Nous lisons et voyons en ce moment beaucoup d’échanges et d’histoires fantasmées sur la relocalisation de la confection textile.
Voici notre point de vue :
La comparaison de prix est mortifère
Non un article fabriqué en France ne coûtera pas le même prix qu’un article fabriqué en Chine ou en Moldavie en coût de confection. Parce que le salaire mensuel chargé est trois à cinq fois plus élevé. Ni en coût d’exploitation (loyers, charges…).
Il est donc mortifère de tenter d’obtenir ce « même prix » sur le territoire. Cela ne peut conduire qu’à des ateliers misérabilistes aux conditions de sécurité dangereuses.
Oui il faut l’assumer, la production française sera plus chère. Non le coût minute n’est pas de 25€ par heure : le coût minute (prix de la minute vendue à un client) doit comprendre l’intégralité des coûts de l’usine loyer, encadrement, charges, formation, investissements, développement de produits (gradations voire patronages). Il est de 50 à 60 centimes la minute donc 30 à 36€ de l’heure avec des équipes professionnelles dans un atelier aux normes (pas de tas de cartons ou tissus et un système électrique sécurisé).
La production française sera plus chère. De 30% à 300% pour des articles usuels t-shirts chemises ou robes selon le temps nécessaire. Elle sera peut-être de qualité équivalente mais elle sera là. Idéalement répartie sur tout le territoire au plus près des marchés, sans risques de transport ou de guerre géopolitique, sans risque d’exploitation.
Elle sera à proximité capable de travailler en « circuit court » ce qui donne un avantage « zéro risque » très fort dans les années à venir. La proximité permet également de créer plus vite et à moindre coût de meilleurs produits.
Quand les têtes et les mains sont ensemble, les produits sont mieux pensés et conçus jusqu’au bout.
Le volume est mortifère
Il est tout aussi mortifère de tenter de faire des productions à grand volume. Notamment « remplir » des ateliers avec beaucoup de salariés et donc décrocher des subventions à l’emploi. C’est une vue court-termiste qui transforme des personnes sans qualification en robots et met en comparaison forcément défavorable par rapport à l’Europe de l’Est.
La recherche de volume est une stratégie du passé qui conduit à la surproduction, à la démarque de produits à peine portés et encombrants entrepôts et circuits de déchets municipaux. On le voit bien avec le développement des ateliers de la honte à Leicester.
L’avenir est aux productions mieux adaptées à la demande en continu, donc aux ateliers experts agiles capables de fabriquer plusieurs produits et de répondre vite aux demandes (prix, industrialisation, circuit de production). L’avenir est à la formation experte et sur les lieux de production de couturiers polyvalents, à l’utilisation des outils de production numériques.
Il faut changer la répartition de marges et l’expliquer au consommateur
Il faut cesser de multiplier les prix de production par 5 à 10 pour démarquer ensuite 30 à 50% du stock à 50%. Si un T-shirt coûte 10€, vendons le 30€ toute l’année et expliquons toute la chaîne de valeur.
Dépensons moins en coûts inutiles comme de trop grands magasins surstockés ou des organisations compliquées.
Il faut des ateliers répartis experts et créatifs
Créons davantage : les petites séries permettent de prendre plus de petits risques.
La mode de demain est frugale souple et inventive, elle est répartie et en réseau sur tout le territoire. Elle :
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- Intégrera des technologies déjà matures et efficaces de conception coupe et impression numérique ;
- Offrira un lieu de travail évolutif au travail varié, des possibilités créatives et de création de son propre business ;
- S’adapter sans peine à toutes conditions de marchés.
- Intégrera des technologies déjà matures et efficaces de conception coupe et impression numérique ;
Un système à tisser
Les entreprises et les collectivités doivent ensemble bâtir avec les industriels existants. En collaboration avec les fablabs, les tiers lieux, les associations, il faut bâtir un système humain et éco-responsable comme éco-rentable. Il ne faut pas faire revenir les « Sweatshops » sur le territoire. Nous ne devons pas produire du Made in France vendeur dans des conditions au rabais.
Affichez vos convictions et portez un t-shirt éco-conçu en circuit court et dans un rayon de 65km dans les Hauts de France!
FashionGreenHub lance sa première campagne de crowdfunding afin de démontrer qu’un t-shirt 100% éco-local au juste prix est possible.
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Annick Jehanne
Présidente Fashion Green Hub