Mondial Tissus veste en tissu recyclé, fabriqu

Selon la dernière note d’opportunité de la CRESS (Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire) de la région AuRA, la mode circulaire est un secteur particulièrement dynamique et intrinséquement lié à l’économie sociale et solidaire. Dans les activités de réemploi, de tri, de collecte, de recyclage et d’upcycling de TLC usagées, en 2021, 240 acteurs ont été recensés. Parmi lesquels, il existe une diversité d’organisation: entreprises d’insertions, ressourceries, associations caritatives, ou de sensibilisation. En parallèle, 851 entreprises traditionnelles de fabrication de textile, linge de maison et chaussures sont implantés parfois depuis longtemps sur le territoire, représentant plus de 22 000 emplois. Pour y voir plus clair sur ce secteur en plein essor, nous avons intérrogé Violayne Le Borgne, responsable économie circulaire et transition écologique, au sein de la CRESS AuRA.

En tant qu’observatrice de l’économie sociale et solidaire, quelle place la mode circulaire occupe-t-elle?

« La filière textile fait parti des filières les plus dynamiques de l’économie sociale et solidaire et de la durabilité. Chaque jour, nous voyons passer de nouveaux porteurs de projets que nous accompagnons dans la durée. Nous réalisons une veille et avons une attention particulière dans l’appui au collectif d’acteurs. La note que nous avons publié, en 2022, vient témoigner de ce développement important (op.cit.).

Historiquement, le réseau des ressourceries, membre de la CRESS, a eu un rôle pionnier en matière de collecte, de réemploi y compris textile. Le point fort est que nous avons beaucoup d’acteurs du réemploi, du recyclage, etc. La plupart d’entre eux ont choisi l’économie sociale et solidaire comme mode d’organisation. Ce qui veut dire aujourd’hui que l’économie circulaire ne peut se faire, dans notre région, sans l’économie sociale et solidaire. Ces organisations ont un rôle majeur dans la réduction des déchets et sont présents en milieu urbain comme en milieu rural avec des spécificités. Par exemple, en milieu rural, nous observons des initiatives « multiflux » qui proposent des solutions de valorisations pour tous types de biens d’équipements (textile, objets, etc.) »

Quels sont les enjeux pour la mode circulaire en AuRA?

« Deux enjeux peuvent être identifier. Premièrement, comment augmenter le volume de textile collecté ? Seulement 40% aujourd’hui des textiles sont collectés. Il y a des gisements partout. Qu’il s’agisse des invendus, des stocks dormants, des chutes de tissus, … Capter ce gisement permettrait de diversifier les flux et de les rendre plus qualitatifs. Car aujourd’hui avec la conccurence des sites internet dédiés au réemploi, la qualité du gisement de textile collectée s’est détériorée. Par ailleurs, il y a par exemple des difficultés pour assurer le stockage des matières collectées par manque d’espace. Deuxièmement, il faut améliorer les solutions locales de valorisation. Aujourd’hui, comme partout en France, une partie des textiles collectées est exportée. Les débouchés locaux doivent se développer. Beaucoup d’initiatives émergentes concernent l’upcycling, la vente de vêtements de seconde main avec des boutiques à l’approche renouvelée (concept store). »

Comment contribuez-vous à répondre à ces deux enjeux?

« Pour répondre à ces deux enjeux, plusieurs leviers sont activés.

Le premier levier est l’appui au porteurs de projets .

Le deuxième levier est l’accompagnement pour une plus grande structuration de la filière du recyclage afin de changer d’échelle en matière de volume collectée et traitée. Ce changement d’échelle devrait permettre d’étendre le spectre des débouchés en particulier pour le recyclage industriel. Car en dessous d’un certain seuil, d’un certain tonnage, on ne peut pas intéresser les industriels qui refont du fil et du tissu à partir de textile.

Le troisième levier est la création de coopération entre la filière de la fabrication et celle du recyclage, pour augmenter l’usage des textiles usagés ou dormants par les entreprises concernées et pour augmenter et améliorer la qualité des gisements.

En d’autres termes, comment les excédents de l’un peuvent devenir les matières premières de l’autre ? Et inversément. Nous nous intéressons également à l’écoconception et aux modèles économiques alternatifs qui permettent de réduire les déchets à la source. Dans nos missions, au travers de rencontres et d’ateliers, nous favorisons le développement de ces coopérations et valorisons les initiatives issues de l’ESS. C’est pour cela que nous participons aux Fashion Green Days AuRA. »

Majdouline Sbai

Majdouline Sbai

Vice-présidente Fashion Green Hub

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