Guénolée Milleret, une auteure et historienne autodidacte au service de la transmission d’un patrimoine iconographique et des savoir-faire !
Après avoir lu le dernier livre de Guénolée Milleret « Les Cousettes du Petit Echo », je ne vois plus – ce que l’on appelle communément aujourd’hui l’upcycling et l’économie circulaire – avec le même regard. Et pour l’entrepreneure et la créatrice que je suis (comme bon nombre peut-être d’entre vous), les héroïnes fictives de ce livre me sont apparues avec émotion, tendresse et admiration comme des modèles de résilience, des pionnières de l’entrepreneuriat au féminin. Forcément les deux facettes de cet « essai fictionnel », comme le décrit son auteur, mode et création, ne pouvait que me ravir.
Ce récit nous plonge et nous ancre avec Manon, Maïalen, Fanny et Simone, ces ouvrières de l’industrie de la couture (les fameuses « cousettes »), créatrices ingénieuses, dans des circonstances avérées et une période mouvementée de l’Histoire. Sur un territoire aussi : pendant la Première guerre mondiale entre Montpellier et Paris ; à Biarritz en 1919 ; de 1927 à 1929 à Châtelaudren ; à Lourmarin en 1936 ; d’Epinal à Saint Etienne pendant la Seconde guerre mondiale, puis à nouveau à Paris au tournant des années 1950. Guénolée Milleret veille à reconstituer un décor réaliste tout en exerçant sa liberté de conteuse dans la retranscription des pensées et des sentiments de ses personnages fictifs à qui elle donne vie.
Cette période n’est pas si lointaine, qu’ont vécue aussi nos grands-mères, époque où se mélangeaient les générations, où les fonds de bonnets servaient de napperons, où l’on taillait sa robe de bal pour aller danser… Grâce à la sienne, couturière domestique, Guénolée Milleret a, sur une autre partie du territoire entre Nantes et Paris, fait l’apprentissage du dessin, de la création ludique avec trois bouts de ruban, du geste. De cette jeunesse joyeuse, elle gardera le souvenir et la notion de « savoir-faire » qui deviendra un sujet de prédilection.
Précurseur, Guénolée Milleret l’a été aussi à sa façon comme ses héroïnes, en exhumant un magnifique corpus de textes et d’illustrations du Petit Echo de la Mode pour l’élaboration de ce récit. Le « grand hebdomadaire féminin » né en 1880, qui tirait à 1 million et demi d’exemplaires par semaine en 1950, est un monument dans la presse française et un record dans la presse papier ! 70 planches illustrent ainsi l’ouvrage, paru en auto-édition en mars dernier.
Au sein de la maison Yves Saint Laurent, Guénolée Milleret a initié et dirigé les archives documentaires. Un travail méticuleux et passionnant.
Passionnée d’images et de dessins, Guénolée Milleret, qui a toujours collectionné les gravures, a fondé et administre en parallèle et en partenariat avec l’Ecole nationale supérieure des Arts Décoratifs où elle enseigne, une banque d’images méticuleusement restaurées : un fonds patrimonial « le Musée de l’Estampe de Mode, d’Architecture et de Design », accessible en ligne et riche de 16 500 documents – estampes de mode, mobilier, vues d’intérieur et d’architecture – du XVIIe siècle aux années 1950 (1).
Ce travail de limier dans la collecte d’informations et d’illustrations lui a fait – et lui fait encore parcourir – la France entière ! Du nord au sud, d’est en ouest, notamment à la rencontre des libraires et de collectionneurs, auprès desquels elle déniche des ouvrages inconnus du grand public comme d’un public plus averti, pour nous transmettre sa passion du dessin (elle a dessiné toute son enfance), de l’Histoire et de la mode. Guénolée Milleret participe à de nombreuses dédicaces, et dans un souci de transmission, n’hésite pas à passer la porte des ateliers ou d’écoles – de mode ou de design – pour parler des « savoir-faire » aux étudiants qui réfléchissent à la mode éthique et responsable.
« L’histoire de la mode n’est pas une histoire d’invention, mais une tradition de transmission. De génération en génération, les marchands de mode et les couturières, puis les confectionneurs et grands couturiers jusqu’aux créateurs et designers d’aujourd’hui : tous transmettent leur savoir-faire et leur interprétation de la mode, qui constituent un fabuleux patrimoine incessamment renouvelé.«
Guénolée Milleret sera le 28 juin à Roubaix, l’invitée de l’un des tout premiers Talks « EsTHétIQUEs ? Corps à la mode au XXe siècle » en ouverture des Fashion Green Days sur le thème « Des Humains et des Modes » à l’école ENSAIT. Avec cette même approche historique et dans un format assez court, elle amènera notre regard vers ce XXe siècle où tout a basculé : les modes de fabrication, la quête du confort, l’émancipation de la femme, jusqu’à la fast fashion, et y interrogera les différentes expériences du corps à la mode et la manière dont nous portons les vêtements.
Un format bien trop court pour couvrir l’ensemble du sujet ! Mais qui nous appelle à lire d’autres ouvrages (2) et à venir à la rencontre d’une historienne et d’une femme étonnante !
Retrouvez également Guénolée Milleret au Plateau Fertile Paris, mercredi 5 juillet de 19h à 21h, à l’occasion du 5ème Open Talk «LES COUSETTES DU PETIT ÉCHO : PIONNIÈRES DE LA MODE CIRCULAIRE».
(1) Accès sur abonnement et sur demande à l’intégralité de la collection Guenomiller www.imagesguenomiller.com.
(2 ) Bibliographie :
- « Les vitrines du luxe »
- « L’atelier du brodeur »
- « Les folles heures de la vie d’une parisienne »
- « Haute Couture »
Véronique JUILLET
Fondatrice de Marthe Paris
Après un début de carrière dans un cabinet de recrutement, poursuivie dans un groupe de presse féminine puis le milieu associatif en tant que professionnelle de l’information et de la communication, Véronique Juillet prends un virage à 180 degrés pour se lancer dans l’entreprenariat avec la confection en écoconception de robes et blouses urbaines personnalisables en matières naturelles vierges, recyclées ou revalorisées (laine, lin, chanvre) destinées aux femmes actives qui cherchent une bonne longueur de jupe, confort et élégance en toutes circonstances. Des pièces intemporelles à la commande, « taillées dans la matière, taillées pour durer » !