Mondial Tissus veste en tissu recyclé, fabriqu
Julien Faure

Entreprise du patrimoine vivant, les rubans Julien Faure ont une longue histoire à dérouler et le bon sens d’autrefois devient un atout certain dans le monde d’aujourd’hui: on ne jette rien chez le créateur et l’on cherche à faire mieux.

Installée près de Saint-Etienne depuis 1864, la maison a connu des hauts et des bas. Que ce soit des crises sévères et des remises en question, comme toute la filière textile française…

«2014 a été un tournant pour nous, explique Julien Faure, le dirigeant. Nous avons choisi de nous concentrer sur la fabrication des rubans, notre savoir-faire d’origine, un savoir-faire d’excellence, en abandonnant le tissu jacquard qui nous faisait perdre de l’argent. Et nous nous sommes recentrés sur la clientèle de luxe. Avec l’essor du luxe, la volonté de fabriquer en France est revenue. C’était ringard pendant 20 ans; le monde a changé. Les clients viennent voir notre travail. Les maisons pour lesquelles nous produisons, viennent faire des reportages chez nous. Certaines nous font bénéficier de leur prestige, c’est important. Le made in France reverdit.

J’ai l’impression que le textile en France est une industrie d’avenir. Alors qu’il y a quelques années, c’était une industrie has been.

Les nouvelles marques françaises comme le slip français ou 1083 ont déclaré ouvertement fabriquer en France. Ils ont eu du mal à trouver des fournisseurs. Ils se sont battus et par effet d’entraînement, c’est tout un écosystème qui se développe

 

Et l’environnement dans cette histoire?

«Nous avons conservé les pratiques anciennes. Nos anciens étaient naturellement responsables, ils ne jetaient pas, n’emballaient pas n’importe comment. Nos enveloppes kraft pour expédier nos rubans sont cousues avec un fil depuis toujours. On a gardé la machine et la pratique ; c’est un atout maintenant! Notre ruban gros grain est enroulé tout simplement sur une bague cartonnée et expédiée comme cela. Pas de suremballage, ce sont des petits détails que l’on ne va pas changer.

Nous n’avons pas attendu les certifications pour bien traiter nos personnels par exemple ou travailler en circuit court. Nous n’achetons pas notre matière première en France parce qu’elle n’y est plus produite, mais là où elle se trouve. Par contre, le moulinage et la teinture se font près d’ici. Nous avons la certification GOTS pour la soie et le coton. Nous sommes également labellisés France Terre Textile et Entreprise du Patrimoine Vivant. On utilise la viscose issue de forêts FSC avec un fournisseur européen. Pour limiter les transports, nous livrons directement chez les sous-traitants des marques, souvent en Italie.»

Julien Faure présente son activité comme de l’artisanat industriel. Elle se définit par peu de perte et une grande durée de vie des produits. Les déchets de fils sont mis en sacs retraités par contrat avec un gestionnaire de déchets industriels.

 

Des voies de progrès

«J’aimerais trouver un circuit de transformation locale des rubans non vendables en fil. Nous recherchons des partenaires pour le retraitement des déchets de soie. Il y a des projets mais ils ne sont pas encore au point. Nos rubans sont souvent 100% soie ou 100% d’une autre matière.»

 

Pour le chef d’entreprise, le second point à traiter est celui de la formation.

«En production, nous n’avons plus les savoir-faire et nous n’avons plus de formateurs en ourdissage, en tissage. Il nous faut former nous-même les personnes.

J’ai la demande mais je n’ai plus assez d’offre. On a investi dans un outil performant. On a automatisé certaines tâches tout en conservant la façon de fabriquer, mais nous sommes contraints par la production. Nous sommes une petite équipe, une quarantaine de salariés avec un volume de travail en forte augmentation.»

Ce qui est nouveau et encourageant, c’est de constater que des jeunes veulent travailler dans le textile aujourd’hui, explique Julien Faure.

 

«Nous avons des ingénieurs textile qui viennent en stage chez nous. Je m’attends à une forte tension dans l’offre de formation.

L’industrie textile a failli mourir, il va falloir arroser beaucoup l’arbre aux jeunes pousses!»

Et ça tombe bien! Les Fashion Green Days sont l’occassion de fertiliser le terreau de la mode circulaire et l’entreprise Julien Faure nous soutient.

 

 

 

 

Sylvie Bourgougnon

Sylvie Bourgougnon

Créatrice de la marque Griffe de Louves, l’art du slouve en kimono.

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