Interview de Florence Krowicki de la CRESS, propos recueillis par Anne-Gwenn Alexandre

Bonjour Florence, vous travaillez à la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) des Pays de Loire. Pouvez-vous nous présenter cet organisme ainsi que ses missions, en particulier pour la filière Mode et Textile ?

La CRESS des Pays de la Loire assure sur le territoire ligérien la représentation, la promotion et le développement de l’Economie Sociale et Solidaire (ESS). Il s’agit notamment de faire connaître et reconnaître les spécificités de l’ESS. Elle accompagne également les entreprises de ce secteur en leur apportant information, appui et expertise en lien avec nos partenaires que sont notamment les réseaux départementaux de l’ESS.

Sans aller trop loin dans les détails, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) est une économie au service des territoires, rassemblant les entreprises qui cherchent à concilier activité économique et utilité sociale. L’ESS rassemble 5 grandes familles d’entreprises, reconnues par la Loi ESS de 2014 : Associations, Coopératives, Mutuelles, Fondations et les Sociétés commerciales de l’ESS.

Dans notre région, une centaine de structures de l’ESS sont impliquées dans le secteur de la Mode et du Textile, comprenant des acteurs sur toute la chaîne de valeur (ateliers de confection, collectif d’artisans-créateurs, vente, collecte, tri, réemploi et préparation au recyclage). Parmi ces acteurs, une soixantaine de recycleries ont été répertoriées sur le territoire ayant un rayon textile. Les structures de l’ESS de notre territoire sont ainsi parties prenantes de la filière Mode et Textile.

En 2019, à la demande des structures du réemploi, la CRESS des Pays de la Loire a démarré l’animation d’une dynamique collective, à partir de deux besoins pour les acteurs ESS de la filière Mode et Textile :
1) Trouver des solutions pour valoriser les produits textiles non réemployables.
2) Travailler avec l’ensemble des acteurs de la filière pour aller vers une filière plus responsable. 

De manière globale, nous pouvons dire que les entreprises de l’ESS ont souvent un rôle précurseur car elles testent des solutions. Pour le cas du réemploi avec, par exemple, la Trocquerie (https://latrocquerie.fr/) est une nouvelle boutique de seconde main. Elle n’affiche pas de prix et fonctionne sur la base d’échanges grâce à un système d’abonnement à la journée, au mois ou à l’année. Les usagers amènent un vêtement et pourront prendre un autre bien en échange. Par cette nouvelle approche de consommation, cette boutique teste et questionne notre rapport au vêtement et l’idée de possession. 

Finalement, plus que des innovations techniques, les acteurs de l’ESS mettent en place des innovations sociales, et la CRESS, avec ces partenaires, têtes de réseaux de l’ESS, les appuie dans leur chemin entrepreneurial spécifique.

 

Quelle est votre mission spécifique au sein de la CRESS ?

Au sein de la CRESS, je suis Cheffe de projet Economie circulaire. Je travaille sur tous les sujets liés à ces problématiques et en particulier sur le développement du réemploi solidaire…

Selon vous, que peuvent apporter les entreprises de l’ESS pour la filière Mode et Textile ?

Les entreprises de l’ESS peuvent bien évidemment apporter leur savoir-faire pour la filière. Elles peuvent aider à la relocalisation de la production de vêtements à travers des ateliers de confection.

Ces ateliers de confection créent de l’emploi inclusif et peuvent former des salarié.es qui peuvent être ensuite recruté.es par d’autres entreprises du territoire. Les acteurs de l’ESS pourront aussi aider à sensibiliser le grand public aux questions de mode responsable à travers des événements grand public par exemple.  

Quelles actions sont à poursuivre ces prochaines années ?

Il s’agit de renforcer les activités des structures de l’ESS. Également, l’objectif va être de travailler à développer le réemploi dans tous les bassins de vie du territoire. Enfin, un axe va être d’amplifier les relations entre les structures « traditionnelles » (entreprises classiques) et les acteurs de l’ESS afin de créer des emplois pérennes sur le territoire tout en allant vers une filière plus responsable.

Pour terminer, de quoi les entreprises de l’ESS ont-elles besoin ?

Les acteurs de l’ESS ont besoin d’être appuyés pour pérenniser leurs activités. Cela peut prendre la forme d’accès au foncier, de soutiens financiers pour lancer des activités par exemple. 

Par ailleurs, REFASHION – qui est l’éco-organisme de la Filière Textile d’habillement, Linge de maison et Chaussure – a mis en place un nouveau dispositif de soutien pour les acteurs de la filière avec le Fonds Réemploi Réutilisation. Ce Fonds se découpe en deux dispositifs : le soutien à la traçabilité pour donner les moyens de mesurer les flux de produits Mode et Textile et les Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI), gérés par les têtes de réseaux ESS les plus impliquées dans la filière à destination de leurs adhérents et affiliés. Les AMI pourront comprendre le financement d’actions de reconditionnement des vêtements pour le réemploi (nettoyage, détachage et réparation) et l’upcycling, l’amélioration des ventes (stratégie commerciale, revente en ligne, améliorations des espaces de vente, boutiques éphémères et/ou itinérantes), la formation (merchandising, reconditionnement et revente 2nde main), la pédagogie (actions de sensibilisation au réemploi) et enfin l’investissement pour la création de nouvelles structures sur la base d’un savoir-faire existant.

Tout l’enjeu est désormais de faire en sorte que ce dispositif réponde aux besoins des entreprises de l’ESS et leur permette de développer le réemploi solidaire. Il s’agit d’un test pour l’avenir !

La Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire (CRESS) des Pays de Loire était présent à la dernière édition des Fashion Green Days à Nantes. Vous n’étiez pas présent ?
Pas de panique, vous pouvez reécouter les conférences et les tables rondes inspirantes qui ont été enregistrées au format PODCAST.
Anne-Gwenn Alexandre

Anne-Gwenn Alexandre

Avocate en Affaires, Compliance et RSE pour les secteurs Textile * Mode * Luxe * Art de vivre

Partager cet article sur :