Article extrait de la revue Hummade #3 et rédigé par Catherine Dauriac.
Lancée sur Instagram le 18 août 2016 par La Fabrique Idéale, la notion d’#autonomievestimentaire propose de reprendre la main sur l’hyper consommation, à l’instar des concepts d’autonomie alimentaire et énergétique, pour une transition douce vers une indépendance retrouvée. Le bonheur de faire dans une philosophie zéro déchet, la puissance des makers dans la douceur d’une mode libre.
Résumé des épisodes précédents :
- La Fabrique Idéale et la Réparation (Hummade #1).
- Sondès Louati Jarraya, un sur-mesure réinventé (Hummade #2).
« Ne doutez jamais qu’un petit nombre de citoyens volontaires et réfléchis peut changer le monde ; en fait, cela se passe toujours ainsi. »
Margaret Mead

Fashion Green Hub, l’écosystème de la mode agile
Tout a commencé en 2017 avec les Fashion Tech Days, un programme de conférences autour de la fashion tech. Annick Jehanne, Présidente de l’association, étudiait alors une proposition de formations autour des métiers de la mode (Hubmode). Elle réunit alors pour deux jours des professionnels du secteur au sein du CETI. Elle lance les échanges qui deviendront par la suite un rendez-vous annuel.
Avec Majdouline Sbai (Sociologue et Vice-Présidente qui pilote les Fashion Green Days – 700 inscrits à chaque édition), elles étendent depuis le questionnement à d’autres sujets cruciaux de l’industrie. Avec Fashion Green Mind, un think tank qui partage le savoir d’experts, une production de nouvelles connaissances inter-entreprises est présente là où il n’y en a pas. C’est l’exemple avec le lancement de nouveaux produits, le business model, adaptés au besoin des entreprises, de manière collaborative et en open source… Aujourd’hui, sont créés un groupe sur le lin, l’upcycling, le zéro plastique. Avec la pandémie et le boom du digital, ces rendez-vous sont aujourd’hui suivis à distance par des centaines de personnes. Et, ils apportent plusieurs fois par an des réponses aux questions qui se posent. C’est notamment le cas sur les avancées vers plus d’écoresponsabilité dans un secteur qui subit la crise sanitaire de plein fouet.
L’Association Fashion Green Hub (FGH) compte aujourd’hui plus de 300 adhérents actifs. Et elle se déploie à Roubaix, Lyon et Paris via les Cafés Fertiles orchestrés par ses membres. Grands groupes compris.




L’Atelier Agile
Guillaume Aélion en charge de l’Atelier Agile
Guillaume Aélion (transfuge de la construction industrielle et de l’accompagnement digital des chefs d’entreprise), passionné par l’humain, s’inscrit dans la durée avec FGH, après le premier confinement et la fabrication des masques pour les soignants avec le projet Résilience. Aujourd’hui en charge de l’Atelier Agile, un atelier local duplicable, entièrement automatique en industrie 4.0, mutualisé avec un programme ambitieux. Redévelopper les compétences et les savoir-faire, produire et relocaliser en France.
On aura gagné quand d’autres créeront des ateliers agiles ailleurs.
Soutenu par plusieurs acteurs de l’industrie, ce démonstrateur de mode circulaire à la demande intègre l’utilisation de matières recyclées et autres stocks dormants des marques. Il y associe une unité de production 3D et une très grosse imprimante numérique et écologique qui permet d’imprimer 80% des tissus existants. Le programme (attendu pour septembre 2021) est à destination des marques et enseignes qui souhaitent réutiliser leurs invendus. Il s’adresse aussi aux entreprises plus petites qui peuvent commander le prototypage de leurs collections ou des collections capsule. Et ceux, dans un délai raccourci à 7 jours.
Frédérique Aplincourt développe des projets créateurs et d’upcycling
Une des missions phares de FGH, et un travail coordonné par Frédérique Aplincourt (ancienne modéliste et patronnière Homme/Femme, cuir et maille dans plusieurs marques de prêt-à-porter comme Bidermann et Camaïeu, RSE chez Cyrillus, Morpho chez Balzamik, …) au sein de Plateau Fertile. Elle y développe à la fois des projets avec les créateurs (La Vie Est Belt) et des projets d’upcycling avec les marques partenaires comme Blancheporte, qui revalorise ses fins de stocks de draps dans une ligne de sacs ou d’étuis d’ordinateurs.
« Notre vocation c’est de travailler avec les centrales sur leur réflexion générale Zéro Waste et leurs stocks dormants. »
Frédérique Aplincourt
Plateau Fertile mène également une mission de formation et d’accompagnement. En partenariat avec Pôle Emploi, des personnes en insertion peuvent ensuite être embauchées au sein de Plateau Fertile. Cette mission est en évolution permanente et pourra aussi être développée avec des façonniers qui n’ont pas de bureau d’études.


