Depuis 2005, EVEA accompagne les organisations dans l’évaluation de l’impact environnemental et social de leurs produits, services ou activités. Préparation de projets de réduction d’impact, analyses du cycle de vie (ACV), parcours d’éco-conception, communication environnementale, éditions de logiciels, formations…
Nous avons rencontré Solène Postaire, consultante en ACV et en éco-conception chez EVEA, qui nous a détaillé les solutions sur mesure proposées par EVEA, adaptées aux besoins de ses clients dans le secteur textile et mode.
Photo : Benoît Gillet ©EVEA
Évaluation et accompagnement
L’acronyme EVEA est composé de ces 2 éléments, l’évaluation et l’accompagnement : le cabinet de conseil évalue les empreintes environnementales et sociales, puis accompagne ses clients vers des solutions durables, avec des trajectoires engagées.
« Nos services reposent tout d’abord sur la compréhension des enjeux et les objectifs de réduction des impacts de nos clients », précise Solène Postaire. « Nous réalisons des analyses du cycle de vie (ACV), des bilans d’émissions de gaz à effet de serre (BGES), des revues critiques, et nous les aidons aussi à préparer leurs projets (état des lieux, cadrage, brief, plan d’action…). »
Après cette phase d’évaluation, EVEA :
- Délivre des solutions engagées d’éco-conception et d’éco-innovation, à travers l’optimisation (diagnostic et recommandations d’éco-conception), la re-conception (évaluations et évolution de produits existants) et la conception (évaluation et nouveaux concepts)
- Aide à pérenniser le changement à travers des solutions logicielles (comme ASKOR, une plateforme SaaS qui facilite la réalisation des ACV et les démarches d’éco-conception, notamment pour les produits de la mode), des formations dédiées aux professionnels, et un accompagnement de stratégie long terme (trajectoires d’éco-conception et l’intégration de l’éco-conception dans les process et dans les pratiques.)
En 2017, EVEA a affirmé son esprit coopératif en devenant une Scop (Société coopérative et participative). Pour Solène Postaire, « la culture d’entreprise d’EVEA repose sur la gouvernance partagée, la prééminence de la personne humaine, la solidarité et le partage, des valeurs prônées par les Scop ».
Aujourd’hui, EVEA compte près de 150 collaborateurs dont une centaine d’associés, répartis sur les sites de Nantes, Lyon, Troyes et ailleurs en France, notamment à Paris auprès du Plateau Fertile Grand Paris du Fashion Green Hub, dont EVEA est partenaire.
Une équipe dédiée à la mesure des impacts dans le secteur du textile et de la mode
Les consultants d’EVEA sont répartis en différentes équipes dédiées à un secteur en particulier : le bâtiment, le numérique, l’agroalimentaire, la chimie verte, les cosmétiques, les biens et services de consommation, le textile et la mode, pour n’en citer que quelques uns.
L’équipe textile et mode d’EVEA est constituée de 7 personnes spécialistes des enjeux du secteur : des ingénieurs en textile, en matériaux, des chef.fe.s de projet, des designers…
Les enjeux du secteur sont multiples : la règlementation se renforce, le consommateur cherche à en savoir plus sur ce qu’il achète… En France, le secteur est en pleine transition. Se faire accompagner pour anticiper est indispensable.
L’analyse du cycle de vie : un outil d’aide à la décision
Pour mesurer l’empreinte d’un produit textile et pour proposer des pistes d’éco-conception, l’un des outils utilisés par EVEA est l’analyse du cycle de vie (ACV), une méthodologie encadrée par les normes ISO 14040 et ISO 14044.
« L’ACV prend en considération l’ensemble du cycle de vie d’un produit, de l’extraction et de l’acquisition de la matière première, à l’utilisation, au traitement en fin de vie et à l’élimination finale des déchets en passant par la production d’énergie et de matière et la fabrication. Au travers d’une telle perspective systématique, le déplacement de charges environnementales potentielles entre les différentes étapes du cycle de vie ou entre des processus particuliers peut être identifié et évité. »
(Définition issue de la norme ISO 14040 : 4. Description générale de l’analyse du cycle de vie (ACV), 4.1.2 Perspective du cycle de vie)
Source : EVEA
L’ACV environnementale permet d’évaluer l’impact environnemental d’un produit :
- Par le recensement des flux entrants (p. ex. le besoin de matières et d’énergie) et des flux sortants (p. ex. les déchets, les pertes, etc.)
- Tout au long du cycle de vie (de l’extraction de ses matières premières jusqu’à sa fin de vie)
- En prenant en compte tous les composants et toutes les parties prenantes de son système
L’ACV évalue l’impact environnemental sur plusieurs indicateurs. La Commission européenne recommande la méthode PEF, qui permet de calculer les résultats d’impact sur 16 indicateurs :
Les étapes clés d’une ACV sont les suivantes :
- Le cadrage (EVEA et le client) : comprendre la demande du client à travers ses besoins, ses objectifs, et définir ensemble le périmètre du projet, l’unité fonctionnelle…
- La collecte de données (le client ou EVEA) : généralement réalisée par l’entreprise, mais parfois par EVEA), la collecte consiste à collecter les données spécifiques du produit à analyser et son inventaire, autrement dit l’identification de tous les flux entrants et sortants, pour chaque étape de son cycle de vie.
