
L’association Fashion Green Hub lance une capsule de t-shirts responsables
L’association Fashion Green Hub (FGH) est incontournable dans le paysage de la mode responsable. Avec la conviction que l’industrie de la mode doit rapidement changer et bâtir un business model différent, elle fédère plus de 300 membres (entreprises distributeurs et industriels, startups, créateurs, écoles, chercheurs et étudiants) afin de leur permettre de partager et mutualiser leurs savoir-faire, leurs compétences et leur expérience. Elle est à l’initiative d’événements, de groupes de travail et d’un cursus d’accompagnement de porteurs de projets, Fashion Green Business, autour de l’économie circulaire.
Elle a pour ambition de faire bouger cette industrie sur son impact environnemental et social. C’est pourquoi, elle s’engage dans la transformation de la filière par l’action.
Aujourd’hui, elle lance sa première capsule de t-shirts engagés avec l’ambition de transmettre un message fort et percutant. En effet, ces t-shirts éco-conçus localement vous racontent l’histoire de savoir-faire français. Elle est le fruit d’une étroite collaboration entre créatifs, experts et industriels de tout l’écosystème textile du Nord.
La gènese de ce projet
Retour sur la genèse de ce projet avec Arielle Levy. Entrepreneuse, designer et femme engagée, elle est, entre autres, pionnière de la mode responsable dans le Nord. Elle est à l’initiative du label artistique UAMEP1. Elle continue à expérimenter les différentes facettes de l’écoconception au travers de sa ligne de produits manifeste « Une autre mode est possible ». Ceci lui permet de continuer à chercher des matières, concevoir des produits. Mais surtout de dialoguer avec des professionnels de manière concrète, en particulier avec l’atelier de l’association. Elle est surtout membre fondatrice et vice-présidente de Fashion Green Hub. La créativité l’anime et elle aime s’exprimer grâce à la matière et au produit. C’est donc tout naturellement qu’elle est en particulier en charge du pôle créatif Fashion Green Lab (FGL) de FGH.

Arielle Levy
Tout part du constat alarmant que l’on connaît tous
Aujourd’hui, après près de 30 ans d’excès, on mesure les méfaits, comme dans la malbouffe, sur la nature et les humains. Le constat général est qu’on est allés trop loin, on s’est déconnecté du métier, de l’amour de faire du textile.
Une industrie de la mode déconnectée
L’industrie de la mode s’est déconnectée de la société dans laquelle on vit :
- Déconnexion de la matière, à l’exemple du désastre du coton issu de l’agriculture dite « conventionnelle »2;
- Déconnexion de la vision dans l’économie réelle ;
- Dégradation des conditions de travail des gens ;
- Déconnexion du produit au profit d’une lecture de la mode au travers de tableaux Excel.
Il est nécessaire pour une mode durable et responsable d’innover sur toute la chaîne de valeur, de la conception à la mise en vente (matières, design, confection, transports, systèmes de distribution).
D’ailleurs on observe un changement de comportement d’achat des consommateurs. Ils sont en demande de vêtements de meilleure qualité, de transparence et de traçabilité.
Les objectifs de Fashion Green Lab
Fashion Green Lab a pour objectif de :
- Fédérer les créateurs ;
- Créer des outils (e-shop, produits) ;
- Créer un réseau entre créatifs ;
- Préparer à comment distribuer les produits en propre et des créateurs (sous la houlette de Yolande Klaassen).
L’idée de ce projet est née, pendant le confinement du printemps 2020, d’une volonté de ces créatifs d’être démonstrateurs de solutions concrètes vers de nouveaux modèles économiques.
Parce qu’il est primordial de redonner du sens à la consommation. Le t-shirt n’est pas quelque chose d’anodin, il est le symbole de ce que nous avons perdu : le durable, le produit que l’on chérit, que l’on transmet. En faisant du bien et en protégeant la biodiversité et sa santé morale et physique.

Pourquoi le t-shirt ?
Le t-shirt est un basique incontournable, effortless, et est présent dans tous nos placards. Il est comme une seconde peau, il touche tout le monde. C’est le produit le plus consommé avec 630 millions de t-shirts importés en France (chiffres 2018) et le plus polluant. C’est aussi un formidable support créatif pour faire passer des messages forts.
Saviez-vous qu’en moyenne un t-shirt en coton conventionnel nécessite plus d’1kg de matière première (soit environ 30 arbustes et 15m2 de terre), plus de 3000 litres d’eau et une décoloration chimique de la fibre ?
C’est donc comme une évidence que s’impose l’idée d’avoir un t-shirt éco-conçu emblématique à l’image des valeurs inclusives, responsables, bienveillantes et collectives que porte l’association.

