Interview Muriel Robine

C’est en juin 2013 que l’association Cover Dressing a vu le jour. Et pour ses 10 ans, l’association change de nom et devient l’Institut de la Mode Inclusive ! 

Tout commence avec un objectif. Aider les personnes ayant un handicap ou une spécificité à trouver des vêtements qui leur conviennent. Le constat est que beaucoup de vêtements de prêt-à-porter peuvent être adaptés à ces personnes. Mais il faut les trouver …. Les conseillers et conseillères de vente ne sont pas formé·es. Il faut donc fouiller, seul, prendre beaucoup de temps et avoir de la chance pour trouver un habit approprié.

Cover Dressing (maintenant l’IMI) se donne donc la mission de développer le label “Bien-à-porter” qui indiquerait sur chaque vêtement pour quelle spécificité il serait adapté. Mais la réalité revient vite mettre des bâtons dans les roues à cette ambitieuse initiative. Cela demande un vrai travail de fourmis pour une si petite structure et les grandes enseignes ne coopèrent pas ou très peu.

Muriel Robine et son équipe ne perdent pas espoir et se réorientent. C’est en s’adressant directement à la source que les choses peuvent évoluer. L’association met alors son expertise au service des marques de prêt à porter avec des ateliers de sensibilisation. L’intérêt ? Donner à l’équipe créa un socle de connaissances et une conscientisation pour intégrer dans leur créations des éléments adaptés. 

Le Labo, un centre d’enquêtes et d’observation, nourrit ces ateliers. Pour chaque pathologies c’est plus de 250 personnes qui sont interrogées. Problématiques d’habillement dues aux symptômes, aux traitements, aux parcours de soin. Tout y passe. Les enquêtes sont les plus précises possible pour comprendre des plus grosses aux plus petites difficultés. Complétées par des collaborations avec des utilisateur·ices, des associations de patient·es, des kinés et des ergothérapeutes, les membres de l’Institut de la Mode Inclusive deviennent de véritables experts. 

C’est ainsi qu’un beau partenariat s’est mis en place avec Darjeeling Lingerie. Grâce à des échanges pointilleux et de nombreux tests de prototypes, Darjeeling a mis en vente un soutien-gorge sans armature avec un système d’ouverture à l’avant et des bretelles réglables avec un scratch. Il est notamment adapté aux personnes à mobilité réduite ayant le syndrome d’Ehlers Danlos. Ou encore avec Promod qui a sorti la collection “Boutique Rose” pour les femmes atteintes d’un cancer du sein.

Muriel ne s’arrête pas là. Deux applications sont en cours de développement. La première prévue pour l’automne proposera des formations en ligne interactives avec plusieurs modules. Elle sera destinée aux conseillers et conseillères de ventes pour les sensibiliser aux différentes spécificités de leurs clients et clientes. En effet c’est 4 client·es potentiel·les sur 10 atteint·es de maladies chroniques et durables, qui peuvent rencontrer des difficultés d’habillement et auraient besoin de conseils. La seconde sera le relai du site Bien à porter actuel qui recense des vêtements adaptés. Elle sera alimentée par les utilisateur·ices afin d’avoir un large choix de produits.

Un podcast va également voir le jour pour sensibiliser et échanger avec des patient·es, du personnel soignant, des conseillers et conseillères de ventes, des stylistes ou encore des associations de patient·es. 

Vous l’aurez compris Muriel Robine est déterminée à faire bouger les choses. D’après elle, «le sujet est politique. Le prêt à porter est la clef “pour craquer les coutures”, pour accueillir les corps et les façons d’être. Il faut renouer avec l’origine du vêtement et construire un pont entre le corps santé et le corps mode». D’après elle, il est encore difficile de faire comprendre les actions de l’association. Pourtant c’est une véritable expertise au service des grandes marques de prêt à porter qu’elle propose.

Pour soutenir l’IMI et en apprendre plus sur toutes ces initiatives qui humanisent l’industrie de la mode, rendez-vous au Fashion Green Days le 28 et 29 juin 2023.