment l’idée de UpTrade est-elle née?

«Je suis persuadée qu’il y a une seconde vie pour tout et qu’il n’est jamais trop tard pour trouver une valeur aux choses.»-Charlotte Billot

En effet, les deux jeunes femmes ont toujours été sensibles à l’impact environnemental et social des activités humaines. Pas plus attirées par la mode que d’autres, elles ont tout de même eu une prise de conscience quant aux aspects négatifs de ce domaine, tant sur les travailleurs que sur notre planète. Le gâchis textile est bien trop important! Beaucoup d’invendus, de stocks en amont de matières qui ne seront peut-être jamais utilisées, des rouleaux de tissus entamés mais jamais finis… Charlotte et Eléonore ont donc décidé de créer UpTrade pour revaloriser ces beaux tissus dormants.

Comment UpTrade fonctionne-t-il?

D’abord en utilisant un système de catalogues, UpTrade a récemment ouvert sa plateforme digitale. Tous les professionnels de la mode peuvent s’inscrire, en tant que clients ou fournisseurs. On y retrouve ainsi les nombreux types de tissus disponibles, et les acheteurs n’ont plus qu’à faire leurs choix. Pour ceux qui souhaiteraient voir les tissus d’un peu plus près ou bien les toucher, il existe la possibilité de se faire livrer des échantillons, ou ils peuvent prendre directement rendez-vous au showroom pour voir les robracks. Concernant les produits disponibles sur la plateforme, un ensemble de caractéristiques est présent pour aider le client à faire un choix:photos du tissu, description détaillée, métrage, composition, couleurs, traçabilité, origine du produit, normes et labels…

Présentation plateforme UpTrade 1
Présentation plateforme UpTrade 2

Plateforme digitale UpTrade

Quel est le but?

Plusieurs objectifs sont mis en avant par les deux fondatrices de UpTrade. Tout d’abord et comme dit précédemment, il y a dans ce projet l’intention d’éviter le gâchis textile et donc de réutiliser des produits qui dorment plutôt que de reproduire. L’impact écologique a donc évidemment un rôle important dans cette initiative. En réutilisant des matières dormantes, ce sont autant de quantité d’eau, d’émissions de CO2 et d’autres rejets dus à la production, qui sont évités. Aussi, le but est d’encourager les petites marques à aller travailler sur des tissus de qualité et fabriqués en Europe. Enfin, il s’agit aussi d’encourager le développement de nouveaux business models, basés sur l’upcycling, et le développement de la coopétition. La coopétition consiste à acheter des produits provenant d’une marque considérée comme concurrente, des matières qu’elles ont disponibles.

«On voudrait essayer de démocratiser l’upcycling et dire aux marques qu’il n’y a pas de raisons qui les empêchent de se fournir chez d’autres marques. Il faut qu’elles considèrent leurs concurrents comme des sources de matières premières.»-Charlotte Billot

Des projets pour la suite?

UpTrade n’a pas fini de se développer. Charlotte et Eléonore souhaitent faire une levée de fonds pour pouvoir agrandir leur équipe et opter pour des bureaux plus grands.  Elles ont également pour projet de faire évoluer la plateforme et d’y ajouter un dashboard d’impact évités. Ce dernier permettra aux clients de voir les effets négatifs qu’ils ont pu éviter en s’approvisionnant via la plateforme. Concernant son implantation, l’entreprise aimerait se géolocaliser.

«On va se développer sur du glocal, c’est-à-dire penser international mais rester local dans le sens où, si les stocks sont en Europe, on le travaillera uniquement en Europe. Si les stocks sont en Asie, on les travaillera uniquement en Asie. Etc.».

UpTrade, qui croit en la généralisation de l’upcycling, souhaite de tout cœur devenir une vraie source de matières.  

Mélina Koleskas

Mélina Koleskas

Etudiante à l’EDHEC Business School

 Je m’intéresse à la mode, au bien-être social, au développement durable et à l’innovation. Ces domaines m’animent et me motivent lors de projets. 

Reiner: la marketplace de l’upcycling

Reiner: la marketplace de l’upcycling

Mise à jour du 08 février 2022 d’après l’article du 18 mars 2021

Je suis accueillie par Justin l’un des deux cofondateurs de la marketplace Reiner Upcycling. C’est accompagnée d’un café et de chouquettes que j’ai interrogé Justin pour en savoir un peu plus sur leur Marketplace, leurs motivations et leur vision autour de l’upcycling.

Reiner marketplace de l'upcycling

Reiner qu’est-ce que c’est?

Reiner, c’est la première marketplace upcycling qui réunit et accompagne les créateurs de mode upcycling.

Le projet est né d’une volonté de réunir des créateurs avec un savoir-faire unique autour de l’upcycling et de les accompagner dans des problématiques, au-delà de la vente, qui s’étendent du sourcing à la distribution mais aussi l’image de marque.