Campus
Au cœur du dispositif, les formations 2D et 3D permettent de partager les savoir-faire. En effet, les Fashion Green Business ont démarré au printemps 2021, avec succès. Une deuxième session est déjà prévue en septembre. Menée par 12 coachs extraordinaires issus de différents métiers de la mode, de l’opérationnel à la communication en passant par les experts matières, les sessions sont ouvertes aux porteurs de projets et aux jeunes marques créatives qui veulent apprendre vite et dans des situations pratiques.

À venir, une formation plus longue de 4 mois. Elle est destinée aux couturier.ère.s qui souhaitent travailler l’upcycling, suivie de promesses d’embauche directement dans l’atelier ou dans des ESAT par exemple. Aujourd’hui, il existe une demande exponentielle dans le textile et, pourtant, des CFA ferment. Il faut rafraîchir les formations, les alléger, les rendre accessibles et booster les ateliers qui travaillent sur le Made in France. C’est ce que nous allons faire dès la rentrée 2021.
D’autres projets vers les écoles sont à l’étude, de la réflexion à la création d’une marque de t-shirts. Par exemple, comme le projet EQUALITY avec un groupe de lycéen.ne.s de Watreloos qui travaillent sur l’égalité des sexes.

Fashion Green Hub : une économie symbiotique
Fashion Green Hub est un exemple parfait de ce que l’économique symbiotique. Roubaix prône dans ses objectifs de transition : régénérer les ressources sociales sur un territoire donné, régénérer les ressources matières (tissus et fibres) et économiques en créant un tiers-lieu. Cette innovation profite aussi bien aux gros acteurs du textile qu’aux petits ateliers de confection, favoriser des fibres positives pour les sols. Et la gouvernance partagée profite à tous. Ils créent un système réplicable dans n’importe quel territoire avec une contribution commune. Sûrement une des meilleures alternatives à ce que nous préparent Amazon ou Alibaba au niveau de la mode personnalisée.
En 2021, les événements Fashion Green Days se sont accélérés : « Fast & Green » en janvier dernier, « Upcycler la mode » en mars, 2 événements à suivre (« Territoires Fabricants » en octobre, puis un Fashion Tech Day « Mode Virtuelle » 100% virtuel en novembre prochain). Save date !

Upcycling et produits propres
Après leur campagne participative qui mettait en valeur, sous l’égide d’Arielle Levy (Vice-présidente), une collection de t-shirts produits à Roubaix dans des matières responsables, FGH se projette dans l’avenir avec un projet ambitieux. Créer ses propres objets mode et hors-mode, et les vendre, notamment via la marketplace mise en place à Noël 2020.
Crédits photos : Anne-Laure Eustache, Yu Ledoux et équipe communication.
Source : L’Économie Symbiotique, Isabelle Delannoy, Actes Sud, 2017.

Catherine Dauriac
Rédactrice en chef adjointe de la revue Hummade et présidente de Fashion Revolution France
Portrait de Catherine Dauriac réalisé par Fabrice Jonas disponible ici.