- La modélisation (EVEA) : intégration des données dans des logiciels professionnels (SimaPro, dont EVEA est le distributeur officiel en France ou dans la plateforme ASKOR, conçue et éditée par EVEA), puis extraction des résultats.
- L’analyse et l’interprétation des résultats, l’élaboration de pistes d’éco-conception et la restitution au client (Parfois, une 2e collecte est nécessaire pour affiner les résultats et préciser les analyses).
Ces étapes permettent au client d’obtenir une « photo » des impacts de son produit et une identification fine des principaux enjeux et de leurs origines. Il peut alors passer à la phase d’éco-(re)conception, voire d’innovation de son produit. Il doit cependant rester vigilant et maîtriser les transferts d’impacts à chaque étape du cycle de vie et pour chaque indicateur. Par exemple, le remplacement d’une matière première par une autre peut diminuer les impacts sur les ressources en eau et peut augmenter les impacts sur les ressources fossiles.
Pour Solène Postaire, « l’ACV apporte des résultats quantifiés, c’est la démarche la plus scientifique et normalisée pour l’évaluation environnementale. Cependant, l’exploitation et l’interprétation des résultats peut être délicate. Il faut avoir en tête toutes les hypothèses posées, le périmètre de l’analyse et les choix méthodologiques faits durant la modélisation ».
Elle précise aussi que « l’ACV est un outil très intéressant d’aide à la décision, mais qu’il est à considérer en plus d’autres indicateurs ou analyses qui ne seraient pas encore, ou mal pris en compte dans l’ACV environnementale aujourd’hui (les enjeux sociaux, les rejets de microfibres, etc.). »
Gros plan sur les rejets de microfibres, dont l’impact est encore difficile à mesurer
Les méthodologies évoluent selon l’état des connaissances. De nouvelles catégories d’impacts devraient apparaitre et contribuer à affiner encore plus les résultats, comme la prise en compte des rejets de microplastiques, encouragée par la Commission européenne (cf. projet de directive Green Claims).
Aujourd’hui, certaines matières sont encore difficiles à mesurer sur l’entièreté du cycle de vie : c’est le cas du polyester.
Solène Postaire nous explique par exemple que, si l’on compare les résultats d’ACV de 2 t-shirts (à partir des bases de données et des méthodes de calcul recommandées), un t-shirt en coton issu de l’agriculture biologique aura un résultat d’impact global plus important que son homologue en polyester. Pourquoi ? Parce qu’entre autres éléments, pour un t-shirt en polyester, ni l’impact du relargage de microplastiques, ni l’impact en fin de vie en cas potentiel de mise en décharge sauvage n’auront été pris en compte.
L’impact des rejets de microplastiques sur les écosystèmes est l’un des sujets encore mal pris en compte dans les ACV. Cependant il devrait bientôt faire partie des 8 critères de l’affichage environnemental français, (aux côtés de la consommation d’eau utilisée, de la durabilité physique des textiles, des conditions de production, de l’utilisation de pesticides et de produits chimiques, de la valorisation des matières recyclées, de la valorisation des textiles reconditionnés et de l’impact de la fast fashion).
EVEA, membre du Plastic Footprint Network (PFN), s’intéresse de près au sujet. Solène Postaire met en avant : « En collaboration avec d’autres membres via le PFN, nous participons aux groupes de travail de recherches scientifiques et méthodologiques sur l’empreinte plastique (microplastiques, macroplastiques, postes principaux d’émissions et de fuite dans l’environnement), notamment pour faire avancer le sujet de la prise en compte et de l’intégration de cet indicateur dans les ACV. Nous proposons d’ailleurs depuis 2023 une offre ‘pilote’ Empreinte plastique, qui intègre un maximum de dimensions de la pollution plastique (impacts socioéconomiques, santé humaine, macrodéchets, etc.). La méthodologie de cette offre s’appuie sur les travaux scientifiques récents. »
Les rejets de microplastiques dans le textile sont en constante augmentation, du fait de la part de marché que représentent les tissus synthétiques, mais aussi de la production de vêtements en constante augmentation. Néanmoins, la plupart des études sur les microfibres se sont concentrées sur les effets des fibres synthétiques, alors que les impacts des fibres naturelles et semi-synthétiques sont peu étudiés. Pourtant, lorsqu’elles sont étudiées, les fibres naturelles et semi-synthétiques auraient des effets comparables à ceux de leurs « homologues » synthétiques. (informations issues d’un article publié sur MDPI en novembre 2022 – retrouvez l’article ici )
Pour en savoir plus sur EVEA, découvrez l’interview de Robin Sales, ingénieur conseil ACV et éco-conception chez EVEA lors de la dernière édition des Fashion Tech Days « Innovation et Performance Durable ».