Fashion Green Hub s’engage par l’action. Des Solutions concrètes pour des changements immédiats

Entretien avec Majdouline Sbai, vice-présidente de Fashion Green Hub et pilote des quatre premiers groupes de travail : Plastique – Lin – Mesurer la mode et Upcycling.

Majdouline Sbai

Originaire de Roubaix, Majdouline Sbai a rejoint l’association Fashion Green Hub quelques mois après sa création. Elle souhaitait mettre toute son expertise au service du changement. Sociologue de l’environnement, diplômée de Science Politique et d’ingénierie en environnement, Majdouline est une femme d’action. Animée par la transition écologique, elle a exercé dans le domaine de la reconversion des territoires  et l’aménagement pour les villes durables. Depuis 5 ans, elle travaille sur la question de l’accompagnement de la transition dans la filière mode et habillement. Par ailleurs, elle est à l’origine des 4 groupes de travail de Fashion Green Hub.

Majdouline Sbai

Pourquoi des groupes de travail?

Depuis sa création, notre association recherche des solutions prêtes à l’emploi pour relever les défis liés à la transition écologique dans la filière mode et habillement. Sur certains sujets, les solutions opérationnelles n’existent pas. Il faut les développer. 

Comment réduire les emballages et les matières plastiques non réutilisables dans la filière? Comment augmenter l’usage du lin à la place du coton et du polyester? Dans quelles conditions utiliser les indicateurs environnementaux pour prendre les  bonnes décisions? Comment généraliser l’usage de matières dormantes? Quand les problématiques sont identifiées, certaines entreprises choisissent de se regrouper pour imaginer ensemble des solutions concrètes (re)utilisables ensuite par tous. 

C’est l’objectif des groupes de travail : Réunir des entreprises et des experts pour construire ensemble des procédés innovants. 

4 groupes de travail existent en 2021: 

  • le groupe Plastique coordonné par Anthony Jaugeard. Il s’est donné pour but de trouver des solutions pour réduire la pollution plastique dans la filière mode et textile de maison;
  • un groupe Lin coordonné par Isabelle Dayde a pour mission de contribuer à construire un circuit court du lin 100% Hauts de France;
  • le groupe Mesurer la mode coordonné par Sandra Wielfaert travaille sur différents indicateurs autour de la plus-value environnementale;
  • et le groupe Upcycling par Frédéric Fournier explore la généralisation et la normalisation du recours à l’upcycling.

«Chaque groupe de travail a pour but de répondre aux enjeux clairement exprimés par les membres de l’association pour produire des solutions concrètes.»

Les principes de la recherche-action:

Basées sur le principe de la recherche-action, Majdouline Sbai a mis en place des méthodes de travail pour piloter ces quatre groupes.

Étape 1:un diagnostic de la situation

Le travail débute par un état des lieux.

«Prenons l’exemple de la réduction des emballages plastiques dans la filière d’approvisionnement. Aujourd’hui, il n’existe aucune solution simple pour les réduire, ni pour réduire les cintres jetables, et de manière plus générale, il n’existe aucune solution simple pour réduite l’utilisation du plastique non réutilisable.»

Étape 2:un partage de connaissances

Tous d’abord, il faut réinscrire la problématique donnée dans une vision globale.

« Pour rester sur notre exemple, cela pourrait être l’impact du plastique à l’échelle planétaire. »

Des analyses plus larges sont alors apportées au débat, des expertises extérieures,  et même des retours d’expériences menées ailleurs.

«Ensuite, chaque entreprise expose sa propre situation, à savoir comment par exemple celle-ci utilise le plastique. Ou encore, pour le groupe Lin, dans quelle mesure elle accompagne l’évolution du marché vers l’usage du lin. Mais aussi, pour le groupe Mesurer la mode, si elle éco-conçoit ou éco-designe. Pour finir, pour le groupe Upcycling, comment elle re utilise ses matières dormantes, si elle recycle etc.»

Chaque entreprise passe donc en revue ses process afin que le groupe puisse étudier collectivement les pistes pour résoudre les problèmes énoncés. 

Enfin, le groupe se répartit les solutions concrètes à tester.

Étape 3:des tests en temps réels ou POC

Chaque entreprise teste la solution qui lui est désignée et, remonte ses conclusions au groupe. Ceci permet de démultiplier les tests et donc forcément d’accélérer le changement. C’est le point le plus important. C’est ce qui est appelé le POC, proof of concept.

«Plus précisément, si une entreprise a pour mission de tester un emballage kraft pour la vente à distance, il est ainsi convenu que cette entreprise va tester ce type d’emballage très précis, avec un grammage spécifique afin de pouvoir ensuite auditer l’impact de cet emballage sur la chaîne de ses utilisateurs y compris le client final.»

Étape 4:la synthèse coûts/avantages 

Chaque solution testée est évaluée sur son « rendement écologique et économique » 

«Cette méthode de travail permet d’analyser toutes les alternatives et de vérifier ce que chaque solution produit effectivement, jusqu’à la perception même du client.»

Plus qu’un laboratoire géant, c’est véritablement un studio de sourcing d’innovation et d’expérimentation, que Majdouline Sbai a su mettre en place.

Grâce à ce travail collaboratif, des solutions agiles pour prendre des décisions et informer les clients, sont développées par les quatre groupes de travail.

Des résultats déjà visibles

Chaque groupe s’est déterminé son propre mode de restitution, soit, des livrables en lien direct avec les besoins de départ. Ainsi, le groupe Plastique, premier groupe formé et donc le plus avancé, s’apprête à publier 4 livres blancs. Le premier sera dévoilé en juin prochain. De son côté, le groupe Lin s’attèle notamment à la création d’une cartographie des acteurs de la filière. Autant d’outils précieux et utiles pour tous, que tous pourront utilisés.

 

Enfin, grâce à la recherche-action qui permet de développer des connaissances et des savoir-faire nouveaux de manière pragmatique, l’initiative de Majdouline Sbai a permit l’open source et la collaboration entre entreprises pour produire des changements immédiats. Les 4 groupes mesurent déjà leurs impacts positifs. Notons que les résultats du groupe Plastique sont impressionnants. En effet, les entreprises employant les nouveaux process sont à – 30% d’emballage plastique non réutilisable par an en moyenne. 

«le vrai sujet de Fashion Green Hub, est, au de-là d’être un think tank, c’est d’être opérationnel.»-Majdouline Sbai

Et nous, nous vous donnons rendez-vous en juin pour découvrir le premier livre blanc sur le plastique non réutilisable.

Groupe de travail mode sans plastique
Anne Vogt-Bordure

Anne Vogt-Bordure

Fondatrice et Curatrice de La Suite Jenny Sacerdote

En 2018 qu’Anne Vogt-Bordure décide de relancer la célèbre maison de couture par Jenny Sacerdote. Jenny Sacerdote, est fondée en 1909, est la 2e femme en France à recevoir la Légion d’honneur pour ses services rendus à la couture. 

Anne Vogt-Bordure travaille en mode start’up, designe en 2D et 3D. De plus, elle fabrique à Paris dans des matériaux sourcés éco-responsables et/ou en upcycling.

 

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