Le but :
Faire de ce t-shirt l’ambassadeur d’une mode post-carbone qui rend vers le zéro déchet et qui s’inscrit dans l’économie circulaire.
Au travers de ces t-shirts, l’association souhaite démontrer par l’action qu’une autre façon de concevoir, produire et consommer, le tout localement, est possible.
Le made in France, c’est sérieux : ça a un coût et un style. C’est le cheval de bataille de cette campagne dans laquelle, notre association, engagée pour une mode plus durable, et nos partenaires, nous investissons sans relâche depuis 10 mois.
Le défi :
Concevoir et produire un t-shirt éco-local dans le Nord, dans un rayon de moins de 100km autour de Roubaix. Cela à un prix juste en impliquant tous les acteurs de la chaîne pour recréer de la valeur ajoutée.

C’est avant tout une réflexion sur l’usage : moins mais mieux. Toute la chaîne de valeur (matière, design, industrialisation, formation, optimisation, transparence, transport et distribution) a été passée en revue.
1. La matière
Tout part de la matière. « Malfringue/malbouffe, même combat ». Cela commence en mai 2020 par un dialogue sur la matière avec différents fabricants locaux. Ces derniers travaillent du fil au tricotage du tissu jersey, en particulier avec la Manufacture Française de Textile (à Caudry). L’objectif est d’être en capacité d’être transparents et de tracer la chaîne des tissus utilisés.
La traçabilité 100%, c’est un échange permanent, c’est un échange industriel sur l’usage.
Le choix s’oriente vers la mise en avant de matières naturelles, thermorégulantes et hypoallergéniques : le coton biologique certifié GOTS. Un coup de cœur pour un mélange de viscose recyclée et de lin au toucher souple et doux. Le lin fait à partir de chutes de viscose de l’usine et de lin cultivé dans les Hauts-de-France.
2. La créativité
Ensuite, ce sont ces matières qui guident l’émulation créative collective. Au départ, Arielle souhaitait que ces produits soient réalisés à partir de chutes de matières. Ce qui n’a pas été possible, car ce principe n’était pas modélisable à grande échelle…pour le moment ! En raison du temps qu’il aurait fallu mais possible et idéal pour des petites séries de collections capsules.
Nous n’avons pas dit notre dernier mot pour travailler sur un process industrialisable !
Néanmoins, les différents essais de formes ont été faits sur le principe d’upcycling avec des fin de rouleaux défectueux. En collaboration avec les modélistes et le bureau d’étude dirigé par Frédérique Aplincourt, une attention a été portée à l’éco-conception. Tout cela, en prenant en compte les points de couture, les points durs, le fil de couture en coton. L’atelier a mené un énorme travail d’optimisation de la coupe dans une logique zéro-déchet. Ainsi, les chutes peuvent être utilisées au maximum, notamment pour les étiquettes de marquage et de composition.

Puis c’est Coline de l’Envers du décor qui s’est vue confier la réalisation des illustrations avec l’ambition de transmettre des messages porteurs de sens. Elle s’est mise au service des valeurs de l’association avec virtuosité et un sens de l’humour engagé. Elle a pour cela collaboré avec l’équipe de designers maison pilotée par Arielle.


Les couturier(e)s de l’Atelier Agile à Roubaix
Les membres de l’association ont été impliqués dans le choix des illustrations et messages retenus. Ils ont participé aux essayages afin de s’assurer de l’inclusivité des formes choisies. Aussi, les t-shirts ont été présentés au salon IMPACT à Paris en octobre (le seul salon qui ait été maintenu fin 2020). Le but était de prendre en compte les avis des professionnels et réseau de Fashion Green Hub. Le stand n’a pas désempli.
3. La production
Toute la production sera effectuée par les couturier(e)s de l’Atelier Agile de Fashion Green Hub. L’impression digitale des illustrations se fera « à la demande » selon le choix du consommateur avec des encres éco-responsables.
Afin de limiter l’impact carbone, outre le bénéfice réalisé par une production locale, cette capsule de t-shirts est disponible en précommande uniquement dans de justes quantités : ni surstocks, ni pertes.
4. La distribution
L’emballage des produits reprendra les idées ayant émergées du groupe de travail « zéro plastique ». Pour la livraison, le choix du transport s’est orienté vers des entreprises qui reversent une partie de leurs bénéfices à des associations et, selon les possibilités, des points de collecte seront mis en place. Le sujet transport est un chantier qui sera aussi abordé sur la durée.
Il est temps de retrouver le chemin de nos métiers, en particulier le respect de chaque savoir-faire qui compose un produit aussi simple d’apparence qu’un t-shirt.
La campagne de crowdfunding KissKissBankBank
Cette campagne a pour objectif de soutenir les activités de l’association FGH comme les formations de couturier(e)s et le savoir-faire d’upcycling. Elle permettra d’investir au sein de l’Atelier, de former et de créer de l’emploi. Trouver la façon de faire des t-shirts en France, à l’échelle locale, confectionnés dans des conditions de production équitables, en circuit court et à un prix juste et abordable sera nécessairement un travail collaboratif.
C’est aussi rentrer par le produit pour faire prendre conscience au consommateur de ce qu’il y a derrière du Made in France.


