Avant d’être des tee-shirts engagés pour la mode durable, ils étaient matières… Petite histoire d’une conception inédite entre Ch’tis. Un dialogue qui fait bouger les fils. Épisode 1 avec Arielle Levy, pilote de Fashion Green Lab.

 

Ici, pas de dialogue virtuel mais une rencontre bien réelle entre Fashion Green Lab et Manufacture Française de Textile, plus exactement entre Arielle Levy et Karine Blanchot. Des oreilles grandes ouvertes, des yeux pour tout observer, des mains pour toucher, des cerveaux droits et gauches pour phosphorer et trouver la solution. Quelle solution ?  Réaliser un tee-shirt éco-local, un beau produit, made in Nord, à un prix d’entrée de gamme, avec un rapport qualité/prix cohérent et juste.

Pour Arielle, tout a commencé sur le stand MFT (Manufacture Française de Textile) du salon Made in France où elle a pu toucher les différentes matières travaillées par l’entreprise. L’écoute sensible de Karine a permis d’amorcer le dialogue.

Karine a compris où je voulais aller : réaliser un teeshirt cocooning, bien fini, créer du bien-être et le faire localement. Un projet, c’est d’abord une rencontre humaine, comme quand on discute avec son maraîcher des légumes que l’on a envie de cuisiner. C’est un dialogue industriel créatif où l’on part de la matière avec le souci de la transparence et du zéro déchet.

Matière, es-tu là ?

La matière, c’est l’esprit du vêtement, son ADN, son histoire, son identité profonde. « Tout part de la matière » explique Arielle. C’est pourquoi elle a pris le temps d’explorer, de questionner, de tester, toucher, soupeser, modéliser, avec toute l’équipe du Plateau fertile… et bien évidemment en lien étroit avec son fournisseur. Ce cheminement de plusieurs mois, c’est Arielle qui le raconte aujourd’hui et la semaine prochaine, l’équipe de MFT prendra le relais. Lin du nord, tencel, laine, coton bio, viscose recyclée, quel mariage serait le plus heureux?

champ de coton
bobine de fil de laine

Ce dialogue vous a- t- il amené à évoluer ou à innover?

Au début, l’idée était d’utiliser des fins de rouleaux de jersey. Nous avons identifié des fabricants, réalisé des tests et nous avons finalement choisi de produire les matières que nous avons travaillé avec MFT. J’avais le tencel en tête, puis mon choix a évolué vers la viscose recyclée que MFT fabrique dans son usine. Et je voulais une matière naturelle pour l’authenticité, pour voir les fils, les aspérités. Le lin du nord s’est imposé. Et on a intégré un minimum d’élasthanne. Viscose, lin, laine, coton bio : c’est le charme des mélanges qui crée une bonne matière, son toucher, son aspect plus ou moins soyeux, sa douceur…  Ce travail a permis aussi à notre atelier du Plateau Fertile de monter en compétences.

Des difficultés dans cette collaboration?

« Aucune ! » s’exclame « la rieuse designeuse ». C’est le dialogue qui a permis de trouver la bonne matière et de prendre en compte toute la chaîne de valeur. En fonction de la laize, on optimise le placement du tee-shirt pour limiter les pertes. Le modélisme prend en compte les caractéristiques techniques de la matière, comme le rétrécissement du tissu après lavage.  Tout ce travail de design et d’écoconception prend du temps évidemment.

Comment parvenir à un coût final d’entrée de gamme?

Arielle souligne que Fashion Green Lab ne fait pas d’économie sur la matière mais plutôt grâce au modélisme de son plan de collection, en jouant avec les différentes tailles et formes des tee-shirts pour limiter les chutes. Celles-ci sont réutilisées pour les étiquettes et les renforts d’épaules. L’atelier s’est doté de logiciels de modélisation en 2D et 3D et réalise l’impression numérique. Il n’y a pas de finition superflue, les détails sont autant esthétiques qu’utiles.

MFT ne travaille pas sur stock. 

Comme le cuisinier avec les légumes du jour, on va produire en fonction de ce qui rentre, des prix, toujours avec des produits respectueux. Il faut s’adapter rapidement, ce qui nous amène à référencer les matières.

Le calcul de l’impact social et environnemental du tee-shirt est en cours, il sera qualifié de façon précise.

 

Impression numérique FGH

Le chiffre clé?

65 ! C’est le nombre de kilomètres entre la Manufacture et le plateau fertile.

 

Et maintenant, c’est le portrait croisé ! Qu’as-tu envie de dire sur la personnalité de ton interlocutrice chez MFT, Karine Blanchot?

Ce que je retiens, c’est sa disponibilité pour répondre à mes nombreuses questions chaque semaine. Quand on aime ce que l’on fait, le dialogue est riche. C’est aussi sa solidarité et sa créativité pour trouver des solutions. Un projet n’est pas un algorithme. Ce sont les contacts humains qui nous font progresser.

Et demain?

Le textile est le langage du territoire. Le maillage est un enjeu : il faut retrouver le sens du dialogue technique et humain entre artisans, artistes, industriels, créateurs. Ce sont ces rencontres qui vont créer les conditions de création artistique et le modèle économique.

Ariane

Prochaine étape du projet : Fashion Green Hub va tester la mutualisation de la distribution. Le top sera proposé en marque blanche, par exemple à des collectivités ou des créateurs qui veulent porter un message, une identité. D’autres dialogues, d’autres partenariats se tissent!

 

La pépite

Je suis une passeuse de liens, une chercheuse de matières, je sens, je touche, je regarde le textile comme un fruit !

Arielle Levy

Vice-présidente , Fashion Green Hub

Sylvie Bourgougnon

Sylvie Bourgougnon

Je cultive un projet d'upcycling dans la Loire, un territoire riche de savoir-faire textiles, de solidarité et de créativité.

La créativité est une bobine qui se déroule à l’infini, tissant des liens colorés entre nous.

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