Les enjeux sont immenses et pressants : décarboner, réduire l’utilisation d’énergie et de matière neuve, massifier le recyclage, mettre en œuvre de nouveaux modèles basés sur les usages et non sur la possession (comme la location et la seconde main), produire davantage en local, œuvrer pour que les conditions de commerce soient identiques à tous les acteurs et se mobiliser pour empêcher les plateformes qui ne respectent aucune loi Européenne de dévorer le marché grâce à leurs algorithmes intrusifs.
Il existe des modèles vertueux et économiquement profitables : aux clients , aux employés, aux territoires car la « dépense locale », basée sur une création et production locale, produit des dépenses sur place.
De plus, les délocalisations ne profitent pas entièrement aux consommateur : beaucoup de produits sont vendus au même prix que s’ils avaient été faits en France (Ex Levis comparé à 1083).
L’offre de Shein et Temu, Ali Express ou Amazon, envahit les marchés en prédateur en s’affranchissant des lois sur les conditions de travail, normes Reach, taxes, douanes, et impôts locaux.
Et Shein continue à vendre des produits pourtant signalés par les Douanes et en théorie rappelés !
Cette «Very Bad fashion » poussée par les algorithmes ne profite pas non plus aux travailleurs des pays producteurs donc les conditions de travail et de capacité de négociation restent identiques, ou sont proche de l’esclavage pour un million de Ouighours.
Le documentaire « Jeunesse-Le Printemps » de WANG BING, primé à Cannes en 2023, décrit la vie sous pression des jeunes employés du textile.
Les délocalisations ont par contre un effet désastreux sur les déchets à traiter par les collectivités avec une inflation de mode jetable de très faible qualité, une mise en danger des structures de réemploi qui voient la possibilité de revendre s’amenuiser, et un effet sur la création d’emplois logistiques très durs et très faiblement rémunérés, une paupérisation des « régions logistiques » très bien décrit par Jérôme Fourquet dans « La France sous nos Yeux » ainsi qu’un engorgement des autoroutes et de villes par des camions livrant des produits à quelques euros.
La relocalisation est plus difficile dans le textile car il est peu robotisé (sauf tricot et tissage) et les coûts d’assemblage (non robotisable ou peu) représentent encore 30 à 40% du prix d’un produit fait en France.
Il est donc nécessaire de compenser un prix plus élevé par d’autres avantages concurrentiels : approvisionnement plus rapide diminuant les risques d’erreurs et le besoin en trésorerie, création, mais également beaucoup par le storytelling des avantages d’un achat local, Francais Européen : pas seulement avec un discours nationaliste mais en mettant en norme sociale les avantages d’une consommation plus réfléchie et productrice d’effets sur l’emploi et la santé des entreprises ici et maintenant.
À lire : EFFETS DE LA RÉINDUSTIALISATION
L’enjeu est donc ECONOMIQUE (garder une filière Mode textile Luxe d’un poids de 150 milliards en bonne santé) autant qu’ECOLOGIQUE (faire baisser drastiquement les impacts de ces filières: carbone, toxicité, atteinte à la biodiversité, exploitation humaine)
La filière industrielle peut augmenter ses capacités de bout en bout (des champs aux vêtements ou chaussures) si elle est considérée comme une filière stratégique.
L’échelle régionale et métropolitaine est intéressante : elle permet de créer un cercle de confiance et de démarrer des projets concrets directement efficaces en peu de temps.
Elle permet de diffuser plus vite les bonnes pratiques entre pairs, et de flécher les aides publiques avec une connaissance forte des projets et acteurs, en imposant la coopération.
Elle permet d’intégrer les Associations, les acteurs de l’Economie sociale et solidaire, les acteurs de la formation, les villes dans une démarche complète traitant tous les sujets.
Elle permet ensemble d’inventer des innovations qui permettent de capter des morceaux de marchés par le haut.
Par exemple en inventant bien davantage de nouveaux produits à partir de déchets textile ou cuir comme le leatherstone ( un biomatériau à base de cuir broyé, de liant naturel et de charge minérale) de HORS STUDIO ou le non tissé de BYSCO qui seront présenté à FASHIONGREENDAYS Nantes, ou les matériaux présentés par LA BOITE BIEN FAITE studio d’Écoconception.
L’échelle régionale permet de « rapprocher » producteurs, marques et grands distributeurs pour « trouver » ensemble des solutions bénéfiques à toute la chaîne de valeur.
Elle permet de concentrer les aides sur des projets à fort potentiel d’emploi direct ou indirect.
Elle doit permettre d’embarquer les usagers de Mode en expliquant les impacts directs de la réindustrialisation, des modèles d’usage, d’une plus grande durée de vie des produits sur les modes de vie.
Du moins et mieux il faut passer au Mieux et Mieux : utiliser autrement son budget annuel non extensible pour acheter mieux et participer à la bonne santé de son territoire.
FASHION GREEN HUB anime des groupes d’acteurs divers en région depuis 2015 et est au service des collectivités qui souhaitent mettre en action leur écosystème.
40 experts peuvent conduire des projets de « mise en mayonnaise » et de structuration de projets communs.
La présence d’un PLATEAU FERTILE est un puissant catalyseur de coopération à Roubaix et à Paris : la proximité et la confiance sont sources d’innovation et de coopération pérennes.
À lire l’article de Benjamin Astier et Michel Labour « Walk the talk « sur PLATEAU FERTILE
Rendez-vous aux Fashion Green Days de Nantes les 16-17 novembre pour découvrir le passionnant Écosystème de l’Ouest !
Annick Jehanne
Présidente Fashion Green Hub France et Vice Présidente ANTL