La marketplace est née à la fin du 1er confinement et le site est officiellement ouvert depuis le 4 septembre 2020. Cela fait par ailleurs 2 ans que nous pensons au projet.

J’ai rencontré Ben, mon collaborateur, il y a 3 ans. Il avait une marque de vêtements streetwear et moi je faisais de la photo. J’ai shooté pour lui. Nous avons tout de suite bien accroché. Il est intelligent, créatif et travailleur. Le constat fut sans appel : nous avons réalisé que beaucoup d’artistes autour de nous – dans la musique, la peinture, le design – avaient du mal à se vendre auprès des entreprises. Comme le sentiment qu’ils étaient incompris quand nous avions la chance d’avoir cette double casquette. Il fallait absolument les aider à se réunir pour pouvoir signer des contrats. Ben était à l’époque chef de projet e-commerce chez Guerlain et moi, j’étais business analyst dans une société d’étude de marché.

Fondateurs Reiner

Notre ambition est de proposer une sélection de pièces de mode avant de vendre de l’éco-responsable dans notre discours, c’est très important.

La dimension créative est au cœur de notre projet, c’est ce qui nous anime.

En moins d’un an, Reiner s’est déjà fait une bonne renommée. Selon vous, quelles sont les raisons de son succès?

Sur la première année de création qui n’est pas encore finie. Je voulais qu’on travaille la crédibilité de l’entreprise, montrer que Reiner est un acteur de la mode upcycling, un acteur qui s’inscrit dans la durée… notamment en nouant des relations avec des partenaires de ce milieu.

Nous sommes contents des résultats sur les réseaux, Le premier event au mois de septembre (Showroom et Pop Up) nous a permis de nous faire connaître. On est arrivé à un moment stratégique, on savait qu’il n’y avait plus de Fashion-Week à cause du Covid, les influenceurs n’avaient plus d’events sur lesquels communiquer et en arrivant à ce moment-là, on a pu faire un petit peu de bruit. Ça dépendait aussi beaucoup des pièces qu’on allait présenter, on a réuni 200 pièces au premier show-room qui était vraiment cool.

Ce qui fait que ça a marché, je pense, c’est ce côté très jeune, très créatif qui parle à une cible très artistique et en recherche de projet avec des valeurs fortes.

Nous, ce qu’on veut, c’est faire des choses sans critiquer ce qui a déjà été fait et de ne pas faire de l’écologie un outil de communication.

On a un discours très authentique. Ce qui plaît je pense, c’est l’honnêteté et la transparence. On est très à l’écoute de nos créateurs. On leur pose beaucoup de questions pour faire évoluer la Marketplace dans le bon sens parce que ce sont eux qui sont au centre du projet.

L’avantage qui est aussi l’inconvénient d’une marque upcycling c’est la rareté de la pièce.

Quelles sont les difficultés à commercialiser de l’upcycling?

La première difficulté, c’est la démocratisation du sujet upcycling. Même si c’est de plus en plus connu, une grande partie des français ne connaissent pas encore.

Il faut aussi faire attention à montrer que l’upcycling ce n’est pas que des pièces complètement farfelues, mais qu’elles peuvent être aussi plus classiques et portables au quotidien.

En termes de production, c’est souvent de la pièce unique ou des petites quantités. Sur une marketplace, il faut mettre en place un catalogue numérique, qui prend du temps aux créateurs. Nous devons donc créer une fiche produit par pièce unique. C’est logiquement un point sur lequel nous souhaitons travailler.

Ce que nous conseillons à nos créateurs? Avoir un catalogue produits qui soit réfléchi avec une collection sustainable – durable – par exemple et des pièces plus «image». Celles-ci peuvent être vendues en quantité limitée sur Reiner.

Quelles sont vos perspectives d’évolution pour Reiner?

Nous avons un plan en tête, mais nous laissons les choses se faire naturellement sans se fermer de portes. Nous sommes en période de test. À ce titre, il est important de comprendre comment le marché évolue, quels acteurs entrent en jeu, quelles opportunités semblent se dessiner…

Nous nous sommes laissé 1 an. En septembre, le bilan viendra puis, l’accélération.

L’enjeu, c’est de devenir LA marketplace d’upcycling. Nous allons continuer de développer notre positionnement premium, élargir notre sélection de vêtements et aussi développer la partie services. Nous souhaitons ainsi aider rapidement les créateurs en proposant un catalogue professionnel regroupant nombre de matières premières à des prix avantageux, des services digitaux et des events de plus en plus réguliers.

À l’avenir, ouvrir à des pays frontaliers pour intégrer des créateurs étrangers est aussi une piste que nous gardons en tête.

Louise Marcaud

Louise Marcaud

Jeune créatrice de mode, mes valeurs sont basées sur l’upcycling et la slow fashion qui m’inspire une esthétique minimaliste. Retrouvez tout mon univers sur www.louisemarcaud.com.