Porter un t-shirt Fashion Green Hub, c’est s’engager en consommant durablement :
- Soutenir la volonté de réindustrialiser une partie de la production textile en France sans refaire des ateliers à l’identique. Avec l’ambition de réduire les coûts là où c’est possible afin de créer de la valeur ajoutée sur la qualité et l’usage.
- Avoir la garantie que chaque acteur de la chaîne de valeur a travaillé dans de bonnes conditions et a été rémunéré justement.
Les contreparties sont sous forme de packs (solo, duo, trio etc) pour que le plus grand nombre de gens puissent s’y retrouver et puissent choisir la taille, la matière et sélectionner leurs illustrations préférées ainsi que leur placement (discret ou assumé). Les t-shirts sont proposés à un prix préférentiel de lancement et 3% des ventes seront reversées au Secours Populaire de Roubaix.
Conclusion
Un projet collaboratif
L’association FGH promeut l’innovation écologique dans la filière mode et habillement, l’effort collectif et des projets collaboratifs vers la transition de celle-ci. En ce sens, elle souhaite être un épicentre et montrer la voie par l’action. Ainsi elle donne l’exemple d’une économie qui se réinvente et se régénère.
Grâce à ce projet, elle montre tout ce qu’il est possible de faire. Elle présente toutes les compétences présentes au sein de l’association. FGH montre tout ce qui peut être mis à disposition des créateurs et des marques à l’Atelier Agile de FGH à Roubaix. Ce projet ouvre des sourcing de matière, des solutions de packaging et marquage zéro déchet qui feront gagner du temps et de la transparence aux consommateurs. Ce projet de t-shirts éco-locaux démontre ce qu’est le « made in France ». Il a fait aussi monter en compétences le bureau d’étude sur le sujet de l’upcycling et la réflexion autour de l’étiquetage (griffe et vignette de composition) des produits. Le but est que tout ce travail mené serve à l’écosystème de FGH et ce, de manière auto-financée. Il a en outre été le prétexte à la formation d’étudiants et à l’embauche de personnes qualifiées.
C’est un cheminement d’amélioration continue. Le t-shirt sera, entre autres, étudié dans le groupe de travail « mesurer la mode ». Il a aussi d’ores et déjà donné naissance à la mise en œuvre d’une tissuthèque éco-responsable au Plateau Fertile à Roubaix. Il ouvre aussi l’idée de proposer ces t-shirts en marque blanche pour les créateurs ou marques qui souhaiteraient s’approprier ces valeurs (détaillants, créateurs, associations, grands groupes, fondations etc).

Les membres fondateurs : Benoît Frys, Arielle Levy, Majdouline Sbai et Annick Jehanne
Remerciements
Les membres fondateurs et dirigeants de l’association, Annick Jehanne, présidente, Majdouline Sbai, Arielle Levy et Benoît Frys, vice-président(e)s de l’association Fashion Green Hub, tiennent à remercier ceux qui ont rendu ce projet collectif réel :
- Le pôle créatif Fashion Green Lab : Anne-Laure Eustache, responsable direction artistique et visuelle, Flavia Redouin Innecco, designer et experte éco-conception, Marine Bingo et Coline Salmon, illustratrices, Frédérique Aplincourt, responsable du pôle production et du bureau d’étude et Elena Drevon, modéliste;
- Le pôle communication : Maria-Angela Bravo, responsable communication et événementiel et son équipe, Clotilde Achille, assistante community manager, Alexandre Grabar, chargé de communication;
- Yolande Klaassen, pilote Fashion Green Room;
- Hernan Ameijeiras, vidéaste;
- L’ensemble des membres de l’atelier de fabrication;
- Et bien sûr Manufacture Française de Textile.
Affichez vos convictions et portez un t-shirt éco-conçu en circuit court et dans un rayon de 65km dans les Hauts de France !
Fashion Green Hub lance sa première campagne de crowdfunding afin de démontrer qu’un t-shirt 100% éco-local au juste prix est possible.
Je remercie Arielle Levy pour cet échange passionné et passionnant.
1 UAMEP : Une Autre Mode Est Possible. C’est un collectif associatif et artistique d’entrepreneurs et de designers textile qui incarnent la mode libre.
2 Le coton issu de l’agriculture conventionnelle qui avec à peine 3% d’utilisation des sols agricoles nécessite une consommation d’eau astronomique. Il demande plus de 3000 litres d’eau pour cultiver 1kg de coton et l’utilisation de pesticides (dont plus de 16% de tous les insecticides utilisés dans le monde). Le coton biologique est produit avec des engrais naturels avec jusqu’à 80% d’eau nécessaire en moins. Il garantit une innocuité pour la santé des habitants aux environs, des producteurs et du consommateur final.

Sophie Guittonneau
Consultante mode et styliste freelance. Direction créative, conception produit et posture de marque.
J’accompagne les marques et porteurs de projet avec une approche systémique pour un design durable et pour leur stratégie.
Je suis portée par ce qui a du sens dans les défis actuels de notre façon de consommer et de produire. Je place l’humain, l’environnement et la recherche esthétique au cœur de mes actions.