Alexandre Lemille est expert en mesure d’impact social. Il dirige Anthesis Group (France) dont l’objectif est de répondre aux défis systémiques auxquels les organisations privées ou publiques font face aujourd’hui.
Dans une approche co-créative, le cabinet de conseil Anthesis Group aide ses clients à réduire leur empreinte écologique, à concevoir des produits circulaires et à mettre en œuvre leur réusinage ou reconditionnement. Anthesis Group s’attache à créer de nouvelles expériences pour les clients, citoyens et producteurs. L’accent est mis sur le caractère mesurable des démarches entreprises, notamment en termes d’image et de rentabilité.
Alexandre Lemille est engagé sur les discussions concernant notre prochaine économie avec l’humain en son cœur depuis plus de 10 ans. Il a présenté les enjeux de la régénération lors d’un intervention à l’occassion des Fashion Green Days en avril 2022. En aval de l’évènement, il nous explique en quelques mots ce qu’est l’économie régénératrice.
Qu’est-ce qui caractérise l’économie actuelle?
Nous sommes dans une économie de fausse abondance. De nombreuses ressources sont gaspillées. Les indicateurs utilisés pour mesurer la rentabilité, le succès d’une entreprise ne sont plus les bons. C’est l’environnement qui doit aujourd’hui avoir la priorité.
De nombreux acteurs l’ont compris. Ils mettent en place les principes de l’économie circulaire au sein de leur démarche de production. L’objectif est de limiter au maximum la production de déchets et le gaspillage des ressources.
Pour aller plus loin, il faut ajouter une dimension plus large: la régénération des systèmes. Pour cela, il faut prioriser les systèmes naturels de production.
C’est un changement en profondeur. Dès lors que la mesure du retour « global » sur investissement englobe l’aspect social et environnemental, la démarche fait sens pour l’avenir de l’industrie en général.
De l’économie circulaire, il faut aller vers l’économie régénératrice.
Quelle est la différence entre l’économie circulaire et l’économie régénérative?
L’économie circulaire reste un sujet technique pour l’industrie. On cherche à concevoir un produit en produisant le moins de déchets et de pollution possible.
L’économie régénérative connecte des écosystèmes et des industries différentes. L’objectif commun est de préserver le vivant sur Terre, de faire plus avec des ressources évoluant en symbiose. La démarche est différente. Au lieu de penser en silo, et d’essayer de faire le mieux possible au sein de sa propre industrie, les industries communiquent entre elles.
Pouvez-vous donner un exemple?
L’industrie du textile est intrinsèquement liée à l’industrie de l’agriculture. Demain, au lieu de faire circuler un pull usagé pour qu’il continue d’être porté, on pourrait le composter, pour qu’il engendre des plantes qui nourriront les prochaines générations de population.
Lorsqu’un t-shirt reste ou redevient un t-shirt, on reste dans le vertical, dans un silo. C’est l’économie circulaire. Mais si le t-shirt éco-conçu pour qu’il se retrouve dans un cycle agricole afin de produire du coton ou de l’alimentaire, nous sommes dans une toute autre dimension, celle latérale de l’économie régénérative.
Ainsi, on démultiplie les ressources tout en préservant le vivant. Un produit ne redonne pas un produit, mais engendre 30 produits qui vont à leur tour en engendrer trois fois plus.
Comment mettre en œuvre une mode régénératrice?
La clef, c’est d’utiliser moins pour faire plus différemment. Et pour cela, toutes les industries doivent travailler ensemble, de manière interconnectée, dans l’objectif de préserver le vivant.
Cela implique de nombreux aspects: bannir l’usage de perturbateurs endocriniens, de substances chimiques, se tourner vers des matériaux bio-sourcés, utiliser des énergies plus diffuses, renouvelables…
Cela nécessite surtout de penser de façon latérale plutôt que verticale.
Chaque marque de mode pourrait se dire:
“Je fais pas que du textile, mon article fait partie d’un paysage d’échange de matière et d’énergie dans lequel l’activité autour de mon t-shirt crée de nouvelles ressources.”
Pour y arriver, l’enjeu est de faire travailler ensemble plusieurs industries, par exemple le textile et l’agricole.
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Lors de son intervention aux Fashion Green Days, Alexandre Lemille a expliqué comment les acteurs de la mode peuvent passer d’une économie circulaire où l’on pense “produit” à une économie régénératrice dans lequel le produit devient une pièce d’un puzzle, dont tous les acteurs œuvrent ensemble pour préserver le vivant.
Inscrivez-vous ici pour assister à cette conférence inspirante.
Glynnis Makoundou
Avocat au Barreau de Lyon
Forte de 10 ans d’expérience en tant que juriste e-commerce, créatrice de marque d’accessoires et blogueuse mode, elle a créé en 2022 un cabinet dédié aux entrepreneurs et professionnels du secteur de la mode, qu’elle conseille et représente en droit des affaires, du numérique et de la propriété intellectuelle.